REMARQUE
. Tous les articles de ce blog ont été rédigés par moi-même sans emprunt littéral à d'autres auteurs, ils sont le fruit d'une documentation personnelle amassée au cours des ans et présentent ma propre vision des choses. Après tout, mon avis en vaut bien d'autres.
. Toutes les citations de mes articles proviennent de recherches sur les sites gratuits sur Internet



Mon blog étant difficilement trouvable par simple recherche sur internet, voici son adresse : jeanpierrefabricius.blogspot.com

mercredi 23 avril 2014

LA GABEGIE DU SYSTÈME DE SANTÉ FRANÇAIS (9)

8/ QUELLES SOLUTIONS ? 
Si l'on considère les deux types de problèmes qui se posent : le déficit financier et le creusement des inégalités de soin selon son lieux d'habitation (ville/campagne et banlieue) et selon sa fortune (dépassements d'honoraires), le plus important pour moi est le second car toute forme d' inégalité des droits est moralement insoutenable au niveau éthique et contraire aux principes de la déclaration des droits de l'homme.

Pour moi, un principe fondamental doit être mis en application dans tout système démocratique : la liberté individuelle ne peut pas aller à l'encontre de la liberté collective,  notre liberté n'est totale que tant qu'elle ne porte pas atteinte aux libertés des autres : c'est à la Nation, par elle-même ou par ses représentants, qui doit par la loi règlementer les libertés pour qu'elle ne soient ni luxure ni exploitation de l'homme par l'homme dans la perspective de la loi du plus fort.

Si  j'avais un avis à donner sur les déviations du système de santé, voila ce que je proposerais :

La plus importante  réforme du secteur de santé doit être effectuée à l'entrée à l'université.
   - en premier lieu, il convient de repenser le système du numerus clausus en établissant la liste des besoins  estimés dans les dix ans, en tenant compte à la fois du renouvellement des médecins partant en retraite et des déficits prévisibles,
   - ensuite, lors de l'entrée en deuxième année, le futur médecin se verra présenter deux alternatives :
          . Ou il s'engage à ouvrir un cabinet là où on lui dira d'aller selon les besoins, à ne pas pratiquer de dépassements d'honoraires et à s'en remettre aux tarifs prônés par la sécurité sociale : en ce cas, l'Etat paiera ses études dans leur intégralité. Cet engagement sera contractuel, signé pour dix ans.
          . Ou il ne s'engage pas, dans ce second cas, ce sera à lui de payer l'intégralité de ses études, il sortira du cadre réglementaire de la sécurité sociale, pourra pratiquer les honoraires qu'il voudra mais aucun de ses patients ne pourra prétendre à recevoir un quelconque remboursement au delà des tarifs réglementaires.

On pourrait objecter que ce système est impossible à mettre en place : c'est faux ! Il y a en effet des précédents en particulier au niveau des Ecoles Normales d'Instituteurs d'autrefois : l'état prenait en charge non seulement la totalité des dépenses afférents aux frais de scolarité depuis la classes de troisième mais aussi celles de l'Internat : en échange, il fallait signer un engagement de dix ans dans l'Education Nationale. Ce qui était possible pour les instituteurs l'est évidemment aussi pour les médecins, encore faudrait-il casser les divers groupes de pression qui ont tout intérêt à la pérennisation du système actuel.

On peut aussi rétorquer que ce système risque de décourager un grand nombre de vocations. En fait c'est le contraire qui se produira : au lieu d'avoir des médecins soucieux avant tout de leur intérêt personnel, on aura des médecins qui respecteront le serment d'Hippocrate et seront vraiment au service des patients.

Bien entendu, il sera nécessaire qu'une commission de contrôle surveille le bon fonctionnement du système et, si besoin est, d'infliger des pénalités aux médecins qui ne respecterait pas l'engagement pris avec en particulier l'obligation pour les contrevenants de rembourser la totalité des frais payés par la Nation au titre de leur scolarité.

Il conviendra enfin de modifier les études de médecine en les orientant vers une meilleure connaissance des médicaments et en ouvrant l'horizon des étudiants vers les autres médecines ; cependant, je ne me sens pas qualifié à ce niveau pour en juger.

Le problème financier est plus complexe à résoudre non seulement parce qu'il concerne les abus des médecins mais surtout à cause des abus des individus qui estiment n'avoir que des droits et aucun devoir

Je n'ai pas non plus d'avis à ce propos main, conformément à ce que j'ai écrit plus haut, la liberté individuelle ne pouvant aller à l'encontre de la Nation et de sa liberté collective, il est nécessaire que celle-ci agisse contre les abus : les contrôles sont facilités par l'outil informatique et ils devraient permettre de les corriger dans ce qu'ils ont de plus criants.

mardi 22 avril 2014

LA GABEGIE DU SYSTÈME DE SANTÉ FRANÇAIS (8)

7/ À QUI LA FAUTE ?
le NUMERUS CLAUSUS
Pour moi, c'est là l'origine de toutes les déviations constatées. Depuis 1971,  L'état fixe en effet par ce système le nombre de places ouvertes chaque année en deuxième année de médecine. Jusque 1983, il est assez élevé, environ 8000 places par an. Puis il baisse pour atteindre son niveau le plus bas en 1993 ( 3500 places)

C'est seulement depuis 2002 que les gouvernements se sont rendus compte de leur erreur et ont augmenté progressivement le numerus clausus comme le montre le premier tableau ci dessous.
Cependant, il faut compter avec le temps nécessaire nécessaire aux études des étudiants qui sont rentrés en deuxième année. En conséquence, selon la courbe présentée, le nombre de médecins n'augmentera qu'à partir de 2020

Ainsi, c'est une décision de l'Etat qui explique la pénurie de médecins actuellement,

Le but de l'Etat était évidemment de faire des économies au niveau des coûts de l'université, c'était une politique à courte vue et on en voit actuellement les effets désastreux :
     . le renouvellement des médecins partant en retraite n'est plus assuré, les médecins sortant de l'université et qui n'effectuent pas des études complémentaires au titre des spécialités, ont largement le choix du lieu de leur installation, ils privilégient les zones attractives et délaissent complètement les régions qu'ils considèrent comme défavorisées.
     . Le nombre de spécialistes baisse évidemment de la même manière avec, en conséquence, des délais de plus en plus longs entre la prise de rendez-vous et la consultation.
     . Enfin, devenus indispensables du fait de leur rareté, les médecins se sont crus autorisés à toutes les libertés au niveau de leur tarif ( dépassement d'honoraires, dessous de table)

LES PALLIATIFS
comme toujours, sans politique à long terme, l'Etat n'a fait que pallier au plus pressé. Une des méthodes employée fut de faciliter l'arrivée des médecins étrangers.

En voici quelques exemples qui me concernent directement :
   . Le médecin acupuncteur qui me soigne est vietnamien, il pratique les tarifs de la sécurité sociale alors que presque tous les autres acupuncteurs demandent des dépassements d'honoraires, certains même sont hors convention avec donc aucun remboursement.
   . Les deux derniers cardiologues que j'ai consultés sont syrien pour l'un et roumaine pour l'autre.
   . Le centre thermal dans lequel je me rends tous les ans n'emploie que des kinésithérapeutes venus du Portugal ou d'Espagne qui ne parlent qu'à peine le français, ce qui n'est guère commode pour les curistes. L'explication m'a été fournie par une des responsables des thermes : " quel kiné français accepterait de travailler toute la journée dans l'eau thermale lors de ses massages pour les honoraires (réglementaires) que nous leur versons ? "

Je suis tout à fait satisfait de consulter ces médecins étrangers, ils bien formés, compétents et s'occupent bien de leurs patients. Pourtant la solution qui consiste à employer des étrangers est honteuse à au moins deux points de vue :
   . Ces médecins font leurs études dans leur propre pays, ce qui fait qu'ils arrivent diplômés en poche, sans que cela coûte à la France ; heureusement pour eux, la plupart ne restent que quelques années en France, le temps de gagner assez d'argent pour retourner dans leur pays et d'y ouvrir un cabinet, c'est par exemple ce que fit la cardiologue roumaine dont j'ai parlé ci-dessus.
   . À une époque, où le racisme est devenu mode de pensée quasi-dominant, de telles pratiques ne semblent choquer personne, certains appellent cela " immigration positive" : on attire les diplômés des pays étrangers alors que ceux-ci seraient plus utiles dans leur propre pays qu'ici ; par contre, cela ne gène personne que l'on renvoie chez eux tous les autres étrangers  !

lundi 21 avril 2014

LA GABEGIE DU SYSTÈME DE SANTÉ FRANÇAIS (7)

6/ DÉPASSEMENT D'HONORAIRES ET DESSOUS DE TABLE
Mon argumentation se fondera ici sur deux cas authentiques :

Monsieur I... voyant de moins en moins clair avec ses lunettes, se décide à prendre un rendez-vous auprès d'un ophtalmologue. Il s'adresse au centre de santé de sa mutuelle et obtient ce rendez-vous dans six mois.

Monsieur I.. s'étonne d'un délai aussi important. Il lui est répondu qu'il est très difficile de trouver un ophtalmologue qui accepte de venir au centre mutuel et qu'il est probable que d'ici peu, le service sera fermé faute de renouvellement de ces spécialistes. Dans ce centre de santé, le patient ne paie pas sa consultation, c'est la mutuelle qui règle directement le médecin.

Monsieur I.. décide alors de téléphoner à un ophtalmologue privé : la secrétaire lui propose un rendez-vous dans les dix jours qui suivent mais elle précise que le médecin pratique un important dépassement d'honoraires. Au vu de cette situation, Monsieur I.. téléphone à d'autres ophtalmologues qui tous, à des degrés divers, annoncent des dépassements d'honoraires.

Monsieur I..., finalement, confirme son rendez-vous auprès de sa mutuelle, il attendra donc six mois pour avoir ses nouvelles lunettes...

Cette situation est moralement insoutenable et humainement intolérable à trois points de vue au moins :

D'abord, elle établit un régime de santé à deux vitesses : d'un côté, il y a ceux qui ont les moyens de payer les dépassements d'honoraires et qui seront soignés presque immédiatement et de l'autre ceux qui n'auront pas les moyens de payer et qui devront, soit attendre des délais de plus en plus longs au fur et à mesure que les spécialistes changeront de statut et opteront pour les honoraires libres, soit de n'avoir d'autres choix que d'aller se faire soigner à l'hôpital.

Cette situation est totalement contraire à ma conception de l'égalité des droits : on laisse bafouer les droits de l'homme de manière éhontée, mieux même, on reconnaît aux médecins le droit de pratiquer les dépassements d'honoraires. La conséquence est très grave : beaucoup de gens ne se font plus soigner, ils ne changent plus leurs lunettes, ne vont plus effectuer des visites de contrôle chez le dentiste : lentement mais sûrement, la qualité des services de santé décline surtout au niveau des soins aux plus pauvres. Tout le monde en subit les conséquences sans que personne n'ose se révolter !

