REMARQUE
. Tous les articles de ce blog ont été rédigés par moi-même sans emprunt littéral à d'autres auteurs, ils sont le fruit d'une documentation personnelle amassée au cours des ans et présentent ma propre vision des choses. Après tout, mon avis en vaut bien d'autres.
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Mon blog étant difficilement trouvable par simple recherche sur internet, voici son adresse : jeanpierrefabricius.blogspot.com

vendredi 31 mars 2017

…SOUVENIRS DES ANNÉES 1950-1960 : l'école publique (14)

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Un autre contraste entre l’école d’autrefois et l’école actuelle réside dans le respect par les élèves de la DISCIPLINE, cela tenait à deux causes :
   . L’instituteur et surtout le directeur d’école étaient considérés, en particulier dans les villages, comme une notabilité tout comme le maire et le curé ; en outre, le fait qu’il soit aussi souvent secrétaire de mairie ajoutait encore à la considération dans laquelle les gens le tenait.
   . Nul ne remettait en cause l’autorité de l’instituteur ; s’il donnait une punition, non seulement elle était considérée comme bien fondée mais en plus, elle était souvent doublée par les parents.

De là à proclamer qu’une discipline parfait existait serait un leurre ! Il existait dans toutes les classes des élèves chahuteurs ou bavards qui n’écoutaient pas le maître ou parlaient sans lever le doigt, interrompant les autres où le maître. De même, parmi les élèves de classe de fin d’études, il y en avait qui attendaient impatiemment leurs 14 ans pour s’en aller ; la plupart avait déjà trouvé un travail ou  un apprentissage,  ils savaient qu’ils n’auraient pas leur certificat d’études du fait de leur trop  faible niveau ; en conséquence, il ne se gênaient pas pour défier le maître !

mercredi 29 mars 2017

… SOUVENIRS DES ANNEES 1950-60 : l’école publique (13)

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LE CLASSEMENT DES ÉLÈVES
Dans les petites classes, quand on avait bien travaillé, le maître distribuait des bons points. Quand on en avait dix, on les échangeait contre une image que l’on était tout fier de montrer aux parents ; cette pratique ne se produisait évidemment pas en cours moyen 2 qui est l’objet de mon évocation.

Outre le cahier du jour, le cahier du soir et les cahiers utilisés pour les différentes disciplines, il existait un dernier cahier, le cahier mensuel. Tous les mois en effet, avaient lieu des compositions qui permettaient au maître d’évaluer les élèves. Je ne me souviens pas bien de la teneur de ces compositions  ; elles devaient comporter au moins une dictée, une rédaction, des questions de grammaire et des problèmes de calcul. Chaque exercice état annoté par le maître et noté de manière à donner lieu à une évaluation finale permettant de déterminer le classement des élèves. Le cahier mensuel était ensuite remis aux parents pour signature ; les parents regardaient les notes mais surtout le classement car il leur permettait à la fois de mesurer l’évolution des résultats et les progrès accomplis, de connaître les points forts et les points faibles de leur enfant et de le positionner par rapport aux autres élèves de la classe.

Les résultats mensuels étaient collationnés par le maître et se traduisaient par un classement annuel qui déterminait le redoublement où le passage dans la classe supérieure et servait à la cérémonie de la distribution des prix. Celle-ci était organisée pour l’ensemble de l’école dans une salle municipale en présence du maire de la commune. Tous les instituteurs étaient présents ; sur la table,  se trouvaient de grandes piles de livres. Les parents et les élèves étaient évidemment invités à participer à la cérémonie.  Chaque maître prenait la parole et proclamait les résultats. A l’annonce de son nom, le lauréat s’avançait, montait sur l’estrade et recevait son prix.  Il est évident que l’élève ainsi récompensé, tout comme ses parents, étaient très fiers. Les livres reçus en prix étaient des livres d’auteurs adaptés au niveau des enfants. Dans mon école, il existait une particularité à propos de ces livres, les enfants de prisonniers de guerre  ou d’anciens combattants recevaient de plus beaux livres que les autres avec une belle brochure de couverture rouge.

On a souvent proclamé que ces classements des élèves ainsi que la distribution des prix étaient traumatisants pour les enfants, en particulier pour les derniers de la classe. A mon avis, ce système était beaucoup moins traumatisant que celui qui consiste à dire aux élèves actuels : «tu as de trop de mauvaises notes, tu ne seras pas orienté comme tu le souhaites » et qui établit une sélection par l’échec. Les classements avaient pour mérite de stimuler l’élève et de le conduire à progresser ne serait-ce que pour échapper au mécontentement des parents, mais aussi de lui donner une connaissance claire de son niveau dans la perspective de son avenir professionnel. D’ailleurs, à notre époque, il existe un paradoxe surprenant : le seul endroit où il n’existe pas de classement est le système éducatif, tout le reste de la société s’acharne à le pratiquer : dans l’entreprise, dans les sports et même dans les télé-réalités !

