REMARQUE
. Tous les articles de ce blog ont été rédigés par moi-même sans emprunt littéral à d'autres auteurs, ils sont le fruit d'une documentation personnelle amassée au cours des ans et présentent ma propre vision des choses. Après tout, mon avis en vaut bien d'autres.
. Toutes les citations de mes articles proviennent de recherches sur les sites gratuits sur Internet



Mon blog étant difficilement trouvable par simple recherche sur internet, voici son adresse : jeanpierrefabricius.blogspot.com

lundi 31 octobre 2016

Un regard sur ANGKOR (CAMBODGE) (62) YASHODARAPURA 4, LE TEMPLE DU PREAH KHAN

L’ENCEINTE DE LA VILLE

Elle est formée d’un mur en latérite précédé d’une douve. L’ensemble est interrompu par quatre pavillons d’entrée à gopura ; la plus représentative de ces entrées est celle qui est orientée à l’ouest, elle est figurée  sur les photos ci-dessous.


L’ensemble (photo de gauche) comporte trois pavillons quadriformes reliés par de courtes galeries de hauteur légèrement moindre que  celle des bras des pavillons. La salle centrale est surmontée de tours dont le parement masque la cheminée centrale.

La structure extérieure de ces tours (photo du centre) est la même que celle des tours traditionnelles de l’art khmer :
     . Deux piliers supportant un linteau et un tympan limité par une forme ondulée de nagas,
     . Deux colonnes moulurées encadrant la porte,
     . Des faux étages dénivelés reprenant la forme de base du premier niveau avec fausses portes encadrées de piliers et de linteaux comportant un tympan,
     . Une forme terminale en fleur de lotus.

La décoration des tympans montre cependant une différence par rapports aux tours traditionnelles : au lieu de représentations des dieux et croyances hindouistes, on trouve ici des alignements de bouddhas ou d’orants en méditation, ceux-ci subsistent au niveau des étages, par contre ceux du premier niveau ont été martelés lors de la réaction shivaïte qui suivit le règne de Jayavarman VII. Aucun de ces gopura de cet ensemble ne porte de visage.

En avant de l’entrée principale, se trouve une chaussée permettant de passer les douves. Elle est bordée d’une balustrade (photo de droite) qui illustre le mythe vichnouïste du barattement de la mer de lait. D’un côté, les asuras (démons) tirent sur le serpent Vakusi, de l’autre, les deva (dieux) font de même. Cette entrée témoigne, encore une fois, de la coexistence de l’hindouisme et du bouddhisme dans la ville. De même, l’enceinte de la  ville comporte, comme au Ta Phrom, des représentations de Garuda en homme à tête d’oiseau les bras levés comme s’il supportait et protégeait le temple en empêchant les démons d’entrer.  Ainsi, le temple bouddhiste semble placé sous la sauvegarde des dieux hindouistes et plus spécialement sous celle de Vichnou en tant que préservateur de l’ordre cosmique.

Au-delà, de la chaussée bordée de la représentation du barattement de la mer de lait, se trouve, vers l’Est une avenue qui mène au baray du Jayatataka qui sera évoqué postérieurement.

Cette avenue est bordée d’une enfilade de stèles permettant de donner une signification théologique indubitable à cette harmonieuse synthèse entre l’hindouisme et le bouddhisme que l'on trouve partout dans Jayacri.

 Cette stèle comporte deux niveaux :  en dessous est représenté un Garuda aux bras levés qui semble supporter, au-dessus, le Bouddha en méditation au moment de l’illumination. Pour moi, cette scène révèle bien les mentalités religieuses de Jayavarman 7 pour qui l’Hindouisme et le Bouddhisme sont étroitement imbriqués :
     . L’essentiel du message bouddhiste est l’illumination par laquelle Siddhartha Gautama est devenu le Bouddha,
     . Les concepts théologiques de l’Hindouisme font de Siddhârta Gautama- Bouddha le 10e et le plus récent avatar principaux de Vichnou et le 24e des 25 avatars totaux de ce dieu ; à ce titre, il est normal qu’il soit représenté avec Garuda, la monture habituelle de Vichnou.

Ainsi, en figurant le Bouddha et sa monture, le roi semble dire à son peuple qu’il sait attaché à la Trimurti , le bouddhisme n’est pas une religion nouvelle, elle est simplement le dernier développement du culte de Vichnou dont d’ailleurs Suryavarman 2 avait fait sa divinité principale à Angkor-Vat.

A suivre...

dimanche 30 octobre 2016

Un regard sur ANGKOR (CAMBODGE) (61) YASHODARAPURA 4, LE TEMPLE DU PREAH KHAN

LE REMPART CEIGNANT LA VILLE DE JAYACRI

Le temple est terminé par une enceinte de latérite ouverte par  des pavillons cruciformes :

   . Les faces Ouest, Nord et Sud comportent un seul pavillon cruciforme qui donne directement sur les temenos  consacré à  Vichnou, Civa et Jayavarman 2.
          . Les photos du centre et de droite montrent les pavillons d’entrée Nord et Ouest précédés d’une terrasse cruciforme aux balustrades comportant des représentations de Nagas comme dans les temples d’époque antérieure ; de même, les escaliers sont cantonnés de podium portant des lions gardiens.
          . La photo de gauche du pavillon Ouest est révélatrice de l’architecture employée : le pavillon central cruciforme est bordé de deux salles aux voûtes dénivelées formant transition entre ce pavillon et le mur en latérite que l’on aperçoit à l’extrême gauche.

  . La face Est  comportent  trois pavillons correspondant aux trois pavillons d'entrée du temenos central.
          . Les deux pavillons latéraux de l’enceinte donnent sur des allées qui mènent aux tours d’angle au-delà de l’enceinte ajoutée.
          . Le pavillon central donne sur le « hall des danseuses », la cella de Tribhuvanameçvara  puis sur le pavillon  axial du temenos, le mandapa et enfin sur la cella de Jayavarmeçvara-Avalokitesvara : la photo de  gauche montre ce pavillon central précédé d’une vaste esplanade

La stance 40 de la stèle indique que « aux portes des quatre points cardinaux, il y a 24 divinités, cela fait en tout 430 (dans le temple) ».

LA VILLE ET L’ENCEINTE QUI L’ENTOURE.

De la cité, il ne  reste qu’un seul bâtiment identifiable qui doit être le gîte d’étape (appelé communément maison du feu.). Ce bâtiment se compose  d’une tour cruciforme qui doit servir de sanctuaire comportant les quatre dieux mentionnés à la stance 39 et d’une salle oblongue avec travée centrale de piliers surmontée d’une voûte à double encorbellement cantonnée de deux galeries à  simple encorbellement.

Il est évident que la ville comportait une population importante : la stèle en mentionne une partie :
       . 117 : les Kuti (cellules seront les traductions consultées) totalisent 439
       . 108 : il y a un professeur et 15 professeurs adjoints
       . 109 : des Yogi, supports de la loi, ayant l’ascèse pour conduite, prêchant la loi
       . 110 : tous-ceux là sont 338, quant aux  çaiva, (adeptes du tantrisme)  il y en a 39
       . 111 : tous ces gens qui reçoivent assistance sont au nombre de 1000.

Ces cinq stances donnent d’abord deux chiffres globaux : 1000 personnes sont entretenues par le temple, ils sont repartis dans 439 kuti ; sur ces mille personnes, 338 fréquentent l’université bouddhique, celle-ci comporte 16 enseignants dont sans doute un supérieur, 39 çaiva  et donc 274 étudiants.

