REMARQUE
. Tous les articles de ce blog ont été rédigés par moi-même sans emprunt littéral à d'autres auteurs, ils sont le fruit d'une documentation personnelle amassée au cours des ans et présentent ma propre vision des choses. Après tout, mon avis en vaut bien d'autres.
. Toutes les citations de mes articles proviennent de recherches sur les sites gratuits sur Internet



Mon blog étant difficilement trouvable par simple recherche sur internet, voici son adresse : jeanpierrefabricius.blogspot.com

mardi 10 novembre 2015

Le déclin de la culture française ? (16) la frange de la population éprise de culture.

Ainsi, pour résumer ce qui précède, la marge de population éprise de culture souffre principalement de trois maux culturels :
     . Ses productions littéraires ou artistiques sont méprisées par cette intelligentsia culturelle qui ne représente qu'elle-même et qui, hélas, dispose de puissants moyens pour s'auto-satisfaire
    . Son avidité de culture authentique la porte à rejeter les formes abstraites à force d'être intellectualisées des modes culturels qu'impose cette même intelligentsia dans la quasi-totalité des spectacles proposés en France.
    . Pour connaître la culture française, il est presque toujours nécessaire de consulter des sites étrangers.

En conséquence, il faut à cette population rechercher à l'étranger tout ce que la France ne semble plus capable de produire ; nous sommes tous dépendants de cette situation et c'est en cela que M Morrison a raison quand il écrit son article sur la mort de la culture française.

Pourtant, c'est, selon moi, dans cette frange de la population éprise de culture que se produira le renouveau.

Certes, comme l'écrivit le directeur de France Culture " nous avons manqué le train de la modernité», en ne saisissant par immédiatement l'importance de la révolution numérique qui fut essentiellement américaine. Pourtant, cette révolution est un formidable outil  pour tous ceux qui ont quelque chose à exprimer tant en littérature qu'en art et qui ne sont pas écoutés ni par les cercles intellectualistes ni par leurs servants des galeries d'art et des maisons d'édition.

 Autrefois, pour publier un de ses écrits, il fallait envoyer son manuscrit à un éditeur qui, quelques mois plus tard, le retournait à son auteur avec une lettre d'accompagnement qui spécifiait  par exemple que " ce type de littérature n'est pas publié dans notre maison d'édition" , il y avait aussi la possibilité de se faire publier à compte d'auteur mais le coût en est rédhibitoire pour la plupart des gens. Actuellement, ce " parcours du débutant " est devenu inutile : il suffit de créer un blog ou un site Internet, cette création ne prend qu'un instant et peut même être totalement gratuit. Ensuite, on peut diffuser ce que l'on veut exprimer. Il y a certes des risques de plagiat ou de d'écrits diffamatoires ou même racistes mais, selon moi, ces inconvénients sont moindres que les avantages à tirer de cette liberté retrouvée car elle ne peut que conduire au renouveau.

Ce qui est vrai dans le domaine littéraire l'est aussi dans l'art : avec les appareils numériques, on peut réaliser de magnifiques photos que l'on peut retoucher grâce à des logiciels appropriés afin de produire un livre virtuel, aussi beau que les livres d'art publiés et que l'on peut inclure dans son site internet.

Cette efflorescence se produira directement de l'auteur au lecteur ou à l'amateur d'art sans intermédiaire et sans ces filtres des structures anciennes de diffusion de la culture qui brident la production culturelle selon les préceptes de l'intellectualisme sclérosé. On pourra alors constater que la frange de la population éprise de culture possède la capacité non seulement d'assumer leur culture mais aussi et surtout de la développer.

Ces formes nouvelles de diffusion mettront certes en péril les structures anciennes de diffusion de la culture qui ne semblent pas encore avoir compris le danger émanant de la révolution numérique pour leurs intérêts sectoriaux ; c'est pour moi sans importance : toutes les structures qui ne sont pas capables de se remettre en cause et de s'adapter à leur temps sont inéluctablement condamnées à disparaître et c'est très bien ainsi.  les hebdomadaires qui associent un journal papier et un site internet l'ont d'ailleurs  parfaitement compris.  

lundi 9 novembre 2015

Le déclin de la culture française ? (15) la frange de la population éprise de culture.