à suivre

lundi 27 mars 2017

…SOUVENIRS DES ANNEES 1950-60 : l’école publique (12)

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Ces deux types de méthodes pédagogiques révélées par les deux cahiers retrouvés ne s’excluaient pas, mutuellement ; tantôt, on passait de l’une à l’autre, tantôt, elles étaient utilisées de concert, c’était en particulier le cas pour la dictée. Le maître faisait d’abord une leçon sur les notions de grammaire ou de vocabulaire à connaître afin de bien préparer la dictée, puis il demandait aux élèves de prendre leur cahier du jour, celui qui ne quittait jamais la classe, pour effectuer la dictée ainsi que des exercices de grammaire ou de compréhension du texte y afférant. A la fin de la journée, le cahier du jour était ramassé et le maître donnait quelques exercices d’application à faire à la maison. Lors du cours suivant de français, le maître demandait à un élève de venir au tableau pour corriger l’exercice. Quant à la dictée, elle avait été annotée par le maître dans la soirée pour une correction ultérieure par l’élève des fautes commises. Une méthode semblable était utilisée pour les problèmes de calcul.

Que penser de ces méthodes ? Cet enseignement était accompli de manière magistrale et comportait surtout l’apprentissage de connaissances selon la technique du « par cœur ». L’apport de l’élève se limitait seulement à participer s’il avait un exemple à donner sur le sujet à traiter, il se contentait d’ingurgiter des connaissances et de les comprendre pour pouvoir ensuite s’en souvenir. Dans de telles conditions, c’était à l’élève lui-même de les associer et de les raccorder pour tenter d’en faire des synthèses de toutes les notions apprises ; dans ces conditions, la « tête bien pleine » précédait la «tête bien faite. »

Depuis cette époque, les méthodes pédagogiques se sont inversées, on a voulu mettre en avant les acquis méthodologiques et les savoir-faire nécessaires afin de permettre à l'élève  de posséder les outils mentaux préludant à l’acquisition individuelle de connaissances ; dans ce cas, la « tête bien faite » devient l’objectif fondamental et précède la « tête bien pleine ».

Ces deux types de méthodes aux finalités opposées méritent d’être comparées  :
   . L'école primaire des années 55 se caractérisait par son sérieux et son ambition de former des adultes ayant un solide bagage de connaissances ; tous les écoliers de cette époque se souviennent actuellement encore des dates historiques importantes, ils connaissent de la localisation des départements, des fleuves et reliefs de la France  ainsi que des noms des pays du monde, ils manient un langage correct et écrivent avec assez peu de fautes d’orthographe.
  . A l’inverse, l’école d’aujourd’hui crée des élèves capables de raisonner mais n’ayant que des connaissances fragmentaires sauf dans leur domaine de leurs compétences professionnelles, ils sont dépourvus de culture générale, on  ne leur a d’ailleurs jamais demandé d’en avoir,

Cette dualité des objectifs pédagogiques pose bien évidemment la difficile  question de fond à propos du sens que l’on doit donner à l’éducation des élèves avec deux alternatives opposées : un raisonnement qui se produit sans base de connaissance ne peut que tourner en rond, à l’inverse posséder des connaissances sans avoir appris à les utiliser ne permet pas de progresser.

Il convient enfin de remarquer que le passage des premières méthodes à la seconde a correspondu aussi à une mutation de la société :
   . Les valeurs dominantes des  années 50-55 étaient le courage, le sens de l’effort, la persévérance nécessaire à la reconstruction du pays.
   . Actuellement, les valeurs dominantes sont plutôt le consumérisme et la recherche du loisir où on ressent comme une gêne tout ce qui nécessite un effort.

samedi 25 mars 2017

…SOUVENIRS DES ANNÉES 1950-60 : l’école publique (11)

Suite de l’article précédent
Le deuxième cahier que j’ai conservé est celui de rédaction. En le consultant, j’ai constaté qu’il existait trois types de rédactions :
     . Des comptes-rendus des lectures effectuées en classe : chaque élève, à tour de rôle, lisait à haute voix quelques phrases, ce qui permettait au maître de vérifier la capacité de l’écolier à lire, puis le texte était expliqué ; ensuite, il fallait en rédiger un résumé ou en imaginer une suite.
    . La rédaction de lettres que l’on devait articuler en trois paragraphes : l’expose des motifs de la lettre, l’explication concernant cet exposé, la formule de politesse adaptée selon l’interlocuteur
    . Des sujets de la vie quotidienne  qui devaient aussi suivre  un enchaînement très précis mentionné dans le cahier qui me sert de référence sous le titre «  plan d’une rédaction :
          . Un préambule : une entrée en matière pour annoncer le sujet,
          . Un développement : ce que je fais, je vois, j’entends, je sens.
          . Des réflexions : ce que je pense, (pour ou contre, avantages et inconvénients), ce que j’éprouve, (joie ou tristesse, regrets, espoirs, souhaits, désirs, préférence) »

La rédaction avait essentiellement pour objectif de permettre à l’enfant de s’exprimer correctement à l’écrit sans faire de fautes ni d’orthographe  ni de grammaire. D’ailleurs, le maître ne corrigeait que les fautes y afférentes et les hors sujets.