Le reste de la population entretenue par le temple comporte 661 personnes qui sont sans doute les religieux et les servants en charge des cultes et de l’entretien du temple.

L’université comporte des annexes puisque globalement du temple dépendent 1512 kuti et 2938 étudiants ou résidents.

 A ces kuti établis dans le temple s’ajoutent selon la stance 103, 485 sections de maisons en pierre où logent les autres habitants.

samedi 29 octobre 2016

Un regard sur ANGKOR (CAMBODGE) (60) YASHODARAPURA 4, LE TEMPLE DU PREAH KHAN

LE TEMPLE À L’EPOQUE DE JAYAVARMAN VII (suite)

L’AIRE COMPRISE  ENTRE LES TEMENOS ET  L’ENCEINTE DU TEMPLE

Entre les quatre temenos auxquels il faudrait peut-être ajouter le temenos d’ Udayaditvarman qui aurait pu être démoli,  et l’enceinte du temple, se déploie un vaste espace sur lequel se trouvent des bassins, des allées et terrasses reliant les différentes parties du temple et des bâtiments indiqués en vert sur le plan.

Deux de ces bâtiments ont été colorés en violet car ils méritent un intérêt particulier :

   . Le premier (1) du plan est un vaste hall à piliers pourvu de quatre patios longs et étroits. (ci contre se trouve le plan et la coupe Nord-Sud de cet édifice). Il comporte huit rangées de piliers carrés reliés par un entablement horizontal.  La photo du centre montre l'allée centrale de ce vaste hall. On y trouve une architecture commune aux bâtiments khmers avec de gros piliers carrés portant un entablement, lui-même supportant une double voûte à encorbellement : cette partie centrale est contrebutée de part et d’autre par une voûte à simple encorbellement qui donne sur le patio. Les entablements sont sculptés de lignes d’apsaras ( danseuses célestes) surmontées de niches martelées qui portaient des statues du Bouddha. La présence de ces apsaras a fait penser, comme au Ta Prohm, à un édifice servant aux danses sacrées.

  . Le deuxième (2) est un bâtiment comportant encore un étage , ce qui est rare sur le site actuel d’Angkor. Comme le montre la photo de droite, au niveau inférieur  se trouve une salle oblongue comportant deux lignes de colonnes circulaires à chapiteaux  supportant un entablement horizontal sur lequel se trouvait  la séparation entre les deux étages. De part et d’autre de la salle centrale sur le petit côté se trouvent deux porches à quatre colonnes.



La photo de gauche montre ces deux bâtiments dans leur environnement. Au centre se trouvent les chaussées reliant ces constructions au temenos central ; à  gauche, on retrouve l’édifice à un étage ;  à droite se trouve le mur du grand hall aux danseuses.

Pour tenter de connaître l’attribution de ces deux bâtiments, il est nécessaire de revenir aux informations données par la stèle concernant la localisation des  diverses dédicaces effectuées aux dieux : la stance 39 donne les renseignements suivants : «  un Dieu dans le magasin à riz, dix dans les déambulatoires, quatre dans le gîte d’étape, trois à l’hôpital »

Sur ces quatre localisations, on peut penser que deux sont situées hors de la zone cultuelle du temple et sans doute dans la ville : l’hôpital et le gîte d’étape,  (un bâtiment retrouvé dans la cité peut lui correspondre), il reste alors deux implantations possibles dans l’enceinte du temple : les déambulatoires et le magasin à riz ; certains auteurs ont émis l’hypothèse que les premiers pourraient correspondre à ce que l’on qualifie de hall aux danseuses et le magasin à riz au bâtiment à étage.

vendredi 28 octobre 2016

Un regard sur ANGKOR (CAMBODGE) (59) YASHODARAPURA 4, LE TEMPLE DU PREAH KHAN

LE TEMPLE À L’EPOQUE DE JAYAVARMAN VII (suite)

LE TEMENOS CENTRAL
Suite de l’article précédent.

La structure du type de celle qui existait au niveau de la dernière terrasse d’Angkor-Vat associant la galerie d’enceinte, la cella et les galeries axiales de liaison n’existe plus à l’état primitif  que dans la partie nord ; de nombreuses transformations eurent lieu dès  l’époque de Jayavarman VII comme le montre le plan ci-dessous qui associe à la structure théorique présenté précédemment et les chapelles destinées aux 283 dieux que, selon la stèle, le roi avait placé dans le temenos central de Jayavarmeçvara, le père du roi assimilé à Avalikitesvara


Ces chapelles  sont localisées dans deux zones matérialisées sur le plan par des couleurs différentes :
     . les unes (en vert) sont situées dans le temenos,
     . Les autres (en bleu) se trouvent à l’extérieur de celui-ci sur sa face Est,

Ces chapelles qui s’ouvrent toutes vers l’Est sont de deux formes :
          . Les unes sont de plan rectangulaire et sont précédées de petits porches. Elles comportent un toit à double encorbellement terminé par un tympan ouvragé surmontant  le porche. (photo de gauche)
          . Les autres sont cruciformes surmontées d’un toit à faux étages.






La construction de ces chapelles a, selon moi, modifié la structure du temple :
   . Certaines chapelles ont leur chevet adossé au portique à piliers du temenos (cf la photo ) , ce qui masque complètement celui-ci ;
   . D’autres possèdent  un porche qui déborde sur le hall de liaison entre la cella et le gopura.
   . Les transformations les plus importantes se situent sur la face Est où on a construit à l’extérieur  de la galerie d’enceinte toute une série de chapelles cruciformes. C’est peut-être la localisation de ces chapelles qui a conduit à la construction d’une nouvelle galerie concentrique à celle du temenos central  postérieurement à l’époque de Jayavarman VII.

mercredi 26 octobre 2016

Un regard sur ANGKOR (CAMBODGE) (58) YASHODARAPURA 4, LE TEMPLE DU PREAH KHAN

LE TEMPLE À L’EPOQUE DE JAYAVARMAN VII (suite)

LE TEMENOS CENTRAL

Le temenos central est beaucoup plus vaste que les trois autres, cependant, il possède les mêmes éléments structurels comme le montre son plan de reconstitution telle que je l’ai dessiné au vu de l'architecture actuelle de la galerie nord sans y incorporer les chapelles adventices afin de retrouver ce qui pourrait être le plan original :


     -1 une cella quadriforme comportant une chambre centrale surmontée de la cheminée servant de parement à la tour à faux-étages et quatre porches latéraux orientés vers les points cardinaux,
   - 2 un Mandapa ouvrant sur la porte Est de la cella
   - 3 une galerie entourant le temenos ouvrant sur celui-ci.
   - 4 des tours d’angle,
   - 5 des gopuras d’accès aux points cardinaux.
   - 6 quatre cours comme sur la dernière terrasse  à Angkor Vat.

Néanmoins, il apparaît dans ce temenos central plusieurs singularités :

     .  Le nombre de gopura d’entrée est porté à six : un gopura central sur les faces Nord, Ouest et Sud ouvrant sur les autres temenos, trois sur la face Est. Une telle configuration existait  déjà à Angkor-Vat.

      . la liaison entre les gopuras axiaux et la cella est faite non par de simples allées mais par des halls composés de  lignes de piliers supportant une succession de voûtes à double encorbellement. Ces halls se trouvent sur les faces Nord, Ouest et Sud ( photo ci-contre), à  l’Est en effet se trouve le mandapa.