 Suite de l'article précédent

La deuxième difficulté des amateurs de culture concerne les moyens de recherches lorsque l'on veut se documenter ou lire en utilisant ce formidable outil de culture qu'est Internet : il est très rare de trouver sur les sites français des textes intégraux d'œuvres littéraires ou philosophiques, seul moyen d'étude pour qui veut effectuer une recherche objective sur une oeuvre ; en général, on tombe sur des sites payants ou protégés par des droits d'auteurs en particulier quand l'œuvre originale a été commentée par un auteur récent. Par contre, en spécifiant le libellé de la recherche en anglais, on obtient généralement sans difficultés le document souhaité.

Afin de vérifier la véracité de ce que j'affirme, je me suis livré à une enquête à propos de trois œuvres de la littérature française dans le but de vérifier sur quel site je pouvais en avoir le texte intégral :
     - l'ESPRIT DES LOIS de Montesquieu se trouve en intégralité dans un site américain, un site canadien, un site officiel français et un site personnel d'un français
     - RENÉ de chateaubriand est en libre accès sur deux sites américains, un site italien et un site officiel français
     - LES RÊVERIES DU PROMENEUR SOLITAIRE de Rousseau : deux sites américains et un site canadien
Ainsi, sur ces trois exemples. 72% des textes intégraux proviennent des pays étrangers

Voici un autre exemple de cette situation : il y a quelques temps, je recherchais le texte d'une bulle pontificale médiévale : aucun des sites français ne la mettait gratuitement à la disposition du lecteur, je fis alors une recherche sur des sites en anglais et trouvai sans problème ce que je recherchais. Cependant, le texte en était traduit du latin en anglais et j'ai dû le retraduire en français pour pouvoir l'utiliser !

De même, lorsque l'on recherche des registres de naissances antérieurs à la révolution, on le fait d'abord en consultant les sites des archives départementales ou nationales. La plupart du temps, on tombe soit sur des informations indiquant que ces documents ne sont pas numérisés, soit qu'il faut payer pour avoir la possibilité de les consulter ; par contre, il suffit d'aller sur le site des Mormons pour obtenir un accès gratuit et libre à un grand nombre de ces registres !

Cette caractéristique est encore amplifiée lorsqu'on se livre à une recherche d'articles ou de livres documentaires : les sites français se bornent en général à fournir en libre accès un court résumé afin d'"appâter le client" puis á proposer l'achat de l'article ou du livre ; par contre, les sites étrangers (Anglais, Allemands, Italiens, États-Uniens, Canadien... ) publient en libre accès un grand nombre de publications que, malheureusement pour un français, il faut traduire avant toute exploitation culturelle.
Ce phénomène est encore amplifié pour les publications techniques ou scientifiques qui sont essentiellement en anglais.

Il convient néanmoins  de remarquer qu'il existe en France des sites émanant du ministère de la culture qui constituent des bases de données dans tous les domaines de la culture, certains sont accessibles en libre-service (tel Mérimée pour l'art,  Gallica, le site de la BNF ou encore le site Persée qui fournit un large éventail d'articles de fond devenus introuvables par ailleurs.) Cependant, force est de constater que la plupart des œuvres émanant de la culture française, au moins dans le domaine de l'écrit, ne sont exploitables sur des sites étrangers.

De cet état de fait, il résulte un paradoxe : alors que le pays revendique avec âpreté  l'exception culturelle française, force est de constater que les amateurs de culture de ce pays doivent se connecter à des sites étrangers pour la trouver, ce qui impose  une connaissance correcte de l'anglais !

A suivre...

dimanche 8 novembre 2015

Le déclin de la culture française ? (14) la frange de la population éprise de culture

Suite de l'article précédent...

La frange de la population éprise de culture se trouve, en tant que consommatrice, face à deux difficultés majeures :
     . Il est rare que les spectacles présentés en France correspondent aux attentes des spectateurs,
     . Il est difficile de se documenter et de se cultiver si on ne consulte sur Internet que des sites français, Internet étant, selon moi, la plus importance source de culture actuelle.