 Pourtant, il existait aussi trois autres objectifs méthodologiques qui se révèlent clairement à la lecture des sujets donnés :
     . Développer le sens de la description : «  décrire le passage d’une péniche devant vous »
     . Coordonner des idées dans une suite logique : «  choisissez une rue de votre quartier, décrivez là, racontez sa vie d’une journée depuis l’éveil jusqu’au sommeil de la nuit »
    . Faire appel à l’imagination : «  dans le foyer de votre fourneau rougeoie un bon feu, une bûche s'adresse à vous, racontez son histoire »

A ces objectifs proprement disciplinaires, s’ajoutaient, en filigrane, des objectifs plus spécifiquement sociétaux et moraux qui découlaient du fait que, dans la conclusion, on devait dire ce que l’on pensait.

Le sujet de rédaction suivant est révélateur de cette allégation : «  quelques camarades se promènent dans la campagne... l’un d’eux affirme qu’il pratique avec succès tous les exercices et surtout le saut, ils arrivent devant un ruisseau qu’il faut franchir, racontez et terminez à votre gré » il est évident que la plupart des écoliers vont faire tomber le vantard dans l’eau et que la réflexion finale  sera du type : il ne faut jamais se vanter. Par le fait de raconter une histoire, les écoliers sont amenés à réfléchir sur les débordements de la vie en société, ce qui doit les amener à trouver l’attitude qui convienne à celle-ci.   En ce sens, la plupart des sujets de rédaction sont orientés de manière à amener l’enfant à réagir et à exprimer ses propres valeurs morales.

Dans mon école, le cours de rédaction avait les mardis et les vendredis. Le mardi, une  fois le sujet donné, les écoliers rédigeaient au crayon sur leur cahier de brouillon une première version de leur rédaction, puis ils la recopiaient à la plume en la corrigeant  sur le cahier du jour où sur le cahier spécifique de rédaction qui, comme le cahier du jour, restait toujours dans la classe. Le cahier de rédaction était ensuite ramassé par l’instituteur qui corrigeait toutes les fautes à l’encre rouge. Il nous était rendu le vendredi qui suivait, il fallait recopier la rédaction en corrigeant toutes les fautes. Une dernière correction était enfin effectuée par le maître.

jeudi 23 mars 2017

… SOUVENIRS DES ANNÉES 1950-60 : l’école publique (10)

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Les méthodes pédagogiques ressortaient de deux types ;  j’ai retrouvé quelques cahiers de classe dont un de rédaction et un d’histoire-géographie  et je peux, à partir de ces documents, porter un témoignage des deux manières dont se déroulait l’enseignement dans le cours moyen 2 dans lequel je me trouvais.

Le premier cahier que j’ai conservé est consacré à l’histoire-géographie, sa lecture m’a permis de retrouver et d’évoquer la méthode employée à l'époque primaire  pour l'apprentissage des matières d'éveil vers 1955. Cette méthode comportait quatre phases successives :

Dans un premier temps, le maître faisait réciter la leçon que l’on avait apprise chez soi la veille au soir ;  normalement, il fallait apprendre la leçon par cœur mais le maître acceptait que quelques mots ou quelques tournures puissent être changés pourvu que le sens de la leçon soit respecté, il appelait un élève au tableau qui devait, devant toute la classe,  réciter le résumé à apprendre. Si l’élève ne savait pas sa leçon, il était sanctionné par une mauvaise note. Certes, ses copains pouvaient l’aider en soufflant mais le maître avait l’œil à tout. Quand l’élève interrogé avait une lacune ou faisait une erreur, les autres levaient le doigt pour corriger. En géographie, on pouvait être aussi interrogé sur une carte murale muette dont il fallait donner les informations apprises la veille, mer, fleuves, pays..

Venait ensuite la leçon proprement dite, on lisait le texte sur le manuel qui lui correspondait ; chaque élève lisait à tour de rôle, chaque paragraphe était expliqué par le maître, on regardait la carte ou les panneaux muraux traitant du sujet ou encore quelques documents que le maître faisait passer. Celui-ci pouvait aussi solliciter les élèves pour savoir s’ils avaient compris.

Une fois que la leçon était lue et expliquée, le maître écrivait au tableau un résumé d’une dizaine de lignes ou dessinait une carte ou un croquis,  il fallait les recopier sur le cahier. Lors de la dernière heure, le maître distribuait le travail à faire à la maison et les leçons à apprendre.

La dernière phase avait lieu le soir au retour chez soi avec l’apprentissage du résumé écrit ou de la carte réalisée. C’était le travail le plus ardu, beaucoup d’élèves se contentaient de lire la leçon en se disant «  c’est bon, je la sais » ou encore «  il n’y a pas longtemps que j’ai été interrogé, ça ne tombera pas sur moi ! » ; ceux qui savaient leurs leçons sur le bout des doigts étaient généralement ceux qui les faisaient réciter à leurs parents.

mardi 21 mars 2017

…SOUVENIRS DES ANNEES 1950-60 : l’école publique (9)

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L’après-midi était plutôt réservée aux matières d’éveil : leçons de choses (sciences naturelles et physique), histoire et géographie,  puis à des activités artistiques ou sportives ; ces dernières étaient réduites à leur plus simple expression et étaient effectuées sous la conduite du maître, elles comportaient  des exercices de gymnastique et  des jeux comme la balle aux prisonniers. Je me souviens avec horreur des exercices de montée à la corde, celle-ci était suspendue à la branche de l’arbre qui se trouvait au centre de la cour. Il fallait devant tous les autres élèves,  arriver jusqu’à la branche, ce qui n’était guère commode !