     . les galeries ceignant le temenos sont composées de deux éléments :
          . Un déambulatoire  au toit en forme de double encorbellement fermé par un mur continu vers l’extérieur et par une colonnade à piliers et à fenêtres vers l’intérieur.
          . En avant se trouve un portique à piliers carrés surmonté d’une voûte à simple encorbellement contrebutant le mur du couloir.

Cette structure a été largement modifiée par l'implantation des chapelles qui se produisit dès le règne de Jayavarman 7.

A suivre....

mardi 25 octobre 2016

Un regard sur ANGKOR (CAMBODGE) (57) YASHODARAPURA 4, LE TEMPLE DU PREAH KHAN

LE TEMPLE À L’EPOQUE DE JAYAVARMAN VII (suite)

Le plan du temenos de Civa permet de préciser les éléments d’architecture du temple :


1 :  pavillon d’entrée situé au nord ;  il est relié directement au gopura qui s’ouvre sur l’enceinte du temple en sorte que l’on peut accéder directement de l’extérieur au temenos de Civa. Comme les trois autres,  ce pavillon est  de plan cruciforme et était très probablement surmonté  d’une tour-cheminée à faux étages dont il ne reste que le  soubassement.

2 :  gopura Sud relié par une chaussée au temenos central.

3 :  gopura Est ouvert sur une chaussée donnant sur un bassin situé à l’intérieur de l’enceinte du temple.

4 : tour d’angle cruciforme probablement en forme de tour à faux étages. Des tours de ce type étaient construites aux trois autres coins.

5 : galerie entourant le temenos devant servir à la circulation des fidèles autour de la cella ; la photo de gauche montre l’aspect de ces galeries : elles sont éclairées de fenêtres des deux côtés,  sont surmontées d’une seule voûte à double encorbellement et ne comportent pas de portiques ; c’est dans ces galeries, ainsi que dans les tours d’angle et les gopura que devaient se trouver les 30 dieux mentionnés sur la stèle.

6 :  MANDAPA précédant la cella et s’ouvrant sur elle. Le mandapa sert de liaison entre la cella et le gopura oriental. Sur la photo centrale ci-dessous, on aperçoit le mandapa à gauche et au premier plan, Latéralement, il comporte une porte cantonnée de deux fenêtres. Une telle association cella-mandapa n’est pas nouvelle au Cambodge, on la trouve en particulier dans le temple de Bantheay Srei. Sur la photo de droite, les murs du  mandapa se trouvent au premier plan avec dans le fond la porte d’accès à la cella surmontée de sa tour à faux étages.

7 : La CELLA est de plan quadriforme avec une salle centrale surmontée d’une cheminée dont le parement extérieur crée la tour à faux étages. C’est cette tour qui se trouve sur la photo centrale ci-dessous. Les bras de la croix s’ouvrent en direction des quatre points cardinaux vers les quatre gopuras axiaux du temenos. Une petite allée les relie au nord, à l’est et au sud ; à l’ouest, un hall à colonnes (8) relie le gopura à la cella. Ces allées et ce hall subdivisent l’aire du temenos en quatre cours selon le modele d’Angkor-Vat.

9 : bâtiment de plan rectangulaire avec porche qui évoque une bibliothèque.


A suivre...

dimanche 23 octobre 2016

Un regard sur ANGKOR (CAMBODGE) (57) YASHODARAPURA 4, LE TEMPLE DU PREAH KHAN

LE TEMPLE À L’EPOQUE DE JAYAVARMAN VII

J’utiliserai ici la même terminologie que celle employée pour le Ta-Prohm à propos des enceintes successives tout en spécifiant les correspondances avec la classification habituelle :
   . Galeries des temenos entourant les cella ou première enceinte,
   . Enceinte entourant le temple ou troisième enceinte,
   . Enceinte entourant la ville ou quatrième enceinte,
   . A cela s’ajoute une enceinte supplémentaire postérieure à l’époque DE JAYAVARMAN VII, appelé couramment deuxième enceinte.

La description des cella est indiquée avec précision sur la stèle.

Citons d’abord une stance liminaire : :
   . 33 : «  Prayaga (actuelle Allahabad) mérite d’être abordée avec respect à cause de la proximité de deux TIRTHA ( le confluent du Gange et du Yamuna ou encore de la rivière mythique Sarasvati) où l’on fait de bonnes actions pour la purification des créatures ; que dire alors de Jayacri illustrée par les trois TIRTHA ( lieux sacré) de Bouddha, de Civa et de Vichnou. »

Cette stance nous apprend que la  ville de Jayacri comporte trois temenos, dédiés à Bouddha, Civa et Vichnou, ce qui en fait un lieu de pèlerinage de tout premier ordre.

En fait, il existe non pas trois mais cinq temenos comme l’indiquent les stances suivantes :
   . 34 : Le roi Cri JAYAVARMAN VII a ouvert les yeux du seigneur du monde appelé Cri JAYAVARMEÇVARA à l’image de son père,
  . 35 : autour du saint AVALOKISTEVARA qui est au milieu, le roi a placé 283 dieux
  . 36 : le roi a placé à l’est 3 dieux dont le premier est Cri TRIBUVARMANEÇVARA
  . 37 : au sud, il a placé 32 dieux à commencer par Cri  YACOVARMEÇVARA
  . 38 : il a placé à l’ouest 30 dieux à commencer par Cri  CAMPEÇVARA et au nord 40 dieux à commencer par CIVAPADA.

Ainsi se définissent cinq cella que l’on peut définir par leur dieu principal :
   . Au centre, se trouve la cella dédiée au père du roi  (Dharanindravarman ) assimilé au Bodisatva Avalokistevara mais à qui est donné le nom du roi lui-même,
   . A l’ouest et au nord sont vénérés les dieux principaux de l’hindouisme Vichnou (Campeçvara) et Civa (Civapada), on retrouve la triade citée dans la stance 33.
  . Au sud et à l’est, se trouvent les cella des deux prédécesseurs de JAYAVARMAN VII, YASHODVARMAN II (1160-1166) et TRIBHUVANADITYA (1166-1177) ; d’une manière assez surprenante, Jayavarman VII associe, en leur consacrant des statues,  le roi assassiné et  l’usurpateur du trône qui mourut à son tour assassiné par les Chams.

Sur le plan simplifié du temple,  on peut encore distinguer l’emplacement de ces cellas, elles sont précédées d’un double  Mandapa et entourées d’un portique formant temenos pour trois d’entre elles. Seules celle de l’est dédiée à TRIBHUVANAMEÇVARA se réduit actuellement à une simple cella sans temenos, il se peut que la galerie d’enceinte ait été détruite postérieurement à la consécration de 1191.

samedi 22 octobre 2016

Un regard sur ANGKOR (CAMBODGE) (56) YASHODARAPURA 4, LE TEMPLE DU PREAH KHAN

Le PREAH KHAN présente, à beaucoup de points de vue, une grande ressemblance avec le Ta Prohm.
 
  . D’abord, est conservée sa stèle de fondation, ce qui permet d’intéressantes comparaisons entre les informations données sur cette stèle et la topographie actuelle des ruines afin de préciser les phases et les caractéristiques de la construction.