En deuxième lieu, ces dépassements d'honoraires sont totalement contraire au serment d'Hippocrate juré par tous les médecins après leur réception en tant que médecin : voici à cet égard un extrait révélateur

" Au moment d’être admis(e) à exercer la médecine, je promets et je jure d’être fidèle aux lois de l’honneur et de la probité.... Je respecterai toutes les personnes, leur autonomie et leur volonté, sans aucune discrimination selon leur état ou leurs convictions. .. Je donnerai mes soins à l’indigent et à quiconque me les demandera. Je ne me laisserai pas influencer par la soif du gain ou la recherche de la gloire... "

Où est le soin à l'indigent dans de telles conditions ? À cet égard la conclusion du serment d'Hippocrate est révélatrice : " Que les hommes et mes confrères m’accordent leur estime si je suis fidèle à mes promesses ; que je sois déshonoré(e) et méprisé(e) si j’y manque." : mépriser, c'est ce que je fais ! : tous ces médecins ont oublié le service du malade pour se mettre au service de leur profit personnel !

Enfin, la généralisation des dépassements d'honoraires conduisent à faire disparaître les centres de santé gérés par les mutuelles, non à cause de difficultés financières mais par le fait qu'on ne trouve plus de médecins pour y effectuer des soins : dans le centre de santé que je fréquentais ont disparu de ce fait la radiographie, l'échographie, la cardiologie, l'ortho-rhino-laryngologie, l'acupuncture, l'homéopathie...il y a encore quelques spécialiste mais ils n'effectuent qu'un examen sommaire au centre de santé ( "je n'ai pas le matériel ici" disent-ils) et s'empressent de vous inviter à des examens complémentaires dans leurs cabinets mais avec des ... dépassements d'honoraires !

Le deuxième cas est celui de M J... Il doit se faire opérer d'une hernie apparue à l'aine du côté gauche. Le chirurgien demande un " dessous de table" conséquent, condition sine qua non avant toute intervention ; après celle-ci, M J.. se réveille et constate qu'il a un pansement important à l'aine gauche mais aussi à l'aine droite. Affolé et imaginant que le chirurgien lui a trouvé une maladie grave, il fait appeler le chirurgien. Celui-ci lui indique qu'il s'est trompé de côté ! : " j'étais fatigué et je n'ai pas fait attention" ajoute t'il en guise d'excuse !

On croit rêver ! une telle irresponsabilité est criminelle. Quand on pense que l'on confie nos vies à de tels individus!

Lors de la visite de contrôle, M J.. a demandé au chirurgien qui se confondait en excuses, si le "dessous de table" se justifiait ; le chirurgien répondit que non et rendit son chèque à M J..

La pratique des " dessous de table" est encore plus scandaleuse que les dépassements d'honoraires puisqu'ils ne sont évidemment pas déclarés au fisc : encore une fois, le serment d'Hippocrate est bafoué de la manière la plus vile qui soit,

Si on considère tout ce que je viens de décrire, on peut que constater que le système de santé est tombé bien bas et surtout qu'il crée un système doublement inégalitaire, indigne de la patrie des droits de l'homme et du citoyen.
     . Inégalité géographique avec surabondance d'offre de santé dans les zones favorisées et désert médicaux en campagne et dans les banlieues défavorisées.
     . Inégalité face au droit à la santé avec une médecine pour les riches qui paient les dépassements d'honoraires et une médecine de plus en plus problématique pour les autres.

Il reste à se poser deux questions :
   . À qui la faute ?
   . Comment peut-on s'en sortir ?

dimanche 20 avril 2014

LA GABEGIE DU SYSTÈME DE SANTÉ FRANÇAIS (6)

4/ LA DÉSERTIFICATION MÉDICALE
Notre bourg comporte 1500 habitants et dessert une zone rurale étendue comportant un peu plus de 4600 habitants, ce qui représente 6100 habitants. Il y avait autrefois 6 médecins dans le bourg dont un dans le village voisin, deux d'entre eux ont pris leur retraite, un autre est mort, il n'en reste donc que trois auquel s'ajoute un médecin remplaçant et un médecin nouvellement installé dans un village.  Cela représente un médecin pour 1220 habitants alors que la moyenne française est de 1 médecin pour 306 habitants. Cela nous place notre région rurale au niveau de la Malaisie et du Pakistan.

En conséquence, ces médecins ont une clientèle telle que, si l'on n'a pas de rendez-vous, il n'est pas rare d'attendre pendant deux heures pour une consultation ! Bien entendu, dans le secteur, il n'y a aucun spécialiste, aucun cabinet de radiologie, aucun cabinet d'analyses médicales, les médecins se chargent d'effectuer eux-mêmes les prises de sang. Pour tout examen ou consultation de spécialistes, il faut se rendre dans la ville la plus proche distante de 30 km, ce qui oblige, dans le cas de graves maladies, d'user systématiquement d'ambulances,

À ces médecins s'ajoutent trois dentistes, plusieurs cabinets de Kinésithérapie et d'infirmières

Alors qu'à la campagne ainsi que dans les banlieues défavorisées des villes se développe un désert médical, les  cabinets médicaux  prolifèrent dans les zones de climat agréable et touristique (Alpes, côte d'Azur) et en ville et en particulier dans les quartiers chics où l'on peut se retrouver en bonne compagnie au milieu de ses semblables dans une société bourgeoise où le clinquant et le tape à l'oeil servent de culture. Sans doute que les gens de la campagne sont ressentis comme infréquentables et inintéressants !

5/ Les MAISONS MÉDICALES 
Pour pallier à cette situation, la collectivité locale a pris la décision de construire une maison médicale. En voici ci-dessous le projet :

Chaque médecin qui le souhaitera pourra disposer d'un cabinet personnel. Il devra certes payer un loyer sans doute minime, mais il n'aura aucun effort à accomplir pour s'installer, ni rechercher la clientèle : la collectivité locale suppléera à toutes ces tâches ennuyeuses et se chargera même d'équiper. de nettoyer et d'entretenir les locaux.

On ne peut que louer cette initiative sauf que, comme toujours, c'est le contribuable qui va payer, par ses impôts locaux, la construction et l'entretien de cette maison médicale.

Ainsi, le citoyen, non seulement cotise pour assurer des recettes à la sécurité sociale, paie des impôts pour financer son déficit, paie de plus en plus cher sa mutuelle au fur et à mesure que la sécurité sociale diminue ses remboursements, mais en plus il devra payer pour la construction et l'entretien de la maison médicale... " une véritable vache à lait" dirait Madame Jourdain !

Pourtant la " vache à lait"  devra encore payer puisque se développe la hideuse pratique des dépassements d'honoraires.

LA GABEGIE DU SYSTEME DE SANTÉ FRANÇAIS (5)

3/ Le MÉDECIN TRAITANT (suite)
Monsieur G... ayant plus de 50 ans, reçoit une lettre lui expliquant l'intérêt d'effectuer un dépistage dit colorectal avec analyse des selles afin de détecter un éventuel cancer du colon : la procédure est clairement expliquée : il doit se rendre chez son médecin traitant qui lui indiquera comment faire ce dépistage et lui donnera le matériel nécessaire. 

Monsieur G... n'ayant pas l'intention de se rendre chez son médecin traitant vu qu'il est en bonne santé, téléphone au service de dépistage et demande qu'on lui envoie le matériel annoncé. Il lui est répondu que ce ne serait possible qu'à la troisième relance. Monsieur G... expliqua que ce système était absurde puisqu'il amenait à une visite médicale inutile, mais rien n'y fit.

Monsieur G ... décida de jouer le jeu, il prit rendez-vous auprès d'un médecin de son centre médical  qui lui donna le matériel après y avoir apposé son tampon, expliqua la marche à suivre, la manière de recueillir les excréments, d'y faire les prélèvements avec la spatule, de bien les étaler,  de laisser sécher le tout ....

 De retour chez lui, M G.. effectua une recherche sur Internet et comprit alors pourquoi on insistait tant pour que les clients passent par le médecin : ce dernier est en effet payé au prorata du nombre de matériel distribué, c'est pour cela qu'il y apposa avec soin  son tampon ! 

De tels procédés sont lamentables à deux points de vue : 
   . Le citoyen est pris pour un débile puisqu'il faut lui expliquer comment étaler des excréments sur un carton
   . La sécurité sociale débourse inutilement une visite et une prestation versée au médecin traitant ! 
Comme gâchis on ne fait pas mieux ! 

Madame H... se rend chez son médecin traitant pour un renouvellement de médicament, voici le dialogue qui m'a été rapporté entre Madame H et son médecin :
   - Qu'est-ce qui vous amène ? 
   - Je n'ai plus de médicaments. 
   - je vais vous ausculter. 
Suit alors les examens habituels, prise de tension, nombre de pulsations cardiaques,  écoute de la respiration ...
   - Vous avez un peu de tension, Quel médicament prenez-vous habituellement
Madame H.. donne la liste des médicaments que le médecin lui a prescrit sur la précédente ordonnance.
  - avez-vous eu des effets indésirables ? 
  - pas spécialement.  
  - je vous renouvelle vos médicaments pour trois mois. Est ce que vous avez besoin d'autre chose ? 
  - non. 
La consultation se termine ainsi, 

On croit rêver ! 
   . Le médecin traitant qui devrait effectuer un suivi médical ne sait même pas quel médicament elle a prescrit à Madame H.. Elle n'a pas de dossier sur son cas car elle ne prend jamais de notes sur ses patients, 
   . Une fois un médicament prescrit, il le sera à chaque consultation de renouvellement, même s'il n'a pas les effets désirés, même s'il existe des nouvelles molécules qui pourraient sembler plus performantes pour la patiente. 
   . La dernière phrase :  " Est-ce que vous avez besoin d'autre chose" me laisse pantois : le boulanger ou l'épicier dit exactement la même chose. Ce type de question s'applique à un boutiquier, pas à un médecin ! 

Il faut dire à la décharge de ce médecin qu'il a une trop importante clientèle et qu'il n'a matériellement pas le temps de s'occuper vraiment des gens sauf en cas de très grave maladie, c'est à ce moment seulement  qu'il est capable de décisions immédiates et efficaces. 

vendredi 18 avril 2014

LA GABEGIE DU SYSTEME DE SANTÉ FRANÇAIS (4)

3/ Le MÉDECIN TRAITANT
L'IDEE DE BASE était pourtant excellente : chaque individu devait se trouver un médecin traitant, qui deviendrait un référent en matière de santé et par qui il faudrait passer pour toute décision à vocation médicale.

Le but était triple :
   . Lutter contre l' abus des consultations multiples effectuées par une même personne à la recherche d'un médecin qui la comprendrait,
   . Empêcher les consultations directes de spécialistes,
   . Permettre à chacun de disposer d'un interlocuteur unique, connaissant bien le malade, capable de faire la différence entre maladie réelle et ressenti et d'effectuer un suivi objectif et constructif.

Dans cette perspective, le médecin traitant reçoit les malades en consultation : si les maux sont bénins, il formule directement le diagnostic, sinon, il peut envoyer le malade faire des examens complémentaires, consulter un spécialiste, effectuer un séjour à l'hôpital... Il recevra systématiquement les compte-rendus des divers intervenants et pourra, au moyen de ces informations, de ses propres observations et de sa connaissance personnelle du malade formuler un diagnostic construit, éclairé et cohérent.