Le canevas d’ensemble de la demi-journée de l'après-midi  n’était  pas fixé une fois pour toute, il dépendait du maître qui l’établissait au jour le jour selon la progression des élèves.

Les récréations étaient un des moments forts de la journée scolaire sauf pour ceux que le maître retenait en classe en guise de punition ou parce qu’ils n’avaient pas fini leurs exercices.  Pendant le temps de la récréation, les jeux allaient bon train ; les plus calmes jouaient aux osselets ou aux cartes, les autres à colin-maillard, au gendarme et au voleur, à chat perché ; la plupart des garçons préférait jouer aux billes. Chacun amenait à l’école son sac de billes ; ceux qui  gagnaient  gardaient les billes de ceux qui perdaient. Parmi les billes, il y en avait une, plus grosse, que l’on appelait le paf ; utiliser le paf en cours du jeu était risqué car on pouvait le perdre mais si on gagnait, on ramassait le pactole ! D’autres élèves  se réunissaient en petits groupes pour discuter, il y avait parfois des bagarres, surtout entre les plus grands,  mais elles étaient presque aussitôt interrompues par le maître de service dans la cour. Les plus grands faisaient aussi des farces aux petits (« va demander au maître la clé des champs »).  Les filles étaient beaucoup plus sages que les garçons, elles jouaient à la marelle, certaines même amenaient des poupées.

Je me souviens aussi que lors de la récréation, on nous distribuait du lait, certains disaient que c’était pour en  écouler les surplus, mais, il me semble que c’était surtout pour combler les carences dont beaucoup d’enfants semblaient souffrir.

A suivre..

dimanche 19 mars 2017

…SOUVENIRS DES ANNEES 1950-60 : l’école publique (8)

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Matin comme après-midi, les cours étaient divisés en deux périodes d’environ 1h20 séparés par une récréation. Cet horaire était cependant assez souple pour permettre au maître de terminer son cours si nécessaire.

Le premier cours était celui de morale. En entrant dans la classe, on trouvait la maxime morale du jour écrite  au tableau. Celle-ci était de plusieurs types : il y avait des injonctions sur le comportement personnel ( «  celui qui ne se respecte pas lui-même ne sera pas respecté d’autrui » et sur la manière de vivre en société («  il ne faut pas mentir pour se faire valoir car, bientôt, on est connu et méprisé », «  si vous voulez la vraie politesse, ayez de la bienveillance et du respect pour ceux à qui vous parlez » ) et aussi sur la place des citoyens dans la République («  le respect de la loi est le premier devoir des citoyens ») ;  ces leçons de morale avaient toutes pour but d’inculquer aux élèves  les règles de vie permettant  de présenter aux autres le meilleur d’eux-mêmes, de les inciter à développer en eux  les qualités permettant  de s’insérer dans la société  ( honnêteté, courage..), de se tenir à l’écart de l’alcool et de participer à la vie de son pays en tant que citoyen.

La leçon de morale était l’occasion pour les élèves de participer en donnant leur point de vue sur la maxime du jour ; pour cela, il fallait lever le doigt et attendre que le maître donne la parole à chacun. C’était un des rares moments où on pouvait jouer un rôle actif car les autres cours étaient du type magistraux et n’impliquait guère la participation des élèves. A la fin de la leçon, la phrase étudiée était recopiée sur le cahier du jour. Ce cahier comportait tous les exercices faits en classe, il restait en classe car il était corrigé par le maître les soirs pour que les écoliers puissent faire la correction le jour suivant. Il existait aussi d’autres cahiers plus spécifiques comme je l’expliquerai plus loin.

Après la leçon de morale, suivaient les cours, le matin était plutôt affecté aux leçons et devoirs nécessitant le plus d’attention : français dans ses différentes composantes : lecture, dictée et grammaire, récitation, rédaction. L’enseignement du matin portait aussi sur le calcul également dans ses différents aspects : tables de multiplication, calcul mental, géométrie et surtout problèmes. Ces problèmes ressortaient des aspects de la vie quotidienne, les plus célèbres étant ceux mettant en scène des robinets qui coulent ou des listes de commissions avec rendu de monnaie.

À suivre..

jeudi 16 mars 2017

…SOUVENIRS DES ANNEES 1950-60 : l’école publique (7)

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Ce qui va suivre procède de mon expérience personnelle, il est cependant probable que la plupart des élèves de l’école publique de cette époque ont vécu leur scolarité selon le même mode que le mien.

On se rendait à l’école à pieds, le cartable au dos ; les mères  accompagnaient les plus jeunes jusqu’à la porte de l’école mais les plus grands s’y rendaient seuls ou avec les copains. Dès l’arrivée à l’école, on se rendait dans la cour ; déjà s’organisaient les premiers jeux de billes. Certains révisaient leurs leçons, d’autres, dans un coin, recopiaient à la hâte les devoirs qu’ils n’avaient pas faits. L’entrée en classe était signifiée par le tintement de la cloche qui se trouvait dans la cour, on se mettait en rangs dans la cour par classe. Dans mon école, il y avait trois instituteurs, l’un s’occupait du cours préparatoire, un autre enseignait aux cours élémentaires 1 et 2 et au cours moyen 1 ; le troisième qui était aussi le directeur d’école avait en charge le cours moyen 2 ainsi que les deux cours de fin d’études. On attendait l’ordre du maître pour avancer, on posait son manteau, revêtait sa blouse avant d’entrer dans la salle de classe.