La première difficulté est parfaitement illustrée, entre autre, dans la conception française des opéras. Les metteurs en scène et les concepteurs de ces spectacles s'ingénient à vouloir toujours du nouveau ; en effet ils émanent de ces cercles intellectualistes qui renient, tant qu'ils le peuvent, les valeurs historiques des œuvres pour utiliser des mentalités et comportements de notre époque : cela conduit à des aberrations qui laissent pantois le spectateur : en voici quelques exemples parmi les opéras que j’ai pu voir :
     . Dans le "Jules César " de Haendel, Jules César arrive dans une grosse voiture décapotable, presque incognito, sans aucun attribut qui permet de le reconnaître.
     . Dans "Don Giovanni" de Mozart, au premier acte, alors que son père vient d'être tué, donna Anna exprime sa douleur à son fiancé don Ottavio. Dans un grand festival français, donna Anna arrive en mini-jupe moulante, telle une catin, elle se couche sur la scène tandis que don Ottavio, s'allonge sur elle en un pseudo-accouplement. Cela étant effectué tout en chantant !
     . Dans "l'or du Rhin" de Wagner donné à Paris, le Walhalla est présenté sous la forme d'un immense escalier, cet escalier enlève toute poésie á l'opéra alors qu'il aurait été tellement plus intelligent de s'inspirer des légendes germaniques ou du château de Neuschwanstein pour représenter l'esprit wagnérien.
    . Enfin, l'exemple, pour moi, le plus révélateur de ces travestissements des œuvres lyriques est la représentation de " Nabucco" de Verdi dans un opéra français : les soldats du roi de Babylone ont été joués par des enfants s'amusant avec des arcs ! Où se trouve l'esprit même de cet opéra qui décrivait un peuple soumis à l'oppression d'un envahisseur ? Cette mise en scène peut être comparée au "Nabucco " de la Scala de Milan retransmis à la télévision en direct à la même époque où l'on retrouvait parfaitement illustré le sens que Verdi donna à cet l'opéra.

Cette volonté d'innover pour innover en travestissant les opéras tient en une cause simple : lorsqu'on demande à un metteur en scène ce qu'il voulût représenter, il répond invariablement : " j'ai mis en scène mon interprétation personnelle de l'opéra". La plupart des amateurs lyriques auraient pu lui répondre " on se moque totalement de la manière dont vous concevez cet opéra ! Ce qui importe seulement c'est que vous mettiez en scène ce que le compositeur a voulu représenter et signifier" avec ce corollaire : " comment vous, metteur en scène obscur, pouvez-vous prétendre rivaliser avec ces grands génies que sont Mozart, Wagner ou Verdi ! ". Il convient cependant de ne pas généraliser, certains metteurs en scène français sont parfaitement compétents et montre, s'il en est besoin, que l'on pourrait très bien faire si l'on n'était pas engoncé dans cet esprit intellectualiste imposé qui saborde le meilleur de notre civilisation ; dommage que, pour la plupart, ils soient obligés de s'expatrier pour réaliser ce à quoi ils croient ( l'exemple de la mise en scène du comte Ory de Rossini par Jérôme Savary au festival de Glyndebourne est à cet égard significatif.)

Dans de telles conditions, l'amateur d'opéra, sortant souvent déçu des représentations que donnent les opéras en France, n'a d'autre recours que de se rendre à l'étranger et en particulier en Italie et en Allemagne, d'acheter des DVD provenant de ces pays où de regarder les opéras retransmis de l'étranger par la télévision.

A suivre...

samedi 7 novembre 2015

Le déclin de la culture française ? (13) la frange de la population éprise de culture

LA FRANGE DE LA POPULATION ÉPRISE DE CULTURE

C'est la troisième  catégorie dans la répartition de la culture dans la société française telle que je l'ai définie dans les articles précédents. Cette catégorie comprend des gens qui s'intéressent au phénomène culturel et aux événements qu'il induit ; ils possèdent de solides connaissances dans leurs domaines de prédilection et manifestent une grande ouverture d'esprit sur tout ce qu'ils maitrisent superficiellement; ce sont eux que l'on rencontre lors des expositions d'art, dans les musées et dans les bibliothèques, ils assistent aux concerts, aux opéras, aux représentations théâtrales ; on les retrouve aussi lors des Journées  du Patrimoine et Découverte de la Nature. La plupart sont éclectiques, curieux de tout et avides de tout ce qu'ils peuvent apprendre. Ils fréquentent souvent les associations proposant des activités culturelles, club de peinture, de lecture,  de théâtre, de musique, chorale… et constituent des microcosmes dans et autour des villes où l'offre culturelle est présente et active.