LES MULTIPLES VOIES DE DÉTOURNEMENT DES BEAUX PRINCIPES
pour mieux mesurer les abus nouveaux consécutifs à la mise en place du système du médecin traitant, je partirai de quelques cas véritables qui feront suite à ceux précédemment décrits.

Monsieur F.. se rend chez son médecin traitant, car il ressent des "palpitations" cardiaques. Les battements de son cœur sont par moment irréguliers, ce qui l'angoisse fortement. Le médecin traitant effectue son auscultation, prend le pouls, écoute la respiration et mesure le rythme cardiaque. Il conclut ainsi : " il faut que vous alliez voir un cardiologue, je vous rédige une lettre à son intention"

Le patient prend rendez-vous, donne le précieux sésame qui lui permet de le faire, rencontre une première fois le cardiologue qui, après un électrocardiogramme , lui indique qu'il a besoin d'examens complémentaires : " revenez le ...  à... heures, on vous posera un appareil appelé "holter" destiné à mesurer votre rythme cardiaque sur 24h"

Le patient se rend une deuxième fois au cabinet de cardiologie, se fait poser l'appareil ;  le lendemain, pour la troisième fois, il se rend à nouveau auprès du cardiologue qui lui fait le bilan des examens effectués et conclut : " ce n'est pas très grave ! Je vais vous donner une lettre à l'attention de votre médecin traitant, c'est lui qui effectuera la prescription"

Avec la lettre soigneusement cachetée que lui a donné le cardiologue, M E.. se rend chez le médecin traitant, qui prescrira le médicament recommandé par le cardiologue.

En tout, cela fait cinq visites à prendre en charge par la sécurité sociale avec un laps de temps d'au moins cinq semaines !

Quel enseignement tirer de ce premier exemple ?

Le système paraît à première vue absurde, puisqu'il augmente le nombre de visites : autrefois,
     .  soit le médecin de famille aurait donné au malade ce qu'il fallait pour réguler son rythme cardiaque, quitte à lui préconiser, en cas de persistance du mal, une visite complémentaire dans un cabinet de cardiologie
     . Soit le malade aurait pris directement rendez-vous avec le cardiologue,
Dans les deux cas, la Sécurité Sociale aurait fait l'économie d'une ou plusieurs visites à rembourser.
À cet égard, l'absurdité et l'inutilité de la dernière visite paraît, à première vue, évidente.

Pourtant, si on se place du côté des médecins, l'absurdité n'apparaît plus :
     . Le médecin traitant se refuse désormais à endosser une quelconque responsabilité dans la formulation du diagnostic, en cas du plus léger doute, il envoie le patient chez le spécialiste.
     . Le spécialiste ne prend pas de responsabilité, il effectue des examens et transmet au médecin traitant le résultats de ces examens ainsi que ses recommandations.
     . C'est au vu de cela que le médecin traitant rédige l'ordonnance finale.

Cette dilution de la responsabilité trouve son explication quand se pose un problème d'erreur de diagnostic.
     . Le médecin traitant aura beau jeu de dire : "je ne suis pas responsable, je me suis contenté de prescrire ce que le spécialiste a demandé"
     . Le spécialiste rétorquera : " je n'ai fais que donner un avis sur le malade, c'est le médecin qui a rédigé la feuille d'ordonnance et qui l'a signée ; il en est donc responsable ! "

Ainsi, personne n'assumant sa responsabilité, le malheureux malade en sera pour ses frais !

jeudi 17 avril 2014

LA GABEGIE DU SYSTÈME DE SANTÉ FRANÇAIS (3)

2/ L'IRRESPONSABILITE DES PATIENTS
 Les  patients  se rendent également responsables de multiples abus. Si un individu se rend chez un médecin, c'est qu'il s'estime malade. Tout dépend alors de la conception que l'on a de la maladie :
   . Certains se déclarent malades à la moindre anicroche ou douleur, ils s'épient sans cesse, s'angoissant au moindre problème et s'abandonnent facilement au pessimisme, pensant être gravement atteint,
   . D'autres résistent facilement à la souffrance, prétendent que le mental leur permet de tenir le coup et que "demain ça ira mieux"

Dans ces conditions, le médecin doit empiriquement déterminer, dans le temps très court que dure la consultation, la part des choses entre le réel et le ressenti :
     . Il s'efforce de comprendre les symptômes souvent formulés de façon très vague : " je me sens fatigué, j'ai mal partout, je ne me sens pas bien, j'ai mal au dos, au ventre, à la tête... "
     . Il effectue une auscultation sommaire pour essayer de formuler un diagnostic,
     . Ensuite, il concrétisera son diagnostic en demandant d'autres examens ou en établissant une ordonnance qui tentera de remédier aux maux exprimés en tenant compte le moins possible du ressenti et le plus possible du réel.

Voici un exemple authentique de comportement déviant d'une patiente : Mme D... s'épie constamment, se trouve de multiples maux ou bizarreries corporelles, amplifie son anomalie par son imagination quasi-morbide, traduit son mal-être par le mot cancer et se voit à l'article de la mort. Le récit date d'une époque antérieure à l'instauration du " médecin traitant"

Dans un premier temps elle se rend chez un médecin et lui fait part de ses constats de santé. Le médecin tente de la rassurer en lui disant que ce n'est rien, il lui prescrit un " médicament de confort" pour calmer ses angoisses.

La personne ressort de chez le médecin aucunement soulagée et  très mécontente : " il a l'air de dire que je n'ai rien ! Il ne me croit pas, Je ne suis pas folle, je me connais et quand je dis que le suis malade, c'est que je le suis réellement, c'est quand même moi qui ressent les douleurs, pas lui, " la conclusion est simple : le médecin est un mauvais médecin !

Fort de ce constat, la personne se rend chez un autre médecin. Il va faire ce qu'il faut pour que la personne soit prise en main :
   . Il lui donne une liste impressionnante de médicaments, les uns pour guérir les maux constatés ou supposés, les autres pour calmer les effets indésirables des premiers, les troisième à la demande de sa patiente (" tant que j'y suis pourriez vous le donner des médicaments pour calmer ..." )
   . Il va envoyer sa patiente effectuer des examens complémentaires et prend pour elle rendez-vous chez un spécialiste.
 Tout cela, bien sûr payé par la sécurité sociale !

La personne ressort contente de cette consultation, sa maladie a été reconnue et elle est en bonne main !
Les spécialistes consultés ne diagnostiqueront aucune maladie, elle a actuellement plus de 80 ans est est en pleine forme !

Lorsque je me rends dans une pharmacie, je suis effaré par la quantité de médicaments que les gens achètent à la pharmacie, ils en remplissent presque des paniers : il y a ceux que le médecin a prescrit, ceux que le patient lui a fait rajouter sur l'ordonnance, et ceux que l'on va acheter directement à la pharmacie, c'est à tel point que parfois le pharmacien dissuade les personnes de prendre en même temps tel médicament prescrit et tel autre acheté en libre service !

Voici un autre cas lamentablement scandaleux : Mme E..,lorsqu'elle se rend chez le médecin, lui fait rajouter régulièrement des médicaments. Elle m'avoua que certains de ces médicaments n'étaient pas pour elle mais pour son chien : " lorsque je vais faire soigner mon chien chez le vétérinaire, il faut que je paie les médicaments, si je les demande à mon médecin, je suis remboursée ! " ce cas authentique se passe de commentaires...

Comme pour les accidents de travail, l'exemple de cette personne n'est sans doute pas à généraliser. La défiance envers les médicaments s'est développée, beaucoup ressentent le besoin de limiter leur consommation, d'autres utilisent de plus en plus les médecines alternatives et ne s'en portent pas plus mal. Cependant, selon ce que j'ai pu observer, il reste encore beaucoup de personnes qui, s'ils n'obtiennent pas une longue liste de médicaments s'estiment mal soignés.

Pour limiter ces abus, le gouvernement a instauré le système du " médecin traitant" en ce qui me concerne, je considère que ce système a été largement détourné de son but, les abus sont tout aussi conséquents mais ils ont changé de bénéficiaires.

mercredi 16 avril 2014

LA GABEGIE DU SYSTÈME DE SANTÉ FRANÇAIS (2)

1. LES ARRÊTS DE TRAVAIL INDUS
je citerai ici trois exemples réels mais datant d'une quinzaine d'années, de ces arrêts indus de travail.

Monsieur A est un agent de service d'une administration. Son chef de service lui fit un reproche sur  la manière désinvolte et bâclée dont il accomplissait son travail. Bien entendu, cet agent n'accepta pas ce reproche, (1), il n'imaginait même pas qu'il pouvait être en tort, qu'il devait remettre en cause sa manière de travailler et répondit alors : " puisque c'est comme cela, je vais prendre une feuille ! " , dans son langage, cela voulait dire "je me mettrai en arrêt-maladie". Il obtint cet arrêt par son médecin et fut absent pendant huit jours, le chef de service fut alors amené à partager le travail de cet agent entre tous les autres !

Monsieur B est également un agent de service d'une administration, il était fréquemment malade et prenait régulièrement des arrêts de travail, ce qui conduisait à chaque fois le chef de service à partager le travail entre ses collègues ; ceux-ci étaient certes mécontents mais, par une solidarité mal placée, ils ne divulguèrent  jamais la raison de ces arrêts de travail à répétition. Ce n'est que bien plus tard que l'on apprit la vérité : cet agent construisait sa maison et, lors de ses arrêts de travail, travaillait à cette construction ! Quelques uns de ses collègues passaient devant sa maison au retour de leur travail, il les hélait joyeusement tout content de s'être payé la tête de son administration.

Monsieur C.. est cuisinier dans un collège ; sitôt le premier jour des vacances scolaires, il s'était inscrit pour faire la cuisine dans une colonie de vacances au bord de la mer. Or, tout agent de service doit effectuer une période de permanence afin de remettre en ordre les locaux. Le cuisinier se fit établit un arrêt de travail pour le temps de cette permanence puis partit au bord de la mer comme si de rien n'était. Ses collègues excédés le dénoncèrent à la gestionnaire du collège. Pour une fois, tout se passa très vite, l'agent délictueux fut contrôlé et écopa d'un blâme.

Comment de tels errements frauduleux sont-ils possibles ? C'est très simple et s'organise en deux ou trois étapes selon les cas :
   . D'abord, il faut trouver une maladie que le médecin généraliste ait du mal à vérifier : stress, dépression, grande fatigue, mal de dos, de tête...vue brouillée, impression de tourner...
   . Ensuite, il faut trouver un médecin pas trop regardant sur les arrêts de travail qui acceptera de donner un congé,
   . Si le premier médecin consulté n'entre pas dans ce jeu, on va en voir un autre...
Il paraît que de jeunes médecins nouvellement installés n'étaient que très peu regardant sur ces arrêts maladies afin de se constituer une clientèle !

Ces excès existent toujours malgré la création du système du médecin traitant et la mise en place de contrôles statistiques sur les arrêts de travail délivrés par les médecins ; cependant, le seul remède efficace serait de faire effectuer une contre-visite systématique de chacun, cela n'est pas possible, faute de moyens.