Au fond de la salle de classe se trouvaient les trois éléments indispensables à l’enseignement : l’estrade, le bureau du maître et le grand tableau noir. De part et d’autre du tableau se trouvaient des cartes et panneaux muraux pendus sur des crochets ; les cartes exposées variaient selon les leçons mais le plus souvent elles représentaient la France où le planisphère ; parmi les panneaux muraux présentés, ceux que je préférais étaient ceux qui représentaient des scènes historiques, ces scènes alimentaient mes rêves en me faisant imaginer vivre à l’époque décrite sur le panneau. Sur le même mur du fond se trouvaient aussi les crochets où pendaient la grande règle en bois, l’équerre, le rapporteur, le compas, un ou deux tableaux amovibles, divers panneaux écrits par l’instituteur comme le tableau des conjugaisons, la frise chronologique, ainsi que l’armoire où le maître rangeait son matériel pédagogique et un coffre pour le classement des cartes.

Le long de la paroi de fond faisant face au bureau du maître se trouvaient  d’autres armoires, l’une d’entres elles contenait la bibliothèque de classe.  Là se trouvait  le fourneau qui dispensait une agréable chaleur surtout en période hivernale. On avait l’impression de se trouver dans une sorte de cocon, bien au chaud. Dans mon école, nous avions un poêle à mazout pour chaque classe qu’il fallait remplir chaque matin ; dans beaucoup d’autres écoles, le fourneau était alimenté par du bois ; un élève volontaire, choisi parmi les plus grands, était chargé d’enfourner une bûche de bois quand c’était nécessaire. Certaines  écoles construites après la guerre avaient le chauffage central.

Au centre de la salle se trouvaient les trois rangées de pupitres. Les pupitres n’étaient  pas individuels, ils servaient à deux élèves et étaient à abattant, ce qui permettait d’accéder à ses  manuels scolaires mais aussi de ranger les affaires dont on n’avait pas un besoin immédiat. Le pupitre comportait aussi un encrier dans lequel un élève volontaire versait de l’encre violette, c’est en effet à la plume que l’on faisait tous les exercices, le stylo bille n’avait pas cours à l’école.

Cette organisation impliquait que chaque élève ait sa moitié de pupitre attitré. En outre, chaque rangée de pupitre correspondait à un cours, on devait donc occuper la rangée qui correspondait à celui-ci. Les places étaient attribuées par le maître une fois pour toute le jour de la rentrée,  on avait avantage à se trouver à côté d’un copain avec qui on s’entendait bien.

A la fin de l’année scolaire, une journée spécifique était organisée pour remettre en état les pupitres. On les frottait avec du papier de verre afin de faire disparaître toutes les taches et en particulier les taches d’encre qu’on ne manquait pas de faire si on chargeait un peu trop la plume puis on les cirait.

mardi 14 mars 2017

…SOUVENIRS DES ANNÉES 1950-60 : l’école publique (6)

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À cette époque, les parents avaient assez peu à débourser en fournitures scolaires, au moins dans l’école publique ; les livres et les cahiers étaient fournis par la commune, via une coopérative scolaire ou directement. Les élèves recevaient les livres et les cahiers le premier jour de l’école, il fallait les ramener à la maison et les couvrir soigneusement pour éviter qu’ils ne se dégradent plus qu’ils ne l’étaient. On rendait ces livres à la fin de l’année ; il me semble que les dégradations pouvaient être assorties d’une sanction pécuniaire. Néanmoins, beaucoup de livres étaient très abîmés,

Dans ces conditions, les parents ne devaient acheter que les fournitures scolaires de base. Tout d’abord, il fallait acquérir un sac d’école ; celui-ci était acheté à l’entrée en classe préparatoire et devait durer tout le temps de la scolarité.  Cela explique que la qualité première de ces cartables devait être leur solidité. Ces sacs étaient pratiquement tous semblables de couleur brune, généralement en carton bouilli ;  ils possédaient un aspect plutôt austère et se portaient dans le dos.

La deuxième fourniture obligatoire que les parents achetaient aussi pour toute la scolarité, était le plumier en bois. Les plumiers étaient de deux sortes : les uns ne comportaient qu’un seul niveau, les autres en comportaient deux, le niveau supérieur pouvant pivoter latéralement sur le niveau de base. Ils étaient tous munis d’un couvercle coulissant. Dans le plumier, on rangeait tout ce qui était nécessaire à la vie d’un écolier : le porte-plume et les plumes, les crayons noirs et de couleur, la gomme, la règle, le compas, le taille-crayon... Les trousses commençaient à apparaître mais elles n’étaient guère pratiques pour retrouver immédiatement ses affaires. Les plus jeunes possédaient aussi une ardoise qui leur faisait office de cahier de brouillon et un porte-mine. Il fallait aussi des buvards puisque l’on écrivait à la plume. Certains buvards comportaient déjà sur leur revers de la publicité.