A force de se retrouver aux mêmes endroits, ils finissent par se connaître et à dialoguer, échangeant leurs impressions dans des conversations souvent constructives, ainsi, il se forme une micro-société spontanée centrée autour du fait culturel.

Cette société, unie autour de ce qui est instructif et beau à lire, à voir, à écouter, à méditer et réfléchir ne correspond ni à une classe d'âge, ni au niveau d'études effectuées, ni à fortiori de la classe sociale d'appartenance, il n'existe aucun cloisonnement pré-établi, il suffit d'aller au théâtre pour s'en rendre compte, au moins au niveau des classes d'âge.

Il convient cependant de ne pas idéaliser ; certains participent au fait culturel seulement par snobisme ou par souci du paraître mais il s'agit d'une minorité.

Quels sont les effectifs de cette frange éprise de culture ? Elle est, selon moi,  beaucoup plus importante qu'on peut le penser ; ainsi, si l'on veut obtenir une place à l'opéra ou aux divers festivals musicaux que l'on trouve partout, il faut réserver très tôt á l'avance car ces manifestations s'effectuent souvent à guichet fermé. De même, si on veut visiter une exposition, il y a souvent plus de temps d'attente que de visite !

Il existe cependant une difficulté concernant cette frange de population éprise de culture : les gens qui en font partie sont beaucoup plus des consommateurs que des producteurs ; s'ils tentent de le devenir en peignant ou en sculptant, ils ont toutes les chances de ne jamais voir leurs réalisations présentées hors du cercle étroit de leur microcosme. S'ils écrivent des romans et des essais, ils n'ont pratiquement aucune chance de se faire éditer sauf à compte d'auteur, non pas parce qu'ils sont mauvais mais beaucoup plus parce qu'ils ne rapporteront pas assez d'argent. Dans cette perspective, les éditeurs préfèrent publier les œuvres de la camarilla intellectualiste dont ils font partie en les complétant selon les nécessités financières par des autobiographies et confessions sans intérêt, fades, douteuses et insipides de personnalités éphémèrement  connues. Ce phénomène est  actuellement heureusement inversé grâce á Internet qui permet à chacune de publier en ligne ce qu'il produit.

A suivre...



jeudi 5 novembre 2015

Le déclin de la culture française ? (12) l'américanisme dénaturé

suite de l'article précédent....

Les deux exemples utilisés, la musique dispensée par les médias et les choix de programmation effectués par les chaînes généralistes et publicitaires de la télévision, sont révélateurs des comportements d'une grande partie de la société française dans son attirance outrancière vers ce que j'ai appelé l'AMERICANISME DÉNATURÉ .

 Il convient cependant de relativiser l'impact de cette forme dégradée de culture sur la société ; ce n'est pas l'américanisation qui conduit au déclin de notre civilisation ; c'est l'inverse qui se produit : l'émergence de l'individualisme forcené, de la liberté à tout prix, de la volonté de puissance et de possession dans les mentalités et comportements actuels amènent les individus à se tourner vers les films et les séries américaines où ils retrouvent exactement ce qu'ils sont devenus. Le monde d'agressivité, de violence et de compétitivité à tout crin va de pair avec l'égocentrisme égoïste qui domine notre société. Dans cette perspective, les individus ne retiennent de la civilisation anglo-saxonne que ce qui leur correspond, sans véritablement s'apercevoir que cette civilisation maintient aussi les grands principes et les grandes valeurs morales du passé.

L'attrait pour cette forme basique de culture, possède des conséquences graves tant au niveau de la vie quotidienne qu'à celui de la culture héritée de notre civilisation passée. Aimer les séries et films américains n'est en soi pas condamnable, aimer un film d'action et lire Victor Hugo ne sont pas non plus incompatibles, il est de même si on apprécie à la même valeur le Rapp et l'opéra. Par contre, ne regarder que les séries et films américains est beaucoup plus préoccupant pour la survie de notre culture !