Pour moi, les arrêts de travail que j'ai cités en exemple sont un véritable scandale d'abord parce qu'ils sont malhonnêtes, ensuite parce que c'est la collectivité qui paie, enfin du fait que de tels arrêts conduisent, faute de remplacement possible du pseudo-malade, à augmenter les tâches de ses collègues.

Loin de moi l'idée de dénoncer ici les arrêts de travail : comme toujours la vérité est nuancée ; selon ma propre expérience, il existe trois catégories d'individus :
   . Les uns ne s'arrêtent jamais, même s'il sont malades, ont de la fièvre ou ressentent des douleurs importantes, ils prennent des antalgiques et partent travailler. J'ai souvent entendu des gens dire : " le médecin voulait m'arrêter mais je n'ai pas voulu car, actuellement j'ai beaucoup trop à faire. "
   . Les autres, s'ils sont malades, vont voir le médecin et s'en remettent à lui pour décider si leurs maux doivent être assortis d'un arrêt de travail,
   . Enfin, une troisième catégorie comprend ceux qui pervertissent le système en s'arrêtant indûment sans motif médical valable.

Faute de statistiques sur la répartition entre ces trois catégories, il est impossible de savoir l'importance de ces abus ni comment ils évoluent ; une chose est sûre en ce qui me concerne, il ne faut pas longtemps pour savoir au sein d'un personnel ceux qui ressortent de chaque catégorie, 1/3 de chaque selon l'expérience que j'ai pu en avoir.

(1) comme la quasi-totalité des français qui estiment avoir toujours raison, pensent que s'il y a problème c'est la faute des autres et n'acceptent jamais de se remettre en question à l'image de cet homme qui est accusé d'avoir violé une jeune femme et qui rétorque, "je n'y suis pour rien, c'est elle qui m'a poussé à le faire par son attitude provocante !"

mardi 15 avril 2014

LA GABEGIE DU SYSTÈME DE SANTÉ FRANÇAIS (1)

On entend souvent dire que le système de santé français est le meilleur du monde, c'est sans doute vrai mais c'est aussi celui où la gabegie et l'irresponsabilité atteignent des sommets. 

Ce système est né d'une belle idée qui s'est concrétisée en 1945 avec l'institutionnalisation de la sécurité sociale par le gouvernement provisoire dirigé par le Général de Gaulle :  au nom de la fraternité entre les citoyens, il faut que chacun cotise au moyen d'une somme retenue sur son salaire pour venir en aide à ceux qui sont malades et handicapés : tant qu'on est valide et bien portant, on verse son écot pour ceux qui sont dans l'incapacité de travailler ; quand on est à son tour malade, on est pris en charge par le système social.

A cette belle idée s'en ajoute une autre : pour que la sécurité sociale soit équitablement repartie sur tous, les prélèvements sont effectués sur la base d'un pourcentage sur les salaires en sorte que celui qui gagne beaucoup cotise beaucoup. De même, les patrons doivent cotiser pour leurs employés au pro-rata de ce qu'ils gagnent.

La sécurité sociale, rappelons-le comporte quatre volets complémentaires  :
   . La branche maladie : l'assurance maladie,
   . La branche famille dont les allocations familiales,
   . La branche accident du travail et maladies professionnelles,
   . L'assurance vieillesse (retraite et veuvage)
Rappelons aussi que l'assurance chômage créée en 1958 est indépendante de la sécurité sociale
 Dans ce qui va suivre, je parlerai essentiellement de l'assurance maladie.

En ce qui concerne cette dernière, plusieurs caractéristiques sont à noter :
     .  elle ne concerne primitivement que les salariés et les retraités, cependant, le chef de famille qui travaille cotise pour toute sa famille, femme au foyer et enfants mineurs. Cette restriction a disparu totalement avec la création du CMU qui s'applique à tous, salariés ou non, au nom du concept de solidarité.
     . Les actes médicaux, tout comme les soins et médicaments étaient remboursés à hauteur de 80%, ce qui conduisit nombre de gens à souscrire une assurance complémentaire pour obtenir de meilleurs remboursements. Seules les maladies nécessitant des soins constants sur une longue durée pouvaient être pris en charge à 100%.
     . Le malade devait avancer le prix des soins et se faisait rembourser ensuite, cette formule qui permettait à chacun de mesurer les coûts occasionnés par sa santé dans un souci de responsabilisation, a été modifié par le système du tiers-payant.
     . Les remboursements intervenaient de plusieurs manières :
           - au niveau des soins médicaux, consultation chez un médecin, médicaments, analyses...
           - avec la prise en charge des soins lors d'hospitalisation, de séjours en maison de repos, de cures en sanatorium...
           - au niveau des arrêts de travail....

Pendant les premières années de la mise en place de la sécurité sociale, le système fonctionna convenablement. On sortait de l'occupation et le pays était à reconstruire matériellement et moralement. les gens savaient qu'il fallait faire encore des sacrifices pour cela. Surtout, ils mesuraient à leur juste titre les progrès réalisés par les mesures prises par le gouvernement du Général De Gaulle et par ceux qui suivirent. En outre, le chômage était peu important tant il y avait à faire.

La situation se dégrada peu à peu du fait de facteurs convergents :
   . L'allongement de la vie due à la fois aux progrès médicaux et à la hausse du niveau de vie. Cela conduisit à une augmentation des dépenses de santé qui suivit l'accroissement du nombre de seniors.
    . La hausse du chômage due à la mondialisation et aux délocalisations effectuées par des sociétés industrielles avides de profits qui fermèrent leurs usines en France pour se réinstaller dans des pays où les salaires et les charges sont moindres que dans leur pays. Or plus le chômage s'accroît, moins il y a de salariés pour cotiser à la sécurité sociale
   . L'avidité de tous ceux qui vivent et profitent su système et qui se partagent la manne : toute la chaîne allant de la production de médicaments et d'outils médicaux (laboratoire pharmaceutiques) à la recherche et aux professionnels de santé fut concernée.
   . L'oubli des généreux principes qui avaient présidé à la création de la sécurité sociale avec la montée de l'individualisme : les patients se mirent à abuser du système sans se rendre compte que c'était au détriment de la société et de tous ceux qui cotisaient au nom de la solidarité. Celle-ci se mua alors en une généralisation de l'irresponsabilité.

Ce sont ces abus qui feront l'objet des prochaines articles

La gabegie s'installa partout conduisant à des dépenses démesurées tandis que parallèlement les recettes fondaient à vu d'oeil. Le déficit s'installa devenant peu à peu un " trou" abyssal, d'autant que toutes les autres branches de la Sécurité sociale se mirent à accuser des déficits de plus en plus conséquents.      

L'Etat, au lieu de s'attaquer aux vrais problèmes, ne prit que des mesures qui ne résolurent rien mais permirent de retarder le moment où il faudra prendre des mesures si impopulaires qu'elle risqueront de faire perdre les élections au gouvernement qui oserait les mettre en œuvre.
     . On décida de faire contrôler les comptes de la Sécurité sociale par le pouvoir législatif et de faire supporter le déficit par la Nation en l'incluant dans le budget du pays : ainsi, le citoyen finança le système non seulement par ses cotisations mais aussi par ses impôts.
    . On diminua les taux de remboursement qui passèrent à 65%, le reste étant payé par les mutuelles qui durent augmenter leurs tarifs. puis on établit un forfait non remboursable pour chaque prestation et à la charge des gens.
    . On augmenta le temps de cotisation des salariés,
    . On tenta de réprimer les innombrables abus par des contrôles plus stricts mais pour réussir, il aurait fallu lutter à la fois contre de puissants groupes de pression (les lobbys) qui continuent sans vergogne à mettre en coupe réglée le système et contre les abus des individus qui estiment que tout leur est dû.

Ces abus, je les constate quotidiennement et je voudrais, dans les articles qui vont suivre, les dénoncer en me servant de cas réels et authentiques que j'ai rencontrés.

lundi 14 avril 2014

PRINCEPS ET GÉNÉRIQUES (12) : conclusion (fin)

DES LUEURS D'ESPOIR ?
Peut-on espérer que la situation s'améliore tant au niveau du dualisme générique/princeps qu'à celui des médicaments en général ?

Bien entendu ! Et cela pour de nombreuses raisons :

   D'abord parce que la recherche médicale progresse très vite depuis le déchiffrage de nombre de protéines puis génome humain, il est probable que l'on comprendra bientôt les  interactions des principes actifs sur l'organisme.

   Ensuite, parce que des contrôles croissants seront mis en place si la pratique du tiers-payant est effectivement imposée aux médecins : non seulement, il sera possible de vérifier la quantité de génériques prescrits sur les ordonnances, mais aussi de dénoncer les multiples abus des pratiques médicales : arrêts de travail indus, visites médicales à répétition pour certains patients hypocondriaques, ordonnances de plusieurs pages,  déviations constatés du principe du médecin traitant ... Il faut faire en sorte que les médecins ne se considèrent plus comme un état dans l'Etat, si la persuasion ne réussit pas, il sera nécessaire que des sanctions soient prises. Encore faut-il que l'Etat les impose !

   Également parce qu'on peut noter une participation croissante dans les débats des professeurs et chefs de service des grands hôpitaux publics. Alors que les laboratoires pharmaceutiques préservent toujours jalousement les fruits de leur recherche, ces chefs de service n'hésitent pas à prendre partie, à dénoncer les pratiques illicites... Il me semble évident que c'est par le biais de l'hôpital public que la recherche devrait s'effectuer en toute transparence pour la raison toute simple que l'hôpital public est encore l'émanation de la Nation et est à son service et non à celui des intérêts particuliers (enfin, espérons-le !). C'est dans le cadre de cette émergence du contre-pouvoir de l'hôpital que l'on peut placer cet excellent livre sur les médicaments inutiles et dangereux qui a permis l'éveil des consciences et n'a scandalisé que ceux qui se sentaient coupables de les fabriquer, de les prescrire et de les vendre.

   Enfin, la défiance envers les médicaments née des multiples scandales dont ils furent la cause à conduit nombre de gens à reconsidérer leur position face aux autres médecines : homéopathie, phytothérapie, cures thermales, acupuncture, ostéopathie.... Pour ma part, j'en suis un adepte convaincu et je remarque que de nombreux médecins commencent aussi à reconsidérer le problème : " je ne suis pas contre. me disait l'un d'eux, l'essentiel est que cela vous soulage ! "

Ainsi, il y a beaucoup plus d'occasion d'espérer que de manifester un pessimisme exagéré ; il est probable que le problème du dualisme princeps/générique sera probablement très vite dépassé ; il se posera alors le problème de la place des médicaments dans la politique de santé : pour le résoudre, il faudra que la Nation exige par le biais de l'Etat qui en est l'émanation, que l'intérêt général passe avant les intérêts particuliers des laboratoires pharmaceutiques et des médecins et pour cela que l'Etat puisse contrôler toute la chaîne qui va de la conception du médicament à sa délivrance en pharmacie.

dimanche 13 avril 2014

PRINCEPS ET GÉNÉRIQUES (11) : conclusion (suite)

LA CHAÎNE DES RESPONSABILITÉS. 
au vu des constats préalablement effectués, , on peut tenter une hiérarchie des responsabilités au niveau du dualisme princeps-générique : on aboutit à un partage très ample mais inégal de ces responsabilités.