     . Le  Preah-Khan  est en réalité une ville appelée Jayacri à laquelle sont assorties de nombreuses dépendances. Cette ville fut fondée après la victoire du roi sur les Chams comme le montre la stance 32 de la stèle : «  le lieu où dans le combat, réceptacle du sang de l’ennemi, il avait emporté la victoire, il fonda une ville appelée Jayacri dont les pierres et les lotus d’or changent la couleur du sol et brillent encore aujourd’hui comme si ils étaient enduits de sang » La  consécration des temenos  est donc survenue peu après 1191 ; ainsi, le Preah-Khan date du début du règne du roi et est pratiquement contemporain de la construction du Ta Prohm.

     . Le PREAH KHAN présente les deux mêmes caractères généraux que le Ta Prohm :
          . Il est construit sur terrain plat puisque le bouddhisme ne nécessite pas de temple-montagne,
          . Il est dédié à une multiplicité de déités bouddhistes, Bouddha et Bodisatva  et de dieux de l’hindouisme auxquels sont assimilés les défunts que l’on veut honorer.

Comme pour le Ta Prohm,  je me propose de comparer les indications de la stèle à la topographie du temple actuel en deux étapes :
    . Description du temple proprement dit.
    . Vue d’ensemble de l’environnement régional du PREAH KHAN.

À suivre...

vendredi 21 octobre 2016

Un regard sur ANGKOR (CAMBODGE) (55) YASHODARAPURA 4, LE TEMPLE DU TA PROHM

LE PLAN ET LES CARACTÉRISTIQUES ARCHITECTURALES DU TA PROHM (suite)

Pour décrire le reste de la ville de RAJAVIHARA, il convient de se reporter au plan d’ensemble du site.


Passées les douves entourant l’espace cultuel, on se trouve dans la cité elle-même, il n’en reste rien à l’exception d’une construction bordant l’allée menant au temple qui devait servir de gîte d’étape et était du même type de ceux que Jayavarman 7 fit construire dans tout le royaume le long des routes réparées après les invasions. Il existe aussi une ruine de terrasse érigée, selon les spécialistes, à une époque postérieure à celle du reste du temple.

Enfin, se trouve le mur d’enceinte de la ville, il est construit en latérite ( la limonite de la stèle) et comporte cinq ouvertures : quatre portes principales situées dans l’axe des points cardinaux et une porte secondaire. C’est au niveau de ces portes principales rappariait un intéressant changement  architectural comme le montrent les deux photos ci-dessous de la porte nord.


La photo de gauche montre la porte nord vue de l’intérieur, elle est surmontée d’une tour comportant les quatre visages représentatifs du bouddhisme que l’on trouvera sans cesse répétés au temple du Bayon. Cette porte était cruciforme et comportait deux porches ouverts sur l’intérieur et sur l’extérieur de la ville.

La photo de droite montre la même porte vue de l’extérieur, l’élément le plus surprenant de cet endroit se trouve dans le coin de celle-ci : il y est sculpté un atlante,  les deux bras levés comme s’il portait la tour à visages ( ou le serpent Naga formant le faîte du mur comme au PREAH KHAN) ; ce personnage mi-homme mi-oiseau possède une tête d’oiseau que l’on reconnaît sans peine comme celle de Garuda, la monture de Vichnou. La présence de ces deux entités, tour à visages et atlante, au même endroit montre à quel point elles sont associées et même complémentaires : Garuda semble protéger l’espace immédiat tandis que les visages bouddhiques regardent plutôt vers le lointain.

CONCLUSION SUR LA COMPARAISON ENTRE LES RUINES ACTUELLES DU TA PROHM ET SUR L’INSCRIPTION DE LA STÈLE

Ainsi, apparaît, selon moi, une certaine similitude entre l’inscription de la stèle et les ruines actuelles du Ta Prohm qui permet d’élaborer une probable  chronologie de l’histoire du temple :
     . Antérieurement à 1186 : construction des cella et du temenos afin d'abriter les statues de la mère du roi et de son guru et permettre d’effectuer leur dédicace aux "dieux".
     . Entre 1186 et l’érection de la stèle survenue dans les premières années suivant la victoire contre les Chams : construction de la quasi-totalité du temple dont l'enceinte extérieure.
     . Postérieurement à la pose de  la stèle : travaux complémentaires dont la construction de la deuxième enceinte (selon le nom traditionnel donné à celle-ci) entourant le temenos central.

Cette chronologie ne permet pas de résoudre une particularité du Ta Prohm : la datation des tours à visages de l’entrée de la ville : deux alternatives sont possibles : La construction des tours à visages est-elle contemporaine de l’érection de la stèle ou résulte-t-elle d’un réaménagement postérieur des portes de l’enceinte de la ville ? Si la  première hypothèse était vérifiée, on pourrait considérer que le Ta Prohm serait un précurseur d’une  stylistique qui conduira à l’architecture du Bayon. Il est cependant probable que seule la deuxième alternative est envisageable.

Prochain article : le PREAH KHAN

jeudi 20 octobre 2016

Un regard sur ANGKOR (CAMBODGE) (54) YASHODARAPURA 4, LE TEMPLE DU TA PROHM

LE PLAN ET LES CARACTÉRISTIQUES ARCHITECTURALES DU TA PROHM (suite)

Entre l’enceinte ceignant le temenos (en brun sur la photo, troisième enceinte selon la terminologie traditionnelle)  et l’enceinte extérieure du temple (quatrième enceinte) se trouve un espace divisé entre trois parties  séparées par un mur dont le plan comporte un redent central.


L’espace Nord et l’espace Sud se caractérisent par les mêmes structures :
            . Un bassin en forme de U suivi d’un bassin carré longe le mur à redents.
            . Entre le mur  de l’enceinte et les bassins se trouvent  93 petites constructions rectangulaires  précédées d’un petit porche ; elles doivent correspondre aux cellules des moines ; ceux-ci devaient jouir d'un plaisant paysage propre à la méditation avec les bassins et, au delà du mur, les tours à faux étages du temple proprement dit.

L’espace central orienté Ouest- Est  comporte divers bâtiments et structures :

          . A l’est, est construit un vaste bâtiment à colonnes ( vert clair du plan ) comportant quatre patios. Un décor représentant des apsaras  fait naturellement penser que ce bâtiment servait au danseuses dont mention est faite sur la stèle. Certains auteurs pensent que cet espace pouvait aussi être le « Palais Royal » où moines et étudiants recevaient leur subsistance ; néanmoins, l’affectation du pavillon à des activités seulement cultuelles est, selon moi, la plus probable.

          . A l’ouest une chaussée surélevée cruciforme (en jaune sur le plan)  relie le gopura d’entrée de l’enceinte extérieure du temple (bleu sur le plan) à celui qui entoure le temenos (brun sur le plan) .

 Les deux photos ci-dessous montre cet espace et la chaussée cruciforme  qui relie les deux gopuras :


Sur ces deux photos, apparaît, au premier plan, la chaussée surélevée cruciforme  reliant les deux portes, elle est bordée d’une balustrade formée, selon le modèle des temples Khmers hindouistes, du corps du Naga. A chaque angle de la terrasse figurent des têtes dressées du naga en forme d'éventail,

Sur la photo de gauche, se trouve, au second plan, le mur en limonite qui sépare le temple  de la ville ouvert par un  porche de liaison entre les deux espaces : derrière ce porche, on devine les ruines du gopura adossé à ce mur.

Sur la photo de droite, on aperçoit la triple entrée qui donne accès à l’aire comportant les temenos et les chapelles, le porche principal cruciforme surmonté d’une tour à faux étages, les deux entrées latérales ayant la forme de pavillons cruciformes et les galeries à double portique reliant les entrées et faisant le tour de l’enceinte.