Si encore la déculturation de la majorité de la population ayant choisi l'américanisme dénaturé se cantonnait à ces secteurs des médias, ce ne serait que demi mal, ce n'est hélas pas le cas ; en effet, les choix télévisuels ou musicaux s'accompagnent d'autres maux en particulier au niveau de la littérature.

Les lectures de la majorité des français sont orientées vers les biographies indiscrètes et souvent indécentes d'éphémères célébrités, vers aussi une presse à scandales avide, pour vendre, de sensationnel et de ragots ainsi que vers des romans à l'eau de rose, d'espionnage ou policiers... De même, la disparition de l'art d'écrire est patente : l'orthographe, l'expression écrite, la pauvreté du vocabulaire en sont les manifestations les plus tangibles. Tout cela fait que le niveau culturel de la population est en chute libre.

Certes, l'école tend à remédier à cet état de fait en faisant découvrir aux élèves les fondements de notre civilisation tant dans les domaines de la littérature, de la musique classique et de l'art. C'est souvent peine perdue : comment un élève peut-il apprécier les grands noms de notre littérature ? Non seulement, il ne comprend ni une grande partie du vocabulaire ni la richesse des nuances de l'expression écrite ni même le sens du scénario et des modes de pensées de l'auteur, ni bien entendu leur démarche introspective mais en plus, il n'aime pas lire, préférant aux œuvres du passé, la violence sans cesse renouvelée des jeux vidéo où tout est simple.

Ainsi, dans de telles conditions, on peut penser, comme le dit M Morrison, que la culture française est en grand péril, aucun des deux courants que j'ai décrits précédemment ne semble capable de stopper le déclin :
     . Les intellectuels vivent en vase-clos hors de la société réelle et s'en désintéressent,
     . La majorité de la population se complaît dans un américanisme simpliste et rejette, faute de les comprendre, les fondements de la civilisation et de la culture française.

Pourtant il existe un espoir de régénération : en effet, entre ces deux courants, il en existe un troisième que j'ai appelé la "frange de la population éprise de culture".

mercredi 4 novembre 2015

Le déclin de la culture française ? (11) l'américanisme dénaturé

Suite de l'article précédent

La télévision, telle qu'est est conçue actuellement sur les chaînes vivant de la publicité. présente, par ses programmes,  une grande dangerosité à la fois pour la culture française mais pour les mentalités quotidiennes.

Je me suis livré à une enquête concernant, pendant une semaine,  les deux tranches d'émission du soir qui sont généralement celles de plus grande écoute sur les chaînes de la TNT :

     . Films et séries américaines: 43,4%
     . Films et séries françaises : 10,0%
     . Reportages : 35,3%
     . Variétés : 3,9%
     . Télé-réalités : 3,5% ( il y a avait peu par rapport à l'habitude)
     . Sports : 3,5% ( il n'y avait pas de grands championnats á ce moment)
     . Spectacle culturel : 0,3%

Ainsi, on peut considérer à la simple lecture de ces chiffres que, cette semaine-là, presque la moitié de la programmation des chaînes généralistes de la TNT provenait des pays anglo-saxons.

En fait, cette proportion est en réalité plus importante si on considère que les émissions de variétés comprennent une large part de chansons en anglais et que la quasi-totalité des télé-réalités ne sont que des transpositions d'émissions importées de l'étranger et principalement des Etats-Unis. En outre, si on accomplit une enquête sur les programmes de la fin d'après-midi, on peut constater qu'une grande majorité  des jeux présentés sont aussi des transpositions importées de l'étranger.

Les chiffres cités ci-dessous ne rendent cependant imparfaitement compte de la situation ; en effet  l'américanisme primaire de la télévision possède des conséquences particulièrement pernicieuses pour la société tout entière.

D'abord, en ce qui concerne les séries provenant des pays anglo-saxons, on constate qu'elles ont toutes en commun des scènes d'une grande violence : meurtres, agressions, fusillades, vols, course-poursuite sont présentes dans chacune même si le " bon" l'emporte toujours à la fin. On habitue les spectateurs à cette violence en la banalisant, ce qui ne peut que donner des idées aux gens déséquilibrés souffrant d'un mal-être, d'un manque de reconnaissance de leur valeur par la société, d'une envie de faire du mal ou de s'enrichir rapidement aux dépens d'autrui. Dans ces conditions, il n'est pas étonnant que la délinquance soit devenue un fléau social.