Il va de soi que ce qui suit n'engage que moi et a été établi selon mes propres observations.

En ce qui me concerne, j'attribue la RESPONSABILITE ESSENTIELLE AUX MEDECINS qui connaissent mal les médicaments, sans doute seulement par le biais des représentants de commerce des firmes pharmaceutiques (que l'on qualifie pompeusement de visiteurs médicaux), qui sont incapables de dire pourquoi telle ou telle substance est employée, qui ne connaissent vraiment qu'une dizaine de médicaments dont ils ont l'habitude : il suffit, à cet égard, de regarder le médecin qui va prescrire un médicament, il prend pendant quelques secondes un air inspiré puis écrit, comme si jaillissait spontanément de son cerveau le produit miracle qui va vous sauver. Bien entendu, les médecins s'ils connaissent peu les médicaments, connaissent encore moins les génériques, cela les conduit à ne prescrire que les princeps.

On pourrait m'objecter que j'exagère dans ma défiance vis à vis des médecins : comme je l'ai écris plus haut, je ne fais que transposer ici mes expériences personnelles. Je suis certes conscient que beaucoup de médecins accomplissent sérieusement leur tâche dans le respect du serment d'Hippocrate et se soucient avant tout de l'intérêt de leurs malades ; néanmoins, il me semble que les grands principes de ce serment s'étiolent peu à peu et sont remplacés par la quête du profit.

La RESPONSABILITE DU PATIENTest également très importante, presque à l'égal de celle du médecin : le médecin a prescrit telle marque de médicament, c'est celle-ci qu'il lui faut et non une autre ; si ce n'est pas le cas et qu'il reçoit un générique, le patient se sentira psychologiquement malade parce qu'il aura l'impression, comme dans l'exemple cité plus haut, que le médicament est mauvais pour lui puisqu'il n'est pas celui que le médecin à écrit sur l'ordonnance.

Des qu'un individu ressent un mal quelconque, il voit dans le médecin l'homme providentiel qui le guérira, il le croit sur parole, annihilant en lui tout esprit critique et s'en remet à ses préconisations sans avoir effectué une quelconque recherche sur les médicaments ; il estime que le pharmacien trahit le médecin en lui vendant autre chose que ce qui est mentionné sur la prescription, met en doute l'efficacité du générique et retourne vite voir le médecin pour qu'il applique la précieux mention " non substituable"

Dans cette perspective, la dimension psychologique du refus du générique mériterait un étude sérieuse. Ainsi la responsabilité du patient est paradoxalement celle de son irresponsabilité !

La quasi-totalité des patients oublie que c'est de leur santé dont il s'agit, qu'ils en sont les principaux responsables et donc que toute décision doit être partagée, discutée et non imposée.

Selon moi, la RESPONSABILITÉ DES LABORATOIRES PHARMACEUTIQUES est réelle mais dans une moindre mesure que celles des médecins et des patients. Certes, le laboratoire qui a fabriqué le princeps tentera par tous les moyens de prolonger sa vente en estimant injuste que ses concurrents s'emparent de son invention sans y avoir eu part, cependant, il ne peut lutter contre le principe de libre concurrence.

Selon ce que j'ai lu, le laboratoire pourra néanmoins tenter de modifier les molécules de son princeps afin de faire à nouveau breveter la forme nouvelle mais il se heurtera aux agences gouvernementales d'autorisation de commercialisation. Autrefois cela était possible puisque ces agences étaient noyautées par les laboratoires pharmaceutiques, maintenant, c'est beaucoup plus difficile puisque, au titre des "conflits d'intérêts", de telles connivences ne sont plus possibles. À cet égard, la moralisation du système ne peut qu'encourager une vraie connaissance des princeps et des génériques.

La RESPONSABILITÉ DE L'ETAT est également réelle mais elle est beaucoup moins importante qu'autrefois pour diverses raisons :
     . un air de moralisation a soufflé sur l'ensemble des agences gouvernementales qui sont moins sous l'influence des groupes de pression (les lobbys )
     . Le ministère de la santé publie les fiches signalétiques des médicaments sur son site, ce qui permet à tous de pouvoir se renseigner quasiment objectivement. Pour chaque médicament, on trouve une analyse scientifique ainsi que la notice fournie par le laboratoire, ce qui permet d'intéressantes comparaisons.
     . Une autre disposition judicieuse mis en place par l'Etat est le système du tiers-payant au niveau des pharmacies, cette méthode est excellente à deux points de vue au moins :
           - elle permet aux gens ayant peu de moyens de ne pas débourser trop d'argent en médicaments
           - surtout, par le fait que c'est la sécurité sociale qui paie les pharmaciens, un contrôle strict devient possible par la généralisation de l'informatisation : la sécurité sociale peut demander des comptes, refuser de rembourser des pharmaciens qui ne respectent pas les règles et contrôler la proportion dispensée au client de génériques et de princeps.
     . Il convient de noter aussi la politique de déremboursement de médicaments jugés inutiles, c'est certes une demi-mesure mais elle permet aux gens de se rendre compte que ces médicaments ont toutes les chances de ne servir à rien.

Il reste cependant beaucoup à accomplir au niveau de l'Etat : celui-ci n'ose pas, selon moi, s'attaquer au sacro-saint "ordre des médecins" qui, au nom du secret médical et de la quasi infaillibilité qui caractérise la profession, refuse tout contrôle et veut agir en toute indépendance en prétextant qu'il œuvre pour le bien des malades.

La RESPONSABILITÉ DES PHARMACIENS est quasiment nulle depuis peu, d'une part à cause des contrôles effectués au titre du tiers-payant et d'autre part, par le fait que les commissions versées aux officines pour un générique sont les mêmes que pour un princeps : dans ces conditions, les pharmacies n'ont aucun intérêt à délivrer des princeps de préférence aux génériques.

La seule responsabilité que l'on peut attribuer aux officines pharmaceutiques est de ne pas réussir à persuader les clients que les génériques sont de même qualité que les princeps.

LA RESPONSABILITÉ DES SITES SUR INTERNET, autrefois nulle, pourrait devenir importante et même dangereuse : un certain nombre de sites tentent par exemple d'influencer les individus en montrant au moyen de pseudo-preuves que les génériques sont dangereux et qu'il faut les refuser. De même, ils effrayent les gens par des analyses de maladies telles que tous ceux qui consultent ces sites sont portés à se croire malades ce qui les conduira à prendre des médicaments...princeps bien sûr !

Il va de soi que ces sites sont ceux des laboratoires pharmaceutiques, que les médecins y sont stipendiés par ces laboratoires et qu'ils sont les nouveaux moyens d'expression des "lobbys" pharmaceutiques. Cette mode nouvelle est d'autant plus pernicieuse qu'il est difficile de contrôler ce qui est affirmé.

À SUIVRE.

samedi 12 avril 2014

PRINCEPS ET GÉNÉRIQUES (10) : conclusion

Il me reste maintenant à tirer les conclusions de cette recherche en tentant donner une réponse à la question de base du choix entre princeps et génériques.

1/ LE BILAN
Si on effectue un bilan de ce qui précède à ce propos, trois caractéristiques apparaissent nettement :

   1/ princeps et génériques utilisent la même substance active mais peuvent différer par les excipients qui permettent à la substance active d'agir.

   2/ les substances actives sont bien connues chimiquement lors de leur fabrication mais un grande partie de leur action dans le corps n'est que supposée et n'est exprimée que statistiquement lors des tests d'application, ce qui conduit à cette constatation que des molécules peuvent agir sur des parties de l'organisme non prévues à l'origine de manière tout à la fois perverse et bénéfique. Il en est sans doute de même pour les excipients, même si dans ce cas, les mécanismes d'action sont mieux connus puisqu'ils se traduisent pas des effets plus facilement mesurables. ( maux d'estomac par exemple)
 
3/ les notices des médicaments ne sont que d'un faible secours ; elles sont en effet :
     . laconiques et sybillines en ce qui concerne le mode d'action de la substance active.
     . Abscons et incompréhensibles au niveau des excipients présentés au moyen de leur nom chimique, il faut être spécialiste pour comprendre, pourtant il serait tellement simple de rajouter entre parenthèse pour chaque excipient ce à quoi il sert !
    . Surabondantes en ce qui concerne la posologie, les précautions d'emploi et les effets indésirables, mentions qui sont toutes obtenues, selon moi, par des méthodes essentiellement statistiques.

Comment le "patient " peut-s'en tirer dans de telles conditions au niveau des choix à accomplir entre princeps et génériques ? Je ne prétends pas avoir de solutions, néanmoins, par une étude de mini-cas , on peut donner, à contrario de ces mini-cas, quelques idées de remédiations possibles.

2/ DEUX EXEMPLES DE COMPORTEMENTS PERVERS
le premier cas est tiré de l'émission de télévision diffusée sur ARTE traitant des médicaments princeps et générique qui a été à l'origine de mon envie d'en savoir plus à ce propos.

Une patiente se trouve chez le médecin et lui dit : " vous m'avez prescrit du XXX, je vous ai amené l'ordonnance, le pharmacien n'a donné un générique, j'ai l'impression qu'il me réussit moins bien" le médecin demande alors ce que la patiente ressent, elle répond : " je ne peux pas vous dire exactement, mais je me sens moins bien, l'autre médicament me réussissait mieux" . Le médecin alors décide de refaire l'ordonnance et indique la mention "non substituable"

Le deuxième cas est l'épilogue de l'histoire de l'hypertension traité par un médicament prévu pour remédier à la tachycardie. Le médecin constate que la patiente a toujours une tension élevée : il lui demande si le pharmacien lui a donné le princeps ou le générique ? La patiente répond : " le générique"
Le médecin alors effectue une nouvelle ordonnance en apposant la mention "non substituable" .
Pour lui, les problèmes de tension ne peuvent venir que du générique.

Étonné de cette substitution, la patiente et moi-même consultons les notices du générique et du princeps et constatons que ce sont des copies-copies avec les mêmes excipients !

Ces deux cas présentent exactement ce qu'il ne faut pas faire.

Dans le premier cas, la patiente tout comme le médecin sont responsables.

La patiente fait part de ses impressions sans formuler d'autres symptômes : comment un médecin peut-il interpréter de telles allégations ? En outre, la patiente manifeste ainsi une attitude non citoyenne, elle aurait pu regarder les notices et comparer la composition du médicament qui lui réussit et l'autre,
          . si ces deux médicaments étaient identiques, elle aurait dû alors se dire que ses impressions n'étaient qu'imaginaires,
          . Si ces deux médicaments étaient différents, elle aurait pu alors établir quelle substance était différente, puis se rendre auprès du pharmacien pour obtenir de lui les renseignements concernant ces différences et les problèmes qui pourraient provenir de celles-ci. Elle aurait pu aussi demander au pharmacien un générique identique de celui du princeps.
Avec une telle démarche responsable, elle aurait pu éviter de retourner chez le médecin.