L’enceinte ceignant le temple (bleu sur le plan) se compose, comme il est dit plus haut d’un mur de limonite percé de deux portes ; en avant de ce mur a été creusé un bassin servant de douves qui s’interrompt au niveau de l’ Est par une large esplanade précédant l’entrée principale du temple. A l’ouest, l’accès au temple s’effectue par une chaussée cruciforme construite dans le bassin. ( ces deux accès sont colorés en vert foncé )

À suivre...

mardi 18 octobre 2016

Un regard sur ANGKOR (CAMBODGE) (53) YASHODARAPURA 4, LE TEMPLE DU TA PROHM

LE PLAN ET LES CARACTÉRISTIQUES ARCHITECTURALES DU TA PROHM (suite)

Dans l’intervalle entre les trois temenos et l’enceinte qui les entoure  ( dessinée en brun sur le plan ci-dessus, troisième enceinte selon la terminologie habituelle) , se trouve un ensemble de constructions occupant une grande partie de la surface disponible (dessinées en vert sur le plan). Elles sont de toutes les  formes :  halls à piliers, galeries, salles oblongues ressemblant aux bibliothèques des temples des époques précédentes , pavillons en croix surmontés d’une tour à faux étages... La plupart de ces bâtiments correspondent aux chapelles  abritant les statues des nombreux «dieux». auxquels  étaient assimilés les défunts que l’on voulait déifier.

Une de ces cella est représentée ci-contre :

On retrouve les formes déjà existantes à  l’époque d’Hariharalaya :
     . Une base carrée avec quatre porches en avant qui créent un plan cruciforme,
     . Une tour formée de faux étages reproduisant le premier niveau de la cella,
     . Des porches comportant deux colonnes cannelées encadrant la porte et deux piliers sculptés surmontés d’un tympan limité par la forme ondulée d’un corps de Naga.

Il existe cependant une originalité qui diffère ce tympan des tympans des époques précédentes : il représente des sculptures ayant trait au Bouddha. On aperçoit ici deux lignes de zélateurs bouddhistes, au-dessus se trouvait sans doute une représentation de Bouddha mais elle a été martelée.

Dans cet intervalle entre les temenos et l’enceinte ceignant le temple fut construite postérieurement à l’époque de l’érection de la stèle une nouvelle enceinte  (deuxième enceinte selon la terminologie habituelle) que les archéologues pensent postérieure à l’époque de la stèle ; elle est figurée sur le plan au moyen d’un pointillé vert.

L’enceinte ceignant les trois temenos et les chapelles (troisième enceinte selon la terminologie habituelle représentée en brun) comporte,  comme à Angkor-Vat et au Baphuon, les trois éléments habituels :
   . Une galerie fermée vers l’aire des temenos et s’ouvrant vers l’extérieur par un double portique,
   . Des pavillons d’angle,
   . Des portes axiales, au nombre de trois à l’Est et à l’Ouest. Au Nord et au Sud, les portes s’ouvrent sur les temenos latéraux

Les photos ci- dessous montrent que l’on retrouve au niveau de cette enceinte, les caractéristiques architecturales des temples de l’époque antérieure et en particulier du Baphuon :


   .  La photo de gauche représente l’enceinte vue de l’intérieur de l’aire des temenos et des chapelles.  Le mur est à nu sans fausses fenêtres. Un simple porche s’ouvre sur l’extérieur, il comporte, comme sur la cella représentée plus haut, deux pilastres surmontant un tympan à la forme ondulée de Naga et des représentations de zélateurs du Bouddha.

     . A droite, est représentée l’aspect  d’une galerie, on retrouve à gauche le mur sans ouverture jouxtant  l’aire des temenos  puis le double portique composé de piliers carrés. Le mur de fond est à nu ; on retrouve parfois des traces de sculptures mais l’essentiel a été martelé.

     . La photo du centre montre l’enceinte extérieure de l’aire des temenos  : on y aperçoit les deux portiques ainsi que le double système du couvrement : la voûte à double encorbellement au dessus de la galerie est cantonnée par une demi voûte surmontant le portique. Ces galeries donnaient un aspect particulièrement monumental à l’enceinte qui entourait les temenos.

A suivre ...

lundi 17 octobre 2016

Un regard sur ANGKOR (CAMBODGE) (52) YASHODARAPURA 4, LE TEMPLE DU TA PROHM

LE PLAN ET LES CARACTÉRISTIQUES ARCHITECTURALES DU TA PROHM

Le but n’est pas ici de décrire séparément et de manière détaillée chaque partie de ce temple mais beaucoup plus d’évoquer ses grands ensembles du centre vers la périphérie afin de faire ressortir son organisation générale à l’époque de JAYAVARMAN 7 et de permettre de comparer les indications de la stèle à celle du plan actuel en tenant compte des études effectuées tant au niveau stylistique qu’à celui de la susceptibilité magnétique moyenne  du grès, cette dernière présente en effet de fortes variations qui correspondent aux différentes carrières dans lesquelles sont extraits les grès de construction.


Les trois sanctuaires correspondent à ce qui est mentionné dans la stèle : au centre se trouve la cella de la mère du roi , de part et d’autre, au nord et au sud sont érigées les deux cella où l’on vénère le guru du roi ( en rouge). Ces cella sont entourées de galeries carrées formant leur temenos ( que l’on qualifie habituellement de première enceinte) et  ouvrant sur l’extérieur par des tours-portes orientées vers  les directions cardinales.(en orange)

Les deux photos ci-dessous montrent l’architecture du temenos sud et de sa cella :
 

  . La photo de gauche montre l’aspect extérieur de ce temenos : au centre du cliché, on trouve un pavillon d'entrée de plan quadriforme surmonté d’une tour à faux étages servant de parement à la cheminée qui surmonte la salle centrale ; ce type est ancien puisqu’on le trouve déjà dans le première ville d’Hariharalaya. Les galeries présentent vers l’extérieur un mur à nu sans décoration, le portique s’ouvrant uniquement vers la cella

   . La photo de droite montre le temple central du temenos sud : il comporte une salle rectangulaire ouverte sur trois côtés et couverte d’une voûte à double encorbellement puis une tour à faux étages cruciforme. Les auteurs qui ont étudié le Ta Prohm ne sont pas d’accord sur l’attribution de ces deux salles : mandapa et tour en croix ou tour en croix et  cella. La première forme avait déjà été employée dans la cella de BANTHEAY SREI.

Ainsi les trois temenos et les trois cella ne possèdent aucune originalité architecturale, l’architecte se bornant à répéter les formes héritées du passé.

A suivre...

dimanche 16 octobre 2016

Un regard sur ANGKOR (CAMBODGE) (51) YASHODARAPURA 4,LE TEMPLE DU TA PROHM

LES CARACTÉRISTIQUES GÉNÉRALES DES TEMPLES DE L'ÉPOQUE DE JAYAVARMAN VII

Trois  remarques liminaires s’imposent qui s’appliqueront à l’ensemble des temples bouddhistes construits par Jayavarman 7 :

     . Tout d’abord, le temple du Ta Prohm n’est pas un temple-montagne, mais un temple construit sur un terrain plat : à la différence de l’hindouisme qui nécessitait la figuration du mont Mérou, le bouddhisme n'impose pas une élévation en pyramide. Seul le Bayon possède une structure à trois niveaux.