Les télé-réalités sont encore plus dangereuses car elles confinent à la manipulation des êtres humains :
     . D'abord, par le fait qu'elles sont toutes présentées comme des compétitions : on met en pleine lumière des individus qui ne sont absolument préparés à cela et qui, à l'inverse des sportifs, n'envisagent pas qu'ils pourraient perdre ;  quand ils sont éliminés, on peut imaginer les dégâts que cette élimination occasionne ! Ils doivent ressentir cela comme une humiliation surtout qu'elle est accomplie devant des milliers de spectateurs ; comment dans ces conditions pourraient-ils garder un peu de confiance en eux ? Comment supporter le regard des autres?  Certes, ces candidats sont tous volontaires mais il est probable qu'ils ne pensent pas à ce qui leur arrivera, d'autant que la télévision ne s'en occupera plus ensuite.
     . Ensuite par le choix des séquences qui sont diffusées : le but des responsables de ces émissions n'est pas de faire un portrait le plus exact possible des candidats ; au contraire, au moyen de séquences judicieusement choisies, on fait ressortir tout ce qu'il y a de mauvais en eux, on les classifie en un certain nombre d'archétypes sociaux qu'on livre en pâture au public. Les candidats à ces émissions disent souvent qu'ils ne se reconnaissent pas dans les portraits que l'on fait d'eux. Cette simplification à l'extrême des personnalités est caractéristique du cinéma américain tel qu'on nous le montre généralement..
     . Enfin, parce que ce sont les spectateurs qui choisissent les candidats à éliminer. Ce choix est complètement faussé par le fait que les candidats ne sont pas représentés tels qu'ils sont mais tels que la production de l'émission a choisi d'en faire : en conséquence,  le choix des téléspectateurs est téléguidé par cette même production : un candidat gentil et bon mais insipide n'a aucune chance de se maintenir, il faut plutôt faire en sorte que l'on conserve dans l'émission des gens manifestant des comportements déviants, voire amoraux et égocentriques qui permettront au suspense de se perpétuer. Cette manipulation atteint en conséquence tous les téléspectateurs qui vont s'habituer peu á peu à un mode de pensée perverti dans lequel on se lasse de la vertu et on se repaît du vice.

Ces télé-réalités m'évoquent les combats de gladiateurs de la Rome antique á la fin desquels il suffisait d'un geste du pouce pour décider de la vie ou de la mort de quelqu'un ; actuellement, il suffit de dire un numéro au téléphone pour décider du sort d'un candidat.

La troisième série d'observations découlant de cette enquête sur les programmations télévisuelles concerne les reportages et magazines d'information.

Á l'exception des reportages d'Arte et de France 5,  la plupart des émissions de ce type manifestent une pauvreté culturelle affligeante qui comporte trois volets :
     - l'évocation de catastrophes ou de scandales dans tous les domaines, politique, financier, agro-alimentaires...
     - des enquêtes policières sur des crimes et autres déviances élucidées ou non,
     - des investigations dans les quartiers sensibles, dans les urgences, les postes de police, les pompiers ..
Dans ces trois cas, on retrouve ce point commun avec les séries américaines de la présentation outrancière de la violence.

Dans l'enquête effectuée ci-dessus, sont mentionnés 10,3% de séries et de  films français, ils occupent une part faible dans les choix des téléspectateurs du fait que les films présentés sont généralement anciens et déjà diffusés à maintes reprises ; quant aux séries, outre le fait qu'elles ont été également déjà largement diffusées, elles manquent de rapidité dans l'action ce qui leur ôte beaucoup d'intérêt pour les téléspectateurs actuels.

Enfin, la retransmission des matchs sportifs tout comme les jeux généralement programmés en fin d'après-midi, évoquent pour moi plus les jeux du cirque qu'autre chose.

mardi 3 novembre 2015

Le déclin de la culture française ? (10) l'américanisme dénaturé

Suite de l'article précédent

La deuxième invasion de la culture française par l'américanisme concerne non seulement la forme linguistique mais aussi le contenu, elle se produit en particulier au niveau des choix des programmes diffusés par les médias. Pour le montrer, je me cantonnerai à ceux présentés par les radios et par la télévision.