Dans ce premier cas, le médecin est aussi responsable :
   . Il aurait dû dire à la patiente qu'il ne peut soigner sur de vagues impressions, qu'il lui fallait des symptômes plus précis,
   .  Ensuite, il aurait consulter le Vidal, gros volume trônant sur sa table pour déterminer la différence entre le princeps et le générique donné par le pharmacien et formuler sa réponse comme suit :
          . En cas de copie-copie : "madame, c'est dans votre tête que cela se passe"  
          . En cas de différence " vous êtes peut-être allergique à telle substance, je le note sur votre dossier et libellerai désormais ma prescription en tenant compte de cette possibilité." .

De telle méthodes aurait permis au médecin de mieux comprendre sa patiente, de mieux la connaitre et et par la même de fournir de meilleurs diagnostics ; le medecin auraient aussi permis à la patiente de mieux se connaître en démêlant ce qu'il y a dans son cas de psychologique et de pathologique. Encore faut-il qu'il prenne le temps d'écouter le malade, ce qui n'est que rarement le cas.

Le deuxième cas cité ci-dessus est beaucoup plus grave puisque c'est le médecin qui prend la décision, s'il avait consulté son "Vidal", il aurait constaté d'une part que le médicament prescrit n'avait pas été créé pour l'hypertension et d'autre part que le générique donné était la copie du princeps. Il aurait été raisonnable aussi de dire a la patiente qu'il s'était trompé et qu'il allait lui prescrire une autre molécule. Mais quel médecin accepte de se remettre en cause ? il est convaincu de sa pseudo-infaillibilité et ne peut avoir tort ! De tels comportements sont évidemment inadmissibles, d'autant qu'ils ont le danger d'infantiliser le patient à qui on semble dire " prenez ces médicaments que je vous prescris et taisez-vous ! "
À suivre

vendredi 11 avril 2014

PRINCEPS ET GÉNÉRIQUES (9) : le médicament dans l'organisme.

 4/ LE PRINCIPE ACTIF DANS LA CIRCULATION SANGUINE
Quand le principe actif se trouve dans la circulation sanguine que se passe-t'il ?

Voilà ce que l'on trouve à ce propos sur les sites ayant vocation scientifique à propos du PARACETAMOL

" Tout d'abord, le paracétamol est le médicament le plus prescrit en France. Il a peu de contre-indications, il peut être prescrit à tout âge et si on ne dépasse pas les doses, il n’a pas d’effets secondaires.
Il appartient à la classe des antalgiques antipyrétiques : Antalgique donc antidouleur., Antipyrétique, donc lutte contre la fièvre.

Pour répondre à la question sur le mécanisme d’action du paracétamol... c’est simple, un siècle après sa découverte, on ne sait toujours pas précisément comment ça marche. Tout ce qu’on sait c’est qu’il agit sur le système nerveux central. Il agirait en inhibant la production de substances, les prostaglandines, impliquées dans les processus de la douleur et de la fièvre.

En cas de surdosage cependant, le paracétamol est très toxique pour le foie et il est chaque année responsable de décès par hépatite fulminante "

Cette caractéristique est quelque peu stupéfiante : ainsi, le paracetamol agit sur la douleur et la fièvre mais on ne sait pas expliquer ni comment cela se produit ni l'exprimer au moyen d'une formule chimique : on mesure ses effets sans en comprendre la cause !

Dans de telles conditions, on peut raisonnablement pressentir qu'il doit en être ainsi pour nombre d'autres médicaments. Une exception notable doit cependant être citée, celle de l'aspirine pour laquelle le mécanisme d'action a été découvert, ce qui a d'ailleurs valu à son auteur le prix Nobel.

Le fait de constater sans comprendre s'explique sans peine car il est difficile d'effectuer des analyses chimiques sur un corps humain vivant pour comprendre l'impact effectif d'un principe actif dans la circulation sanguine et ses effets indirects sur le milieu ambiant de l'organisme.

Ainsi, il m'apparait que l'on prescrit un principe actif non sur une efficacité démontrée mais sur la foi des effets constatés. Si cette hypothèse est avérée, l'impression de sérieux scientifique des informations concernant les médicaments me semblerait singulièrement écornée.

Sauf pour le paracetamol, je n'ai pas trouvé de documents qui corroborent directement cet avis, pourtant, j'ai la désagréable sensation que la connaissance des actions des médicaments procède plus de calculs statistiques que de connaissance effective des interactions du principe actif avec l'organisme.

Il est possible d'en trouver quelques preuves : .

La première preuve est donnée par le MÉCANISME D'EXPERIMENTATION des médicaments : La molécule du principe actif est d'abord testée en laboratoire sur les micro-organismes puis sur des animaux du type souris et lapins. Ensuite, on va procéder à des études statistiques sur des êtres humains en trois phases au moins :

En premier lieu, on teste le médicament sur des personnes saines et on mesure la valeur dite AMDE
      . Absorption : vitesse à laquelle le médicament passe dans le sang,
      . Métabolisation : transformation que le foie va effectuer,
      . Diffusion : vitesse de répartition de la molécule dans les tissus,
      . Élimination : vitesse par laquelle la molécule est éliminée par le corps,
Pour cela, on va effectuer des analyses de plasma sanguin et établir première une courbe type de type statistique.

Ensuite, les laboratoires testent l'efficacité en recherchant les doses adéquates et en vérifiant les effets indésirables, cela conduit à une deuxième série de statistiques.

En troisième, on administre à trois séries de patients un médicament à placebo, sans donc d'effets actifs, un médicament antérieurement commercialisé et le médicament nouvellement mis au point : ces comparaisons permettent d'établir une troisième série de statistiques.

Ce sont ces statistiques qui vont permettre, avec les tests scientifiques primitifs, de déterminer et de démontrer l'intérêt de la nouvelle molécule et de l'autoriser à la commercialisation.

La deuxième preuve est contenue dans LA LISTE DES EFFETS INDESIRABLES d'un médicament sur la notice d'emploi ; les effets indésirables sont classés en catégories : fréquents, rares, très rares. Cela correspond, non à des observations réelles, mais à une classification statistique : à chaque fois qu'un effet indésirable est rapporté par un médecin ou un pharmacien, il est mentionné sur une des rubriques selon le nombre d'observations effectuées par les divers professionnels de santé, ce qui explique les catégories de classification. D'ailleurs, il est indiqué qu'à chaque fois qu'un phénomène nouveau est observé, il convient d'en faire part au laboratoire, ce qui corrobore bien que les effets indésirables ressortent non d'études scientifiques mais de statistiques.

Enfin la troisième preuve est montrée par l'étude des PRESCRIPTIONS MÉDICALES CONTENUES DANS LES ORDONNANCES

Je voudrais à ce propos donner un exemple réel concernant la molécule appelée Chlorhydrate de SOTALOL déjà mentionnée précédemment. Ce médicament a été appliqué à une personne qui manifestait, lorsqu'elle venait chez le médecin, d'une assez forte tension artérielle. Le médecin, au vu de cette hypertension, lui prescrivit cette molécule. Elle n'eut aucun effet sur l'hypertension, ce qui amena le médecin à lui faire ingurgiter des doses de plus en plus fortes,

Afin de comprendre l'inefficacité constatée, je consultai la notice à propos des effets attendus par le médicament  : elle était d'une concision toute sybilline avec une mention qui dit tout et rien à la fois : " ce médicament est utilisé dans la prévention des récidives de certains troubles cardiaques ".

Je me rendis ensuite sur le site du ministère de la santé, beaucoup mieux documenté et, à propos de cette molécule, je trouvai la phrase suivante que je cite ici dans son intégralité :
4.1. Indications thérapeutiques
Prévention des récidives des :
   · tachycardies ventriculaires menaçant le pronostic vital : le traitement doit être instauré en milieu hospitalier sous monitorage ;
   · tachycardies ventriculaires documentées symptomatiques et invalidantes en l'absence d'insuffisance cardiaque non contrôlée ;
   · tachycardies supra-ventriculaires documentées en l'absence d'insuffisance cardiaque non contrôlée lorsque la nécessité d'un traitement est établie.

Ainsi la personne choisie en exemple était traitée pour son hypertension avec une molécule ayant pour but de réguler le rythme cardiaque ! Quand elle en fit part au médecin de cette observation en indiquant que la molécule prescrite était peut-être inadaptée, celui-ci répondit : "mais ce médicament est aussi bon pour cela"br />
Comme on ne peut soupçonner le médecin d'incompétence ( ? ) on en tire la conclusion qu'à l'effet principal d'une molécule, s'en ajoute d'autres insoupçonnés par le laboratoire, que les médecins découvrent sans support scientifique et de manière empirique : de tels errements ne peuvent se produire que parce que l'on ignore la manière dont le principe actif agit exactement sur les cellules de l'organisme,

Cette constatation permet de mieux comprendre un certain nombre d'affaires et d'événements récents dont on a entendu parler :
   . Affaire de ce médicament utilisé pour traiter le diabète des obèses qui a été donné par les médecins en tant que base de régime amincissant.
   . Médicament destiné à soulager les spasmes musculaires qui s'avérerait très utile pour lutter contre l'alcoolisme,
   . Médicament destiné à traiter les douleurs rhumatismales mais qui occasionne des maux d'estomac tels qu'il faut le prescrire avec un autre médicament pour éviter ces douleurs. Si ce second médicament a aussi des effets pervers, on devra aussi prendre un troisième médicament et ainsi de suite...
   . Cortisone injectée au niveau des douleurs rhumatismales mais qui fragilisent les ligaments ...

Tout semble corroborer cette impression exprimée plus haut que les médicaments sont mieux connus par la statistique que par les analyses scientifiques, dans ces conditions peu de choses séparent Galien, médecin romain qui recommandait les décoctions de feuilles de saule pour les fièvres, et les médecins actuels qui prescrivent des médicaments dont ils ne connaissent qu'empiriquement les effets.

Certes, je ne suis pas un professionnel de santé et je n'ai pas de connaissances chimiques et médicales approfondies, je me base sur ce que j'ai pu constater, lire et tenter de comprendre.

jeudi 10 avril 2014

PRINCEPS ET GÉNÉRIQUES (8) : le médicament dans l'organisme. 

3/ L'EXEMPLE DE L'ASPIRINE
Pour montrer la manière dont l'excipient agit dans le cas d'un médicament à absorption orale ( voir note A concernant le circuit de la digestion) de la bouche à l'intestin grêle on peut donner l'exemple de l'aspirine car il est particulièrement révélateur:

Le principe actif de l'aspirine , l'acide acétylsalicylique  possède deux défauts importants : il est encore très  acide , ce qui risque de dégrader les parois de l'estomac et il est faiblement soluble dans l'eau

C'est dans cette perspective que se place le rôle fondamental de l'excipient. Voici, parmi d'autres,  deux solutions possibles :

l'ASPIRINE EFFERVESCENTE
Le principe est de transformer l' acide acétylsalicylique  en ion acetysalicylate en lui faisant perdre un proton H+. Cet ion est possede en effet un PH basique (voir note B sur les PH)  , donc sans danger pour l'estomac, en outre, est soluble dans l'eau, ce qui facilite son ingestion.