     . Le changement de religion n’aboutit pas à l’introduction de l’architecture bouddhiste qui se caractérisait en particulier par l’érection de stupas autour desquels il était possible d’effectuer la circumnambulation ; les plans des temples khmers de l’époque de Jayavarman 7 conservent les formes traditionnelles des temples des époques immédiatement antérieures avec des cella entourées d’enceintes à galeries emboîtées qui empêchent la  circumnambulation ; celle-ci se heurte en particulier aux galeries axiales qui se rejoignent sur les quatre côtés de la cella.

     . Enfin, il apparaît une prolifération de « divinités » nouvelles ; c’est une caractéristique du bouddhisme Mahayana pour qui tout être humain est un Bodisatva en devenir. . Autrefois, il n’était d’usage d’honorer que les rois défunts en les assimilant aux Dieux hindouistes, Désormais, le culte des défunts s’étend non seulement aux ancêtres directs du roi et de sa famille,  mais aussi aux hauts dignitaires, lettrés et militaires. Le système est conforme au processus utilisé pour la mère du roi : la statue érigée dans la cella représente la déité auquel le défunt a voulu s’assimiler mais la dédicace est effectuée au nom que le défunt ainsi divinisé reçoit à sa mort  Cette dernière caractéristique fait que  chaque chapelle possède sa spécificité ; on peut y trouver une seule statue mais aussi des triades, la plus courante associe le Bouddha, le Bodisatva Avalokistevara et le Prajnaparamata.  La conséquence de ces modifications est la présence d'un grand nombre de chapelles dans l'enceinte du temenos. Rappelons dans cette perspective que JAYAVARMAN 7 a consacré, comme il est dit plus haut, 260 divinités au Ta Prohm !

A suivre ...

samedi 15 octobre 2016

Un regard sur ANGKOR (CAMBODGE) (50) YASHODARAPURA 4,LE TEMPLE DU TA PROHM

La stèle (suite et fin) 

La troisième partie de la stèle décrit l’aspect du complexe cultuel du TA PROHM et sa composition sociale au moyen d’un ensemble de chiffres qui permettent de se faire une idée assez complète de son organisation.

Avant d’aborder cette description, il convient d’abord de préciser la chronologie de l’élaboration du temple : deux informations  sont données  sur la stèle :
   .  D’abord est indiquée l’année 1186 pour la consécration dédicatoire de la statue de la mère du roi,
   . Ensuite est mentionnée à la stance 27 l’expédition du roi au Champa : « Etant allé au Campa, il avait dans le combat pris, puis relâché le roi de ce pays » or cette expédition ne se produisit qu’après l’invasion du royaume khmer par les Chams en 1190 : la stèle ne fut donc gravée qu’après cette date.

Cette dernière indication chronologique  permet de penser que les informations données sur la stèle à propos du temple datent de la période légèrement postérieure à la victoire sur les Chams. L’élaboration du complexe religieux fut donc effectuée entre 1186 et le retour de l’expédition au Champa.

La stèle indique d’abord que le Ta Prohm n’est pas seulement un temple mais aussi une ville portant le nom de RAJAVIHARA. 79635 personnes en dépendent, cette population se subdivise en trois  grandes catégories :
 
     . Les premiers sont affectés au service du temple : 18 officiants principaux, 2700 officiants. 2232 assistants dont 615 danseuses. A cela s’ajoutent 400 hommes aux fonctions non spécifiées Cela représente 5350 personnes. Il paraît évident que tous ne sont pas affectés au Ta Prohm proprement dit. En fait, il est probable  qu’une grande partie d’entre eux sont en service dans les temples satellites, les gîtes d’étape et les hôpitaux, la stèle mentionne 102 hôpitaux dépendant de Rajavihara. Ce premier ensemble de population représente 6,7% sur les 79356 personnes dépendant du temple.

     . Une deuxième catégorie comporte  1409 personnes qui se décomposent en deux parties :
          . « 439 saints religieux nourris chaque jour dans le Palais Royal, (stance 81)
          . 970 personnes habitent chez le lecteur » (stance 82)
Mention est faite dans ces deux stances d’un Palais Royal et d’un lecteur : le premier est sans doute un magasin dépendant du palais, le second doit correspondre au supérieur d'une université bouddhique. Certains moines (les saints religieux) doivent habiter à deux dans les 93 cellules existantes  dans le temple ce qui représente 186 moines, le reste devant loger ailleurs ; de même, il n’y a pas mention dans la stèle d’un bâtiment dévolu à l’enseignement. Ce second ensemble de population représente 1,7% des 79365 habitants

     . Le reste de la population, soit  91,6%, du total, représente ceux qui sont affectés à la subsistance de la « mère des Muni » il va de soit que ces habitants ne se trouvent pas à Rajaviraya, ils sont dispersés dans les villages que le roi ou les puissants ont donnés au temple-monastère en guise d’aumônes,  ils doivent fournir des prestations en nature que la stèle précise tant au niveau de la variété des produits que de leur quantité.

En ce qui concerne l’organisation spatiale telle que la stèle nous l’a décrite, quelques rares renseignements  nous en  sont données :
   . D’abord la ville est entourée d’un mur d’enceinte en limonite de 2702 brasses,
   . 39 tours à pinacle, 566 habitations en pierres et 288 en briques sont indiquées.
   . Un Palais Royal.
   . Mention sont faite aussi de danseuses et d’un lecteur indiquant la présence d’une université.

Pour en savoir plus, il est nécessaire de se reporter au plan du complexe tel qu’on peut le visiter actuellement.

vendredi 14 octobre 2016

Un regard sur ANGKOR (CAMBODGE) (49) YASHODARAPURA 4,LE TEMPLE DU TA PROHM

La stèle du Ta Prohm (suite)

Cette nouvelle orientation spirituelle mentionnée par la stèle n’exclut pas cependant un grand nombre de références aux dieux brahmaniques.  Le bouddhisme était la religion personnelle du roi,  de la famille royale et probablement celle de ses parents. Le pays khmer n’était pas habitué à cette nouvelle pratique religieuse après des siècles de dévotion à Civa puis Vichnou auxquels les temples d’état étaient traditionnellement dédiés ; il paraît évident que JAYAVARMAN 7 ne pouvait imposer le bouddhisme, ce qui aurait été d’ailleurs contraire aux préceptes de celui-ci. En conséquence, il se produisit une coexistence entre les deux religions, les temples bouddhistes comportaient aussi des cella dédiées aux dieux hindouistes. L’exemple le plus intéressant de ce phénomène est le temple du Preah Khan..

Cette coexistence est bien marquée dans la deuxième partie de la stèle ayant trait à la généalogie du roi par laquelle, il se rattache à ses ancêtres et à leurs exploits qui les assimile à ceux des dieux. La stèle évoque aussi le roi lui-même, cela est rendu possible par le fait que cette stèle est signée non de Jayavarman 7 mais de son fils, Cri Suryakumera ; dans ces conditions, le prince héritier pouvait citer sans problèmes les exploits de son propre pere.