Pour s'en rendre compte immédiatement, il suffit d'allumer son poste de radio et d'écouter les stations de radio á vocation généraliste et vivant de la publicité ; entre deux péroraisons aussi indigestes, qu'inutiles et interminables, on est quasiment sûr d'entendre soit des chansons en anglais provenant de Grande Bretagne ou des Etats-Unis, soit des chansons en français traduites de l'anglais. Certes, il existe encore des chanteurs français qui s'expriment dans notre langue mais ils bénéficient d'une audience si confidentielle qu'ils ne sont guère diffusés à la radio.

Cette orientation délibérée des stations de radio procède d'une vaste évolution d'une grande partie de la société vers la musique anglo-saxonne qui envahit notre quotidien : la sonorisation des hypermarchés, des cafétérias ou des fêtes locales est en grande partie effectuée à partir de musique en langue anglaise ; de même, la plupart des jeunes n'achètent ou ne téléchargent que des titres en anglais. Á cet égard, je suis toujours surpris quand je vois un collégien sortant de l'école, les écouteurs rivés aux oreilles chantant dans la rue la chanson qu'il écoute : cela donne un charabia informe dans lequel on a peine à reconnaître un quelconque sens. Cet état de fait est dû à deux causes, d'abord, il ne comprend pas ce qu'il chante, ensuite parce qu'il n'a qu'une idée vague de la prononciation de l'anglais.

Cette attirance pour la musique anglaise  est paradoxale chez ces jeunes quand on connaît le niveau souvent lamentable de la plupart des collégiens en anglais, cela n'est pas dû au fait que les professeurs ou les méthodes d'enseignement soient mauvais,  mais c'est beaucoup dû à la nécessité, pour pratiquer une langue, d'effectuer un apprentissage par cœur et donc de fournir des efforts que peu d'élèves ont envie de faire.

Á suivre...

lundi 2 novembre 2015

Le déclin de la culture française ? (9) l'américanisme dénaturé

Suite de l'article précédent...

Quelles explications peut-on donner de cette déperdition progressive du français ? Elles sont différentes selon que l'on considère les médias et les individus.

En ce qui concerne les médias de tous acabits, l'explication est claire : il s'agit d'appâter le spectateur ou le lecteur par des libellés-choc qui devrait compenser la médiocrité du contenu, cela augmente l'audience et donc les recettes publicitaires. Les concepteurs de ces émissions doivent trouver des mots anglais court, percutants et facilement reconnaissables : le titre du jeu  MONEY DROP est un exemple significatif de cette idée, la consonance des mots assez hachée recèle un certain mystère voire une menace, cela donne envie de regarder l'émission alors que personne ne regarderait une émission qui s'appellerait " PERTE D'ARGENT" !

Pour les individus qui emploient ce langage anglo-français, les motivations sont beaucoup plus diffuses. J'en ai trouvé au moins deux :

En premier lieu, il y a la difficulté de la langue française toute en nuances et en subtilités avec, pour chaque idée, un grand nombre de mots,  apparemment tous synonymes sans cependant posséder exactement le même sens ; avec aussi des règles grammaticales compliquées comme celle de la conjonction des temps  qui permet pourtant de définir chaque situation par rapport à son contexte. Ce sont toutes ces difficultés qui posent problème à la majorité des gens du fait de la pauvreté de leur  vocabulaire ; sur les 60.000 mots que comporte la langue française selon le Petit Robert , la majorité des gens n'en utilise au mieux qu'un millier ;  en conséquence, quand on ne dispose pas d'un mot pour exprimer une idée et par paresse intellectuelle, plutôt que de rechercher dans un dictionnaire, il est bien plus simple d'utiliser les pseudo-anglicismes  colportés par les médias et qui ne correspond que vaguement à l'anglais véritable. De la même manière, il s'est produit une déperdition au niveau de la concordance des temps avec utilisation seulement de trois temps : présent, futur et passé composé, l'imparfait tend à disparaître de même que le passé simple, le subjonctif et même le conditionnel.