Cette transformation de l'acide en ion se produit lorsque l'on met le comprimé dans l'eau et qu'il entre en effervescence : parmi les excipients se trouve en effet du bicarbonate de sodium qui permet une réaction comme suit :

Bicarbonate de sodium + aspirine (Acide acétylsalicylique.) =  Ion acetysalicylate basique+ eau + gaz carbonique ( forme l'effervescence) (voir note C)

L'acide acétylsalicylique sous l'action du bicarbonate de sodium se transforme en ion. les ions acétylsalicylate se dissolvent  dans l'eau, ils arrivent dissous dans l'estomac ; au contact du milieu acide de l'estomac, ils reçoivent le proton H+ qui les amène à recréer l'acide acetylsalycilique en très fines particules qui peuvent ainsi traverser très vite les muqueuses  sans danger pour l'estomac pour se retrouver dans l'intestin grêle puis dans la circulation sanguine

Le deuxième  exemple est celui de l'ASPIRINE à PH8

l'acide acetylsalycilique est dans ce cas ingéré sous forme d'un comprimé comportant un enrobage très peu soluble en milieu acide, le comprimé peut alors traverser l'estomac tel quel pour se retrouver dans l'intestin grêle ou le milieu est quasiment neutre,alors l'enrobage se dissous, ce qui libère le principe actif qui peut se diffuser dans la circulation sanguine.

RAPPELS

Note (A)
le trajet des aliments
:
   . De la bouche à l'intestin grêle, les aliments passent par l'estomac (1) puis par le duodenum (2) qui recoit les sucs biliaires (vésicule biliaire) et pancréatique ; lors de ce trajet, ils sont digérés et triés en particules simples formant les nutriments capables de passer dans le sang au niveau l'intestin grêle (3), ce qui reste est éliminé par le gros intestin (4).
   . De l'intestin grêle les nutriments par la veine porte (5) gagnent le foie (6) qui effectue un "tri " de ce qui est nécessaire à l'organisme et de ce qui ne l'est pas et qui est détruit.
   . Ensuite, par la veine cave inférieure (7) , le sang appauvri en oxygène mais riche en nutriments va passer par le coeur (8) puis dans les artères (9) qui porteront donc les nutriments ainsi que l'oxygène aux divers organes du corps.
   . Par les artères, le sang passe par le foie et les reins (10) où il subit un nouveau tri avec élimination de l'urée et de l'acide urique.

Note (B)
rappel concernant le PH (potentiel hydrogène)

  . Un PH = 7 est neutre, il correspond à l'eau à 25°
  . Un PH < 7 est acide
  . Un PH > 7 est basique

     . Le PH acide se définit par le fait qu'un proton d'hydrogène (H+) se fixe sur une molécule d'eau, donnant un ion H3O+ ': il est donneur possible d'un proton H+
     . Le PH basique se définit par le fait qu'un proton d'hydrogène (H+) soit perdu par une molécule d'eau, donnant un ion HO- : il est capteur possible d'un proton H+
     . La molécule d'eau comporte des molécules H2O et les deux types d'ions selon la formule
 2H2O <--> (H3O+) + (HO-)
     . Cette caractéristique peut s'entendre aussi comme : acide + H2O <---> base + H3O+

Note (C) 
pour les amateurs de chimie
   . Le bicarbonate de sodium NaHCO3, solide est soluble dans l’eau.
   . Les ions hydrogénocarbonate HCO3- viennent au contact des particules solides d’acide acétylsalicylique avec lesquelles ils réagissent selon la réaction chimique suivante :
 : HCO3- + CH3-COO-C6H4-COOH = CO2 + H2O + CH3-COO-C6H4-COO-
   . Le dioxyde de carbone CO2, peu soluble, se dégage (=effervescence)

mercredi 9 avril 2014

PRINCEPS ET GÉNÉRIQUES (7) : le médicament dans l'organisme.

Le médicament comporte, on l'a dit un  PRINCIPE ACTIF ET UN EXCIPIENT. Pour comprendre le phénomène qui va permettre de lutter contre la maladie en conduisant le principe actif de l'endroit d'absorption à l'endroit de son action, le médicament doit parcourir un long chemin.

Celui-ci s'organise schématiquement, pour la plupart des médicaments,  en deux phases :
     - de l'endroit d'absorption à la circulation sanguine, c'est à ce niveau que l'excipient joue le rôle essentiel à deux points de vue :
           . Il donne au médicament sa forme selon le mode d'absorption,
           . Il conduit le principe actif du lieu d'absorption jusqu'à la circulation sanguine
     - au niveau de la circulation sanguine le principe actif est libéré et il sera conduit par circulation générale  jusqu'au lieu d'action.

Il existe aussi d'autres voies dites locales administrées pour un usage spécifique (collyre par exemple)

1/ LES VOIES D'ADMINISTRATION D'UN MÉDICAMENT DEVANT PASSER DANS LA CIRCULATION GÉNÉRALE (1)
Elles sont de trois sortes principales  :
   . Administration directe dans la circulation générale :  par la voie intra-veineuse : c'est la voie de référence puisque le PRINCIPE ACTIF passe immédiatement dans la circulation sanguine, elle est donc particulièrement nécessaire en cas d'urgence.
   . Administration dans la circulation sanguine par des veines périphériques : veine linguales pour les médicaments mis sous la langue, voie rectale par les veines hémorroïdales, voie intra-musculaire (par l'intermédiaire des  muscles  fortement vascularisés), cutanée..
   . Administration orale : en ce cas doit passer par l'intermédiaire des voies digestives pour arriver dans la circulation sanguine,

2/ LES DEUX VOIES POSSIBLES DU PRINCIPE ACTIF
Dans les cas d'administration directe dans la circulation générale, le principe actif est introduit dans l'organisme par les veines, il arrive jusqu'au cœur puis est distribué dans le corps par les artères afin d'agir. Néanmoins, il va subir une double filtration par le foie et les reins et il va s'éliminer peu à peu puis finit par disparaître.

Dans le cas d'un médicament administré par voie orale, deux étapes sont nécessaires :
   . En premier lieu, le principe actif et l'excipient doivent passer de la bouche à l'intestin grêle comme tous autres aliments. C'est à ce niveau que l'excipient aura un rôle fondamental
   . Ensuite, le principe actif passe par la veine-porte, accède au foie, subit une première filtration puis se retrouve dans dans la veine-cave, le cœur puis les artères et subit alors la même élimination progressive que celle des principes actifs injectés directement dans les veines.



RAPPELS
Quelques notions au niveau de la circulation sanguine :

(A) La GRANDE CIRCULATION
1/ le sang sort du VENTRICULE GAUCHE par l'artère appelée AORTE, celle-ci se divise en deux parties :
     -2. L'aorte irrigue la partie supérieure du corps,
     -3. L'aorte irrigue la partie inférieure du corps se subdivisant en plusieurs artères spécifiques allant vers :
            - 4. Le foie,
            - 5. L'intestin grêle,
            - 6. Les reins pour filtration du sang,
            - 7, la partie inférieure du corps,
8 / le sang appauvri en oxygène revient vers l'OREILLETTE DROITE par les deux voies principales des VEINES CAVES
      - 9. La veine cave supérieure conduit le sang provenant de la partie supérieure,
      - 10 la veine cave inférieure ramène le sang provenant :
            - 11 des reins,
            - 12 du foie après filtration du sang,
            - 13 des membres inférieurs,
14/ une veine relie l'intestin grêle au foie. Cette veine a une grande importance pour notre propos car elle permet le passage dans le sang des nutriments après la digestion , ceux-ci passent dans le foie avant de rejoindre la veine cave inférieure.
     
LA PETITE CIRCULATION
15/ le sang sort du VENTRICULE DROIT par les ARTÈRES PULMONAIRES,
16/ il passe par le poumon,
17/ il revient au cœur par l'OREILLETTE GAUCHE par les VEINES PULMONAIRES.

mardi 8 avril 2014

PRINCEPS ET GÉNÉRIQUES (6) : le principe actif

3/ QUELQUES CATÉGORIES  DE PRINCIPE ACTIF SELON LEUR ORIGINE.
 0n trouve d'abord des produits naturels pour lesquels a été effectuée la même démarche que pour l'aspirine : utilisation empirique, recherche du principe actif, élaboration d'un produit de synthèse et abandon du produit naturel d'origine ( sauf en phytothérapie pour lesquels les principes actifs des plantes naturelles servent toujours de support aux fabrications).

Cette  évolution peut être notée pour :
     . Des substances d'origine végétale : la quinine (autrefois tiré du quinquina qui concurrença longtemps la salicine), la morphine (opium) la digitaline...
     . Des substances d'origine animale (huile de foie de morue, insuline, cortisone ...)
     . Des produits minéraux ( bicarbonate de sodium)
     . Des micro-organismes comme les levures, mais aussi les vaccins,

Une deuxième catégorie est représentée par les produits émanant des biotechnologies pour la production de molécules identiques à celles produites par l'homme avec en particulier la reproduction de protéines et  de fragments d'ADN : cette nouvelle branche de l'industrie pharmaceutique, née du décryptage du génome humain est porteuse d'immenses espoirs dans tous les domaines ; elle renouvellera totalement les concepts médicaux d'ici quelques années.

4/ LA DIVERSITÉ DES MODES D'ACTION 
En 1796, le médecin Samuel Hahnemann invente les deux termes d'homéopathie et, par antiphrase, d'allopathie, ces deux termes sont commodes pour différencier les deux types de principes actifs des médicaments :

 en ALLOPATHIE , (médecine des contraires) "on traite le malade par une substance qui à un effet  contraires à ceux de la maladie" ( fièvre/ antalgique) : en d'autre termes, la substance va lutter contre les causes de la maladie : ainsi, un antibiotique va servir à tuer une bactérie,  l'allopathie peut être considérée comme la "médecine officielle"

 en HOMÉOPATHIE, "on prescrit une substance capable de déclencher chez un individu sain des symptômes semblables à ceux que présente le malade",  cette forme de soin est controversée mais, pour moi,  elle parait assez logique : on augmente les symptômes de tel ou tel mal afin d'amener le corps à réagir en fabriquant les substances nécessaire à lutter contre la maladie. En outre, elle ne conduit à aucun effet secondaire. Dans leur superbe mépris de tout ce qui sort de leur horizon, la plupart des médecins rejettent l'homéopathie sans d'ailleurs la connaître. Les beaux esprits disent qu'elle n'a pas plus d'effet qu'un placebo et que, si on se sent mieux, c'est soit qu'on était pas malade, soit qu'on s'est guéri par persuasion mentale. En ce qui me concerne, je n'en crois rien et aimerais que tous ces discoureurs décident de s'intéresser au problème sans les à-priori qui font condamner sans savoir. (2)

(1)une bactérie est une cellule vivante comportant un  programme  génétique (chromosome) et un mécanisme de reproduction des protéines (ribosome) l'antibiotique agit soit en bloquant le mécanisme de production des protéines, soit  en attaquant le programme immunitaire ou encore en fragilisant la paroi de la cellule pour permettre aux globules blancs de l'éliminer.