Dans les stances qui décrivent Jayavarman 7 et ses exploits, on retrouve, entre autre,  les qualificatifs suivants qui évoquent tous le brahmanisme :
    . La naissance du roi est assimilée à celle d’Indra, le roi des Dieux, (stance 8)
    . A l’image du dieu Kumera, dieu de la guerre dont «  le corps si complexe » est né de Civa, d’Agni et de Ganga selon le Mahabaratha, le créateur a constitué le roi en mêlant les corps de Civa, de Kama et sans doute aussi de Vichnou pour constituer un être qui mélange les qualités de ces dieux : la puissance, la beauté et l’héroïsme.  (stance 19)
    . Laksmi le qualifie de rejeton de la race solaire, le joyau de la tête des rois qui peut remplacer les Dieux dans leur combat (stance 22)
    . La présence supraterrestre du roi permet l’unité du ciel et de la terre (stance 26)
    . Les rois ennemis ont la tête brûlée par le feu de sa gloire (stance 28)
    . Le roi est comparé à Vichnou lorsqu’il a effectué le barattement de la mer de lait (stance 2)

Ainsi, décrit par son fils, le roi est un être supraterrestre, possédant les qualités des Dieux du Panthéon hindouiste et ayant la capacité de les remplacer dans leur lutte contre le mal. (Voir note A avec la traduction de la stèle effectuée par M Coedes en 1906)

Note A
     . 8 : De même que du Brahmarsi la déesse Aditi eut [pour fils] le roi des Dieux (Indra), de ce roi (Dharanïndravarman) la fille de Çrihars varman eut un fils au pouvoir étincelant, le roi Çrijayavarman, qui, se fondant sur la loi, tua dans un combat le chef ennemi avec cent millions de flèches pour protéger la terre
     . 19 :  Ayant considéré que le corps si complexe du Dieu aux six mères (Kumara Dieu de la guerre)  a pourtant été fait un [par ses parents]le créateur, désireux d'accomplir œuvre utile dans la joie d'un profond mystère, au moyen [des corps] de Hara (Civa), Çàrngi ( ?), Anaňga, (Kama) fit de ce roi l'unique réceptacle de la puissance, de l'héroïsme et de la beauté.
     . 21 :[Puisque] par l'extrême puissance de ses deux bras, il avait dans cet Océan qu'est la bataille fait tourner [c'est-à-dire] vaincu ce roi des montagnes qu'est le roi des éléphants ennemis, et obtenu Laksmï, l'éléphant blanc, le cheval royal, le joyau, [on peut dire qu'] il fit comme Hari le barattement de l'océan (2).
     . 22 « Je crois que ce roi en qui sont réunies toutes les qualités, ce rejeton de la race solaire, qui est le joyau de la tête des rois, me remplace dans la bataille », c'est dans cette pensée qu'avec une joie extrême la Laksmï des combats l'embrassa étroitement.
     . 26 : . Ayant reçu de ce roi un sacrifice complet, Âkhandala, extrêmement joyeux, qui avait lancé le feu de sa malédiction à la suite de Jana- mejaya, effectua, le cœur plein d'allégresse, l'unité du ciel et de la terre par la puissance supraterrestre [de ce roi].
      . 27 : Etant allé au Campa, il avait dans le combat pris, puis relâché le roi de ce pays ; les rois ennemis ayant entendu parler de l'ambroisie de sa conduite prirent en quelque sorte [cette ambroisie] dans leurs mains jointes et la répandirent sur leur tète pour apaiser la brûlure produite par le feu de sa gloire.

jeudi 13 octobre 2016

Un regard sur ANGKOR (CAMBODGE) (48) YASHODARAPURA 4,LE TEMPLE DU TA PROHM

LA STÈLE DE FONDATION

La stèle du Ta Prohm comporte quatre parties distinctes :
     . Une invocation aux « forces spirituelles » sous la protection desquelles la stèle est placée,
     . Le rappel généalogique des souverains qui ont précédé Jayavarman 7 et de leurs exploits dans la perspective de placer les exploits du roi dans la continuité de ceux de ses ancêtres.
    . La description du complexe religieux et la liste des revenus qui lui sont dévolus.
    . Enfin la dédicace du temple et la mention de la date de celle-ci.

L’invocation comporte les cinq premières stances dont voici quelques extraits :
      1 Au Bienheureux dont les provisions ..manifestent le corps de la Loi (Dharma) le corps de béatitude et au corps sensible et qui est divisé..A ceux qui participent au corps des Jina et des fils de Jina, au Bouddha en qui les êtres trouvent leur refuge, hommage lui soit rendu.
      2 J'honore le suprême chemin qui mène à l'illumination supérieure, l'unique doctrine qui soit sans obstacle pour atteindre la compréhension de la réalité, la Loi que dans les trois mondes les Immortels doivent honorer, l'épée qui détruit le bosquet des six ennemis intérieurs (désir, colère, cupidité, égarement, orgueil et envie).
      3 Elle qui, bien qu'étant détachée de tout désir parce que c'est un obstacle à la délivrance totale, a cependant constamment attaché son désir à la recherche du bien d'autrui qui  enseigne aux autres les préceptes du Jina récités en chœur et cherche à produire le bien, que la Communauté vous protège !
      5...celle que les sages ne peuvent concevoir en une méditation tournée vers leur personnalité  et qui détruit le filet de tous les doutes, cette mère des Jina, honorez-la respectueusement.
      4. . Celui d'où les fruits désirés des trois mondes tirent leur unique origine, dont le cordon brahmanique d'or, ainsi qu'une liane, entoure le corps, Lokeçvara est victorieux.

Cette invocation aux déités  auxquelles  le temple est dédiée,témoigne d’une évolution importante des croyances religieuses du roi avec introduction des concepts du Bouddhisme du Mahayana (le Grand Véhicule) . La dédicace de la stèle comporte à cet égard deux types d’informations  importantes qui montrent que le roi avait des connaissances précises à ce propos :

    . D’abord en ce qui concerne les choix auquel le dédicataire rend hommage :
          . Les trois joyaux du bouddhisme : le Dharma ( le corps de la loi), le Bouddha ( le corps de la béatitude), le Sangha ( le corps sensible de la communauté)
         . La mère des Jina ( ceux qui ont atteints le stade de bouddheité) qui enseigne les préceptes du bouddhisme en permettant aux hommes de se délivrer de tout désir : ces deux caractéristiques permettent de reconnaître LA PRAJNAPARAMATA (divinisée dans le bouddhisme tantrique)
         . Lokesvara nom khmer qui est assimilé au bodhisattva Avalokistevara.
Cette dédicace établit la triade qui sera honorée dans beaucoup de temples : le Bouddha, le  Prajnajnaparamata et Avalokistevara.

   . Ensuite par la mention de l’essentiel de la pensée bouddhiste :
         . L’illumination et les voies pour y parvenir,
         . La compréhension globale du réel permise par l’illumination,
         . La victoire contre les désirs et de toutes les perversions qui en découlent.

C’est dans cette perspective qu’il faut comprendre la  dédicace du temple que le roi voulut consacrer principalement à trois entités :
     . CRI JARAJAJACUDAMAN dont l’image figure la mère du roi sous la forme de la mère des Bouddha, la Prajnaparamata et qui occupe la cella centrale.
     . La stèle comporte deux autres cella dédiées au guru du roi représenté sous le nom de CRI JAYAMANGALARTHEVADA et de CRI JAYADIKIDEVA.

A ces trois déités principales le roi leur accola 260 autres « divinités »(stances 36 et 37).

lundi 3 octobre 2016

Un regard sur ANGKOR (CAMBODGE) (47) YASHODARAPURA 4, LE TEMPLE DU TA PROHM

Le complexe monastico-religieux du Ta Prohm présente un grand intérêt à un double point de vue :

     . On a retrouvé sa stèle de dédicace : elle donne un grand nombre d’informations à la fois sur les façons de penser de l’époque de JAYAVARMAN 7 et sur la vie d’un grand temple ; cela permet de compléter utilement les informations données par la description des ruines,

    . Le temple présente une étonnante vision poétique ; en effet, les archéologues, une fois les broussailles et végétations basses déblayées, ont choisi de laisser coexister les ruines et les gommiers dont les racines enserrent les murs du temple comme dans une gangue. Il s’en suit une étrange impression de lutte entre les œuvres humaines et la nature ; cette dernière semble l'emporter en montrant la pérennité éphémère des œuvres humaines.