A ces fournitures s’ajoutait la blouse, elle était grise pour les garçons et de couleur pour les filles. Le port de ces blouses était nécessité par le fait que quand on « passait au tableau » on pouvait se salir en maniant la craie. On dit aussi qu’il s’agissait de créer un semblant d’égalité dans la classe en permettant de masquer les tenues plus ou moins coûteuses des élèves. On laissait cette blouse le soir sur le portemanteau attenant à la  salle de classe et on s’en revêtait le matin en arrivant.

À suivre...

samedi 11 mars 2017

…SOUVENIRS DES ANNEES 1950-60 : l’école publique (5)

Suite de l’article précédent

Les périodes scolaires à l’école primaire  étaient assez différentes de celles pratiquées actuellement : l’année scolaire débutait le 1er octobre et se terminait le 14 juillet avec donc deux mois et demi de vacances ; cette disposition permettait aux enfants de la campagne d’aider leurs parents agriculteurs à effectuer la moisson et la vendange.

Dans l’année, selon le journal officiel de 1955 que j’ai pu consulter pour me remémorer de l’organisation de l’année scolaire, les congés scolaires duraient en tout un mois et s’établissaient comme suit :
   . Deux jours les 1er et 2 novembre pour la Toussaint et le jour des morts.
   . Dix jours à Noël du 23 décembre au soir  au 2 janvier inclus.
   . Deux semaines à Pâques fixées selon le calendrier liturgique
   . Quatre jours soit à mardi gras ou à la Pentecôte selon les dates du calendrier liturgique (quatre jours à mardi gras si le dimanche des rameaux tombe en avril, quatre jours à la Pentecôte si le dimanche des rameaux tombe en mars),

l'année scolaire comportait 178 jours effectifs de classe contre 162 actuellement (source OCDE)

Il n’existait pas de zones de vacances ; elles étaient inutiles car la plupart des gens ne partaient pas en vacances ou ne partaient qu’une fois, essentiellement en été. Seuls les nantis y allaient plusieurs fois dans l’année, la pratique du ski, par exemple, était considérée comme un sport qu’ils étaient seuls à pouvoir financièrement pratiquer.

Selon mon expérience, la semaine scolaire comportait 6 jours complets à raison de 6 heures de cours par jour, du lundi au mercredi puis du vendredi au samedi, le jeudi était, comme je l’ai déjà évoqué, jour de congé. L’école durait de 8h30 à 11h30 et de 13h30 à 16h30.

En nombre d'heures effective de classe, l'année scolaire en 1955 en comportait 1068 contre 804 actuellement (source OCDE)

A suivre....

jeudi 9 mars 2017

… SOUVENIRS DES ANNÉES 1950-60 : l’école publique (4)

Suite de l’article précédent

La troisième caractéristique de cette époque était la présence d’écoles dans toutes les villes et quasiment dans tous les villages.  Dans les montagnes, on trouvait même de petites écoles rurales à mi- pente des versants, desservant de minuscules hameaux. À cette époque, les villages étaient encore des organismes bien vivants, chacun disposait d’une mairie,  d’une école, d’une église desservie par un curé et d’un « bistrot » où se retrouvaient les hommes après le travail et qui servait aussi d’épicerie. L’école était donc un des quatre éléments constitutifs d’un village, elle était la plupart du temps couplée avec la mairie dans un même bâtiment. Dans les classes uniques, le maître devait gérer l’ensemble des cours, ce qui l’obligeait à une organisation rigoureuse de son temps, il faisait cours aux uns tandis que les autres travaillaient en autonomie. Il existait des appartements au-dessus des salles de cours réservés aux instituteurs ;  souvent d’ailleurs, les instituteurs étaient mari et femme.

Les enfants se rendaient à pieds ou à vélo à l’école, il n’y avait évidemment pas de transports scolaires. Ils restaient jusqu’à la fin de leur scolarité dans ces écoles de villages ; l’absence de transports scolaires était seulement dommageable pour les enfants des villages qui quittaient l’école primaire en CM2 pour poursuivre leurs études au collège, ils devaient nécessairement internes.

J’ai eu l’occasion de visiter plus tard ces écoles de village ; l’ambiance y était assez extraordinaire, dans des locaux souvent un peu surannés, on y trouvait à la fois un esprit de famille, une ambiance de travail et une chaleur humaine qu’on ne rencontrait pas ailleurs ;  les élèves étaient en petits groupes, chacun travaillant dans le calme, les petits écoutaient souvent avidement les cours destinés aux plus grands, les plus grands trouvaient dans les cours des petits l’occasion de réviser ce qu’ils avaient oublié ou mal compris.

Dans les villages, l’instituteur était respecté et était considéré comme une notabilité, il était en effet à l'égal du curé et le maire dans l’estime que lui portaient les gens. En outre, l’instituteur était la plupart du temps, le secrétaire de mairie ce qui augmentait encore son prestige et son importance.