(2) l''homéopathie,selon ses tenants,  agit un peu à la manière des vaccins  : on fabrique ces derniers  à partir d'un agent infectieux rendu inoffensif en laboratoire, il permettra au corps à apprendre à reconnaître cet agent infectieux et à fabriquer les anti-corps permettant de le combattre


ANNEXE
Quelques sites qui furent à la base de ma réflexion
 . http://physique.chimie.pagesperso-orange.fr/Cours_de_chimie/Chimie_12_FORMULATION_ET_DOSAGE_DE_L'ASPIRINE.htm
 . http://physique-eea.ujf grenoble.fr/intra/Organisation/CESIRE/CHIMIE/FichiersChimie/Scientifiques/ChimieOrganique/aspirine.PDF  . http://philippe.gorlier.voila.net/Documents/Aspirine.pdf
 . http://fr.wikipedia.org/wiki/Pharmacocinétique

lundi 7 avril 2014

PRINCEPS ET GÉNÉRIQUES (5 ) : le principe actif

 2/ LES ÉTAPES DE LA CRÉATION DE L'INSULINE

LES OBSERVATIONS EMPIRIQUES 
Elles apparaissent dès la plus haute antiquité.

 Le mot diabète est créé par  Apollonius de Memphis  en 250 av. J.-C. à partir des mots "dia" (à travers) et "betos" (fuite). En latin, "diabetes" signifie "siphon" : les malades  ingèrent une grande quantité d’eau qu’ils éliminent presque aussitôt.

Pendant des siècles, médecins et goûteurs d’eau gouttent l’urine des patients diabétiques : le diagnostic repose sur le goût sucré de cette urine. Le diabète est alors nommé "diabetes mellitus" (diabète au goût de miel), notre diabète sucré.

Le médecin suisse Johann Conrad Brunner (1653-1727), est le premier à mentionner l’origine pancréatique du diabète. Après abblation du pancréas sur des chiens, il observe en 1683 que les animaux ont une soif extrême et urinent fréquemment.

En 1776 , une double découverte est effectuée par le chimiste Dolson :
          - il isole le sucre dans les urines des diabétiques,
          - puis il réussit à isoler un dépôt de sucre dans le sérum sanguin (glycémie).

En 1869. Paul Langerhans, en étudiant le pancréas, découvre que celui-ci comporte deux séries d'éléments :
   - des cellules sécrétant le suc pancréatique , un des acteurs important de la digestion,
   - d'autres cellules regroupées en îlots que l'on appellera les îlots de Langerhans." (1)

LA FORMULATION D'UNE EXPLICATION GLOBALE et LA MISE EN APPLICATION SUR L'ETRE HUMAIN

En Octobre 1920, Frederick Grant Banting, un jeune chirurgien canadien de 29 ans, émit l'hypothèse que les îlots de Langerhans contenus dans le pancréas produisait une hormone capable de réguler la glycémie.

Il vérifia cette hypothèse :
   . En extrayant l'hormone par le biais d'animaux de laboratoire.
   . En la testant sur des chiens rendus diabétiques par l'ablation du pancréas.
En voici ses conclusions : « nous avons obtenu, à partir du pancréas d’animal, quelque chose de mystérieux et qui, injecté à un chien diabétique, supprime tous les symptômes cardinaux de la maladie. Si cette substance agit chez l’homme, ce sera un grand bienfait pour la médecine ».(1)

En 1922, La première injection à l’homme est effectuée avec succès. Dès 1923, Des laboratoires se mettent à produire de l’insuline extraite de pancréas de boeuf et de porc.

LA DÉCOUVERTE DE LA STRUCTURE CHIMIQUE ET LA PRODUCTION D'INSULINE DE SYNTHÈSE.
En 1955, le biochimiste anglais Frédérick Sanger décrit la structure chimique de la proteine d’insuline. Les chercheurs comprennent alors qu’il existe des différences entre l’insuline humaine et les insulines animales jusqu’alors utilisées comme traitement

À partir de là, deux actions parallèles vont se mettre en place dans les années 1978-82
     . Modification de l'insuline de porc pour fabriquer de l'insuline du type de celle de l'homme
     . La première insuline humaine obtenue par génie génétique, apparaît sur le marché.

Ainsi apparaît un type de mise en oeuvre de principe actif assez semblable à celui de l'aspirine :
   . Une phase d'observation empirique débouchant sur des travaux scientifiques d'explications
   . Une synthèse de ces travaux permettant la mise en application de l'insuline sur les être humains
   . La découverte de la structure chimique de la protéine , ce qui déboucha sur la création d'insuline de synthèse.



 (1) sources utilisées :
 http://www.afd.asso.fr/diabete-recherche/insuline-histoire-decouverte
http://touslesinsolites.wordpress.com/2012/05/20/histoire-succincte-du-diabete-et-de-ses-traitements/

dimanche 6 avril 2014

PRINCEPS ET GÉNÉRIQUES (4) : le principe actif

Le principe actif est la substance qui agit contre la maladie. Décrire cette substance est d'une grande complexité puisqu'il faut faire appel à des notions complexes de chimie organique, ce qui n'est pas mon but. 

Pour permettre néanmoins de comprendre son rôle, je me propose de prendre deux exemples  parfaitement évocateurs  de la méthodologie employée pour la création de la substance active, celui de l'aspirine et de l'insuline avant de déterminer une classification schématique des principaux principes actifs

1/ l'ASPIRINE. 
La PHASE EMPIRIQUE
L'utilisation de la feuille et de l'écorce de saule remonte à la plus haute antiquité, on en trouve mention en Égypte pharaonique, en Grèce et dans l'empire romain : ainsi Gallien, médecin de l'empereur Marc Aurèle (161-180) indique  que la décoction de saule est bénéfique pour faire tomber la fièvre, diminuer la douleur et calmer les rhumatismes : cette phase empirique témoigne d'un très ancien savoir transmis et affiné au fil des générations dont l'origine se perd dans la nuit des temps.

En 1763, les observations concernant l'utilisation de l'écorce de saule font l'objet d'un mémoire adressé par le révérend Edward Stones à la "Royal Society" de médecine de Londres. Ce rapport indique que le Révérend avait utilisé de l'écorce de saule réduite en poudre, l'avait administré à ses paroissiens souffrant de fièvres et constaté que la fièvre avait diminué.

Le mémoire du révérend Stones était corroboré par de multiples observations qui avaient été effectuées un peu partout sur les bénéfices des décoctions de feuilles de saule et des poudres d'écorce de saule pour le traitement des fièvres et des douleurs.

LA RECHERCHE DE LA SUBSTANCE ACTIVE
Cette époque est celle de la naissance de la chimie actuelle :
      . En 1787,  Lavoisier qui a en particulier étudié la composition de l'eau dont il appelle les composants « oxygène » et « hydrogène", exprime l'idée qu'il existe des éléments définis comme des substances simples qui ne peuvent être décomposées par aucune méthode connue d'analyse chimique, et conçoit une théorie de la formation des composés chimiques des éléments.
     . En 1787 est publié la "Méthode de nomenclature chimique" sous l'impulsion de savants autour de Lavoisier qui établit une liste de des éléments simples.
     . En 1789, William Higgins publie un travail sur ce qu'il appelle les combinaisons de particules « ultime », que l'on qualifie aujourd'hui de molécule et prévoit des liens entre ces particules qui annoncent  le concept de la liaison de valence.

C'est dans le cadre de cette chimie naissante, mais aussi dans celui des concepts platoniciens visant à rechercher l'essence des choses au delà des apparences, que se produit la phase suivante : on tenta de rechercher dans l'écorce de saule la substance simple qui en constituait le principe actif agissant.

On peut prendre comme exemple le procédé mis en œuvre par le pharmacien Leroux en 1829 :
   . il fit sécher l'écorce, la concassa et la réduit en poudre avant de la faire bouillir et de filtrer le résidu avec du sel de plomb afin d'éliminer les impuretés.
   . Après avoir plusieurs fois fait bouillir puis filtrer puis évaporer la substance, il obtint des cristaux blancs qu'il nomma SALICINE. (du nom latin du saule, salix)
   . Dans cette élaboration, Leroux utilisa 500 grammes de feuilles de saule pour n'obtenir que 30 grammes de SALICINE. la substance se révéla active.

Pour augmenter l'efficacité du produit, d'autres expériences furent réalisées: ainsi, en 1837, un autre pharmacien nomme Piria fit fondre de la potasse caustique dans une bassine, y ajouta de la SALICINE et y fit passer un flux de gaz carbonique ; quand la masse fut refroidie, il ajouta de l'eau et de l'acide chlorhydrique, il se forma un précipité blanc qu'on appela ACIDE SALICYLIQUE. (1)

A remarquer que ce produit fabriqué chimiquement se trouvait aussi à l'état naturel dans la nature

Il va de soi que la reconnaissance de ces substances ne pouvait s'effectuer par une analyse chimique, la chimie organique ne sera véritablement connue que dans la deuxième moitié du 19ème siècle, il fallait se contenter de méthodes empiriques, aspect du précipité, odeur, réaction à divers produits...

Les cristaux ainsi obtenus étaient beaucoup plus efficaces que la SALICINE pour faire baisser la fièvre et calmer les douleurs rhumatismales mais ils étaient si agressifs pour l'estomac qu'ils occasionnaient des maux particulièrement difficiles à supporter.

LA PHASE DE SYNTHÈSE
À partir de 1850-60, les connaissances en chimie organique se développent et elles permirent de pallier à un autre problème, celui de la matière première : la quantité d' écorce de saule mise à disposition des pharmaciens était limitée et donc entravait la production de l'acide salicylique.

Le chimiste allemand Hermann Kolbe réussit en 1860 à créer de l'acide salicylique en faisant passer du gaz carbonique dans du goudron de houille (actuel phénol) et de la soude, il obtint de l'acide salicylique ; ce procédé peu coûteux permit de passer des préparations effectuées dans les pharmacies à une production industrielle en usine dans la deuxième moitié du 19ème siècle. En conséquence, l'usage d'écorce de saule fut abandonnée au profit de la réaction chimique au phénol.

Il restait une dernière action à accomplir, celle de la limitation des effets secondaires au niveau de l'estomac, c'est un chimiste allemand Félix Hoffmann qui travaillait pour la firme Bayer qui, en 1887, modifia la molécule d'acide salicylique au moyen "d'anhydride éthanoique" en créant une substance appelée ACIDE ACETYSALICYLIQUE qui fut commercialisée sous le nom d'ASPIRINE. (2)

Ainsi apparaît un premier type de mise en oeuvre de principe actif : 
   . À partir du constat que tel produit naturel peut soigner les malades, on recherche le principe actif contenu dans ce produit. 
   . On cherche à créer synthétiquement ce principe actif en combinant des composés chimiques qui permettent de se passer du produit naturel


(2) L'acide acétylsalicylique fut en réalité découvert par un chimiste strasbourgeois Gerhardt mais sans qu'il l'utilise à titre médicamenteux

ANNEXE
La structure des molécules de l'acide salicylique et de l'acide acétylsalicylique-aspirine ainsi que la réaction chimique des procédés de Kolbe et de Hoffmann