En deuxième lieu, il apparait un phénomène de mode et de snobisme, cela fait bien d'employer les mots anglais que diffusent les médias même si on ne sait pas ce que ces mots veulent dire ; on passe pratiquement pour un demeuré ou pour un intellectuel ringard quand on s'exprime dans un français pur de toute influence !

Jusqu'où cette évolution peut-elle aller ? Selon moi, la généralisation du sabir anglo-français ravalera le français á une place marginale.
     . Pour les uns, cela sera grave puisque le langage étant le support et le véhicule de toute une pensée et d'une culture, la marginalité atteindra aussi tout ce qui fit la fierté de notre civilisation pendant des siècles.
     . Pour d'autres, la création d'un jargon universel à partir de l'anglais abâtardi permettra une meilleure compréhension entre les hommes faisant disparaître le mythe de la tour de Babel.

A suivre...

dimanche 1 novembre 2015

Le déclin de la culture française ? (8) l'américanisme dénaturé

Suite de l'article précédent 

L'invasion de locutions anglaises dans le contexte linguistique de la France se produit selon un rythme qu'il est aisé de décrire. Elle ne provient généralement pas des français eux-mêmes et commence habituellement  par l'utilisation de locutions anglaises dans les médias. Á ce niveau, la palme d'or revient aux chaînes de télévision et en particulier à celles vivant de la publicité ; en voici quelques exemples :

     - emploi de mots anglais pour donner un titre ronflant à des émissions souvent sans valeur : " STAR ACADEMY", " SECRET STORY", " THE VOICE KID", " TOP CHEF", " THE ISLAND seul au monde"," MONEY DROP " "la reine du SHOPPING" .... Traduits en français, ces titres seraient moins accrocheurs : académie des étoiles (un site pour astronomes ?),  histoire de secret (de l'espionnage ?), la voix des enfants, le chef au sommet, perte d'argent, la reine des courses ...

     - emploi, dans le cadre de ces émissions, de locution empruntées à l'anglais comme
" PRIME TIME" "  (premier  temps en traduction littérale et heure de grande écoute en traduction approximative   Heureusement, on sauve la situation avec l'emploi de prime, un mot latin.... ), LE BEST OF de.. ( le meilleur de..., ce qui signifie que le reste est médiocre).

Les annonceurs publicitaires ne sont pas en reste ; voici quelques locutions trouvées en feuilletant les pages d'un catalogue émanant d'une grande surface, elles proviennent tant des producteurs  qui ne peuvent s'empêcher de mettre des mots anglais dans leurs produits que des diffuseurs  :

     . Mascara existant en WATERPROOF,
     . Ombre à paupières SMOKY STORIES,
     . Mascara SCANDALEYES,
     . Gel ... ROSE VISIBLY CLEAN,
     . distributeur de savon KIT CLASSIC NO TOUCH,
     . CLIC'N GO VANILLA FUN,
     . WONDER CORE SMAR ABDOS,

Que penser du titre d'une page publicitaire libellée ainsi :
Que penser d'une phrase apposée en bas d'une page sur internet : "cette NEWSLETTER contient des COOKIES" ? le mot cookies est admissible puisqu'il n'existe pas, à ma connaissance, de correspondance en français mais pourquoi le mot newsletter ?

Ces pratiques éminemment dommageables vont très vite se propager dans toute la population créant un sabir anglo-français que l'on utilise á tout propos afin d'être au goût du jour en parlant comme à la télévision. Si encore les individus qui s'expriment ainsi savaient le sens des mots qu'ils emploient, ce ne serait que demi-mal mais ce n'est pas le cas ; cela aboutit à des absurdités dont n'ont conscience que ceux qui connaissent un peu l'anglais ; en voici trois exemples :
   . "Soit COOL" , or cool signifie frais : que veut dire " soit frais !" ?
   . la "presse PEOPLE" : le mot PEOPLE signifiant peuple on pourrait s'attendre que cette presse soit revendicatrice des droits du peuple, ce n'est évidemment pas le cas !
    . Un grand jeu organisé par certaines boulangeries franchisées s'appelle "SHOWLESPAINS" soit "montrer les pains" (comment ? du doigt ?)

De tout ce qui précède, on peut en tirer la conclusion que le français, perdant toute substance, se sclérose et décline peu à peu. Quelles explications peut-on donner de cette déperdition progressive du français ?

A suivre...