En ce sens, la visite du Ta Prohm vaut tout autant  pour les paysages résultant de cette association que pour la ruine proprement dite.


À suivre...

dimanche 2 octobre 2016

Un regard sur ANGKOR (CAMBODGE) (46) YASHODARAPURA 4, le règne de JAYAVARMAN VII

Suite de l'article précédent 

PHASE 2

C’est dans ce contexte d’occupation du royaume par les Chams que JAYAVARMAN sortit de sa retraite, il se servit de la haine des Khmers envers les occupants pour se constituer une petite armée qui pratiqua d’abord la tactique des guérillas, organisant des embuscades et des raids rapides pour désorganiser l’adversaire. Parallèlement, il fit construite une flotte pour transporter son armée sur le Tonle Sap et combattre la flotte Cham qui s’y trouvait. La bataille eut lieu sur le lac, les Chams furent vaincus et Angkor fut libéré.

La bataille navale est représentée sur un des bas-reliefs du Bayon, le temple central d’Angkor Thom, la nouvelle ville crée par Jayavarman ( Yashodharapura 4).


A droite se trouve le bateau Cham facilement reconnaissable aux casques que portent les combattants, le bateau de gauche  est khmer.  Dans chacun des deux bateaux se trouvent deux rangées de combattants : des rameurs au niveau de la coque, des guerriers au dessus.

La scène figure l’abordage du bateau Cham par les Khmers. Les soldats Khmers  sont debout représentés en plein combat. Des Chams ont déjà été tués, ils tombent dans l’eau du lac et sont dévorés par des crocodiles.

PHASE 3

En 1181, à la suite de cette victoire, JAYAVARMAN se fait reconnaître en tant que roi et même comme monarque universel. Certains bas-reliefs permettent de penser que la cérémonie se déroula  sur le Phnom Kulen comme l’avait été celle qui intronisa JAYAVARMAN 2, le fondateur d’Angkor. Grâce à ce sacre, le nouveau roi peut  affirmer son autorité tant sur les autres prétendants au trône  que sur le pays entier afin de constituer une puissante armée et de réduire à l’obéissance les gouvernants  des provinces.

À partir de sa consécration, JAYAVARMAN 7 va se consacrer à  deux tâches prioritaires :
   . Écarter la menace de nouvelles invasions des Chams.
   . Reconstruire un pays dévasté par leurs pillages.

En 1190, se produit en effet une nouvelle invasion du royaume par les Chams, JAYAVARMAN 7 leur livre bataille aux portes d’Angkor et emporte une nouvelle victoire. Sur le lieu de cette victoire, il construira le  temple du Preak-Khan. Comprenant que le seul moyen de faire cesser le péril Cham, le roi décide d’effectuer la conquête du Champa qu’il annexera  au royaume en 1203 (2)

C’est après 1203 que le royaume khmer  atteint sa plus grande extension comme le montre la carte ci-contre.

Parallèlement à cette pacification du pays, JAYAVARMAN 7 entreprit la reconstruction d’Angkor et de sa capitale ; pour l’illustrer. J’ai choisi d’évoquer trois ensembles qui se suivent chronologiquement et qui permettre de définir à la fois les mentalités religieuses et politique du roi ainsi que leurs conséquences sur l’évolution de l’architecture.
   . Le Ta Phrom datant de 1186
   . Le Peah Khan construit sur le lieu de la victoire sur les Chams de 1190
   . La nouvelle ville d’Angkor Thom et le temple du Bayon

-2 entre 1190 et 1203, l’histoire du Champa comporte deux phases :
     . Après la victoire de 1190, le pays Cham est partagé en deux, une partie est annexée directement par le roi, l’autre partie est confiée à un prince Cham inféodé au roi.
     . Le prince Cham, ayant tenté de se révolter, est déposé ;  le Champa est annexé mis au rang d’une province du royaume

samedi 1 octobre 2016

Un regard sur ANGKOR (CAMBODGE) (46) YASHODARAPURA 4, le règne de JAYAVARMAN VII

Entre la mort de SURYAVARMAN 2, le fondateur d’Angkor Vat survenue en 1150 et la proclamation de JAYAVARMAN 7 en tant que monarque universel, en 1181, le royaume khmer traverse une période de troubles et d’instabilité pendant laquelle on ne dispose que de peu d’indications. Celles-ci permettent cependant de retracer l’ascension du  futur fondateur d’Angkor Thom. Elle se déroule en trois phases principales.

PHASE 1

A SURYAVARMAN 2 succède un de ses parents DHARANINDRA VARMAN 2, le père du futur JAYAVARMAN 7, une inscription du temple du TA PROHM semble indiquer qu’il se serait converti au bouddhisme. En 1160, DHARANINDRA VARMAN 2 meurt, il est remplacé non par son fils mais par un autre membre de sa parenté, YASHOVARMAN 2. A cette époque, JAYAVARMAN se trouvait au Champa (sud du Vietnam actuel) pour combattre les Chams qui organisaient de fréquentes incursions en pays khmer. Assez curieusement, le prince ne revendiquait  pas le trône auquel il aurait eu droit, au contraire, il servit loyalement le nouveau roi (1)

En 1165, un haut dignitaire de la cour s’empare du pouvoir, fait assassiner  Yashovarman 2 et se proclame roi sous le nom de TRIBHUVANADITYA VARMAN. A la nouvelle de l’usurpation, JAYAVARMAN quitte précipitamment le Champa pour revenir à Angkor mais il arrive trop tard, le pouvoir du nouveau roi est solidement établi. Débute alors pour le prince un exil au Preah-Khan de Kampong-Svay qui durera douze ans sans qu’il n’entreprenne une quelconque action, il est probable que cette passivité était due au manque de troupes prêtes à le suivre et donc au rapport de forces qui lui était défavorable.

Pendant cette période, le roi du Champa profite de l’état de désorganisation du royaume Khmer pour lancer des raids contre lui ; il conduit deux expéditions terrestres  en 1167 et 1170 qui échouent. Tirant les leçons de ces échecs, le roi Cham décide de changer de tactique, il se dote d’une flotte pour transporter son armée par les voies maritimes puis fluviales et arriver au Tonle Sap et au pied d’Angkor. Il peut s’emparer en 1177 de la capitale khmer sans rencontrer de résistance.  A cette époque en effet, à l’exception d’Angkor Vat, la ville n’était pas protégée militairement, les rois ayant voulu que leur cité soit uniquement placé sous les auspices du monde divin, ce qui ne nécessitait pas à priori de protection particulière contre  les hommes : La sauvegarde de Yasodharapura était religieuse et non militaire, cela explique que pour écarter la cité de toute protection divine, les Chams transportèrent les statues des dieux  d'Angkor au Champa ou les mutilèrent. Lors de l’assaut de la ville, l’usurpateur TRIBHUVANADITYA VARMAN est tué. Les Chams règnent sans partage sur le pays.

À suivre...

1 certains auteurs font de YASHODVARMAN 2 le frere de JAYAVARMAN, ce qui semble contredit par les informations de la stèle de fondation du Ta Prohm.