A suivre

mardi 7 mars 2017

…SOUVENIRS DES ANNEES 1950-60 : l’école publique (3)

Suite de l’article précédent

Pourtant, nous, enfants du peuple, ne ressentions pas les choses dans cette perspective d’une école à deux vitesses évoquée dans l'article précédent; l’essentiel pour nous était de se retrouver entre copains/copines du même village ou du même quartier, de partager les mêmes préoccupations et ayant les mêmes activités ; on formait une entité à part, unie par la fréquentation de la même école, de la même église ; cette entité se concrétisait plus tard par la participation à la même classe de conscription pour le service militaire.

Il convient certes de ne pas idéaliser la situation, les bagarres dans les cours de récréation existaient et il était de coutume que les plus grands ennuient les petits ou même les rackettent ; de même, il se produisait une hiérarchie à l’intérieur des classes populaires : ainsi, les enfants de commerçants et d’artisans  étaient jalousés par les enfants d’ouvriers dont la famille disposait de ressources moindres ; cependant les  situations de conflits pouvant exister  étaient vite réglées par l'instituteur qui était à la fois considéré et respecté et à qui on obéissait naturellement.

 Pendant une année, j’ai pu constater à quel point les mentalités des enfants du peuple étaient éloignées des préoccupations des enfants de nantis, ceux-ci les regardaient de haut, passaient leur temps à se vanter de leurs vacances, de leur loisirs, de leur argent, de leurs fréquentations, ils vivaient dans un monde superficiel quasi-virtuel, sans rapport avec la vie réelle ; ce monde m'était totalement étranger et je le trouvais détestable ; pour moi, seules les classes populaires disposaient du  bon sens, du courage et de l’opiniâtreté que le contact avec la réalité de la vie quotidienne leur avait permis de forger,  (je suis sans doute de parti-pris).

La deuxième caractéristique de l’école de cette époque était la séparation des sexes, il y avait des écoles de filles et des écoles de garçons dans les bourgs importants ; dans les villages, on trouvait des classes pour garçons et des classes pour filles. L’origine de cette division datait depuis l’instauration de l’école publique ; hormis le tronc commun des acquis fondamentaux de la lecture, de l’écriture et du calcul, l’enseignement dispensé alors n’était en effet pas le même pour les garçons que pour les filles. Les garçons devaient être préparés à devenir de bons travailleurs et de bons soldats, les filles à devenir de bonnes mères et de bonnes épouses. Certes, cette différenciation des programmes  avait largement disparu à mon époque, mais il en restait cette séparation des sexes qui n’avait plus de réels fondements sinon celui du respect d'une certaine morale.

Cette séparation des sexes qui était de règle dans toute la société d’alors, posait un problème car il y avait une méconnaissance de l’autre sexe ; on le connaissait seulement grâce aux copains ou copines  de ses frères et sœurs ou grâce aux enfants du quartier. A cela s’ajoutaient les préjugés de l’époque, la fille devait jouer à la poupée, être coquette mais pas trop, sensible et sage, presque soumise ; le garçon devait avoir des activités viriles, faire du sport, du vélo, monter aux arbres... ces préjugés créaient des archétypes qui aboutissaient encore plus à méconnaître l’autre sexe en l'idéalisant.

Dans de telles conditions, les rencontres entre garçons et filles se faisaient quasiment subrepticement ; on voyait par exemple, les garçons des classes de fin d’études attendre les filles à la sortie de l’école et découvrir, sans qu’ils en soient guère avertis, les nouveaux sentiments qui s’amorçaient entre eux. Les relations entre garçons et filles se développaient véritablement ensuite, en particulier lors des bals populaires régulièrement organisés un peu partout. Dans cette perspective, il convient d’ajouter que la sexualité était un sujet tabou, les seules qui soient précocement averties étaient les filles : dès leurs premières règles, elles étaient instruites des risques encourus en cas de relations sexuelles avant le mariage. Les enfants découvraient leur puberté soit tout seul, soit avec les copains/copines qui se vantaient souvent d’exploits qu’ils n’avaient généralement pas commis.

À suivre.

dimanche 5 mars 2017

… SOUVENIRS DES ANNEES 1950-60 : l’école publique (2)


Suite de l’article précédent

Cette organisation de l’enseignement formait l’essentiel de la scolarité pour ce que l’on appelait « les classes populaires », classes auxquelles je suis fier d’appartenir. Bien peu de jeunes continuaient leurs études après l’école primaire même si la République  avait prévu des passerelles permettant aux enfants du peuple de continuer leurs études, je les décrirai plus loin. Certes, comme actuellement, à l’issue du CM2, il était possible d’entrer en 6ème. Un examen d’entrée en 6ème avait été instauré, puis supprimé en sorte que c’étaient les instituteurs qui, tablant sur les capacités de certains élèves, incitaient leurs parents à orienter vers des études secondaires. Dans la classe de CM2 où j’étais scolarisé, ce fut le cas seulement de deux élèves.

Cet état de fait était dû non au niveau faible des élèves mais beaucoup plus au refus des parents comme des jeunes eux-mêmes de continuer des études. À cette époque, il y avait du travail pour tous, les usines embauchaient dès l’âge de 14 ans des jeunes en tant que manœuvre, les patrons prenaient volontiers des apprentis...  Or dans les familles, il n’y avait généralement qu’un seul salaire, ce qui permettait certes de vivre convenablement mais il ne fallait commettre aucune dépense excessive ; Dans ces conditions, le travail des enfants, tant garçons que filles, permettait de disposer d’un surplus de recettes pour la famille qui n’était pas négligeable. De même, beaucoup de jeunes étaient content de quitter l’école et d’entrer dans le monde du travail. Les parents leur donnaient de l’argent de poche, ce qui permettait de sortir, d’aller au cinéma ou au bal. Tout cela explique que peu de jeunes des classes populaires continuaient leurs études au sortir de l’école primaire.

L’école primaire était essentiellement fréquentée par les enfants émanant des classes dites populaires ; on ne mélangeait pas en effet les classes sociales même si, comme je l’ai écrit plus haut, des passerelles avaient été établies afin de permettre aux enfants du peuple de continuer leurs études. Les autres enfants, filles et fils de bourgeois et de nantis fréquentaient d’autres types d’écoles qui les menaient directement au baccalauréat. Dans les villes, les écoles confessionnelles étaient nombreuses, elles assuraient l’enseignement depuis l’équivalent du cours préparatoire jusqu’en terminale. La terminologie des classes de ces écoles n’était pas la même que celle des écoles primaires, on commençait en 11e puis en 10e et ainsi de suite jusqu’à la terminale. Il existait aussi de tels cycles dans l’enseignement public.

Le refus des classes sociales aisées d’inscrire leurs enfants à l’école primaire tenait non seulement au fait que l’on ne mélangeait pas les classes sociales mais aussi que l’école primaire avait, chez ces gens-là, une connotation détestable selon eux de laïcité exclusive empreinte de communisme. Pour ma part, comme pour mes condisciples, cela ne nous gênait pas : dans l’école de mon quartier,  la laïcité était plutôt tolérante tout comme l’était d’ailleurs  l’enseignement dispensé par le curé. Le seul moment pendant lequel pouvait s’élever une contestation se produisait lors de la retraite de communion car l’instituteur voyait fondre une grande partie de ses effectifs mais, dans ma paroisse, le curé s’efforçait de gêner le moins possible le déroulement de la scolarité.

En y réfléchissant après-coup, je ne peux que constater à quel point cette école à deux vitesses était un système théoriquement  détestable au niveau de l’égalité des droits : on cantonnait les classes populaires à rester à leur niveau tandis que les nantis pouvaient aspirer dès leur enfance à de hautes fonctions. Dans cette perspective, le  système scolaire perpétuait la division sociale et, selon l’interprétation marxiste, maintenait l’inégalité des classes et, en conséquence l’exploitation du prolétariat par le système capitaliste.  Cette situation était le fait des classes dirigeantes, il y eut cependant de timides évolutions à mon époque du fait de l’évolution de la société avec création de ces passerelles que j’évoquerai en terminant ce chapitre.

A suivre...

vendredi 3 mars 2017

…SOUVENIRS DES ANNÉES 1950-60 : l’école publique (1)

Cet ensemble d’articles sur l’école  fait suite au chapitre concernant  l’encadrement religieux de la société préalablement publié et provient du même auteur.

En ce qui me concerne, je ne pourrai évoquer ici que mes souvenirs de l’école primaire publique car c’est la seule que je connaisse vraiment. Il y avait cependant d’autres systèmes scolaires que j’évoquerai ultérieurement.

À cette époque, l’école primaire publique était le moyen par excellence de l’apprentissage pour les enfants de classes populaires ; elle avait pour but non seulement de leur permettre d’apprendre à lire, à écrire et à compter mais aussi à bien se comporter, à connaître l’histoire et la géographie du pays et à acquérir des notions de base dans les domaines des sciences, de la littérature et de la culture ; elle enseignait aussi des valeurs morales comme le respect des lois,  des règles de la vie en société et donnait aux jeunes le sens du travail et de la citoyenneté.

L’école primaire constituait un tout, elle était divisée en trois cycles une fois passée la classe préparatoire où, comme actuellement, on apprenait à lire, écrire et compter : le cours élémentaire pendant deux ans, le cours moyen pendant aussi deux ans et enfin, le cours de fin d’études de deux ou trois ans selon les cas. On entrait au cours préparatoire à l’âge de 6ans après l’école maternelle et, si on suivait le cursus normal sans anicroches de parcours, on accédait à la dernière classe de fin d’études a 13 ans, ce qui obligeait certains, nés en fin d’année, à refaire une année supplémentaire afin d’atteindre la fin de la  scolarité obligatoire fixée à l’âge de 14 ans.

A quatorze ans, on passait le certificat d’études primaires ; l’obtention de cet examen revêtait une grande importance tant pour le jeune que pour ses parents. Elle était la concrétisation du niveau obtenu et manifestait la réussite scolaire. Ceux qui avaient obtenu ce certificat en étaient particulièrement fiers ; généralement, les parents offraient une montre à leur enfant pour le récompenser mais aussi pour lui permettre d’être à l’heure au travail.

Le certificat d’études était un sésame permettant d’entrer avec honneur dans la vie active ;  certes, ceux qui n’avaient pas obtenu cet examen entraient dans la vie active comme les autres, mais ils avaient un peu honte  d’avouer qu’ils avaient échoué.